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Contrat d’armement record entre les États-Unis et Israël : un avertissement pour l’Iran

L’annonce de cet « accord du siècle » ne pouvait pas tomber à un meilleur moment pour Israël. Les Etats-Unis fourniront à l’Etat hébreu des armes d’une valeur de 20 milliards de dollars, alors que l’Iran menace de tirer des salves de missiles et de drones suicides contre Israël en représailles à l’assassinat, le 31 juillet, d’Ismaïl Haniyeh, le leader politique du Hamas, en plein cœur de Téhéran. Les Etats-Unis n’ont jamais accepté de conclure un contrat d’une telle somme.

Les Américains fourniront ainsi 50 avions F-15 d’un nouveau modèle produit par Boeing, qui seront livrés d’ici quatre à cinq ans et, dans l’immédiat, des obus de char, des mortiers explosifs, des véhicules militaires, des missiles air-air. Bref, de quoi permettre à Israël de se défendre, voire d’attaquer.

Les contribuables américains

Détail important : la majorité de ces livraisons seront en fait financées par le contribuable américain. Israël reçoit en effet chaque année une aide militaire de 3,8 milliards de dollars, à laquelle il faut ajouter une contribution exceptionnelle accordée à la suite du déclenchement le 7 octobre de la guerre dans la bande de Gaza provoquée par des massacres du Hamas dans le sud d’Israël, de 14,1 milliards de dollars, dont une première tranche d’environ 3,5 milliards a été débloquée ces derniers jours.

« Il s’agit d’un message de soutien et d’engagement envers la sécurité d’Israël », a déclaré Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense. Selon lui, ces armes devraient permettre au pays de « maintenir son avantage militaire qualitatif à un moment où nous défendons Israël sur sept fronts différents ». Il faisait référence à Gaza, à la Cisjordanie contre le Hamas, au Liban contre le Hezbollah, à l’Iran, au Yémen avec les Houthis, à la Syrie et à l’Irak contre les milices chiites pro-iraniennes.

« Menaces ennemies »

Le département d’Etat américain, sur la même longueur d’onde, a souligné que ces livraisons « renforceront les capacités aériennes d’Israël pour faire face aux menaces ennemies actuelles et futures ». Plus explicitement encore, le département d’Etat a souligné que les missiles air-air permettront à Israël de mieux se défendre contre « des salves de missiles et de drones comme celles tirées le 14 avril ». L’allusion vise directement l’Iran, qui a tiré à cette date 350 de ces engins vers le territoire israélien. La quasi-totalité des missiles et drones avaient été interceptés et détruits en vol par les systèmes de défense aérienne israéliens, ainsi que par des avions et navires américains, britanniques et français déployés dans le Golfe.

En privé, les responsables israéliens ne cachent pas leur soulagement. Malgré les tensions entre Benjamin Netanyahu et Joe Biden, les Américains, qui fournissent plus des trois quarts des équipements militaires importés par Israël, n’ont pas utilisé la livraison d’armes comme moyen de pression pour obtenir des concessions du Premier ministre israélien.

Alerte à la bombe

En mai, les Etats-Unis ont toutefois suscité l’inquiétude en gelant la fourniture de 3 500 bombes à haut rendement, de peur qu’elles ne fassent de nombreuses victimes civiles palestiniennes lorsque l’armée israélienne a lancé son assaut sur Rafah, une ville frontalière avec l’Egypte, dans le sud de la bande de Gaza, où plus d’un million de Palestiniens avaient fui les combats. Benjamin Netanyahu a alors lancé une campagne médiatique contre ce qu’il considérait comme une sanction de Joe Biden.

Finalement, le mois dernier, il a obtenu une partie de sa satisfaction. La moitié des bombes sera livrée à Tsahal, tandis que la coordination entre Tsahal et les forces américaines présentes dans la région a été renforcée face à l’Iran.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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