La traditionnelle période de soldes débutera ce mercredi 26 juin, pour quatre semaines de promotion. L’information vous a peut-être échappé, puisque cette date s’inscrit en plein dans l’actualité politique des élections législatives, un contexte qui occupe beaucoup l’esprit des consommateurs et laisse moins de place à l’aspect plaisir et à l’envie d’acheter des vêtements.
« Il y a une incertitude parmi les Français sur l’avenir politique et ses conséquences : y aura-t-il plus ou moins d’impôts ? Comment se déroulera mon travail ? On peut penser, par exemple, à de nombreux fonctionnaires qui dépendent du gouvernement. Cette incertitude, quel que soit le parti, conduit à une volonté de ne pas consommer de produits non essentiels et/ou chers pendant cette période », a déclaré Yann Rivoallan, vice-président du Syndicat français des industries de la mode et de l’habillement. vêtements (UFIMH).
Promotions intéressantes après le 7 juillet
Cette actualité politique pourrait avoir un impact sur les démarques. Certains commerçants seront tentés d’attendre le second tour des élections législatives pour procéder à des démarques très fortes, après le 7 juillet, où l’actualité politique sera moins présente. « D’autres joueront la carte des démarques importantes dès le premier jour pour capter les premiers clients et donc les premières ventes », analyse Yann Rivoallan.
Météo défavorable pour faire du shopping
La météo est un autre facteur qui devrait influencer les prix cette année. La météo particulièrement maussade que connaît la France depuis plusieurs semaines ne joue pas en faveur des commerçants, qui ont accumulé beaucoup de stocks et vendu relativement peu d’articles d’été. Les clients sont plus tentés par les bottes de pluie que par les sandales et le maillot de bain. Les magasins peuvent donc être tentés de démarrer les soldes avec des promotions fortes, dans l’espoir de vendre le plus de marchandises possible. « En revanche, l’ensoleillement annoncé pour le début de semaine et le lancement des soldes pourraient être positifs pour les ventes, cela a un réel impact sur l’acte d’achat », ajoute le vice-président de l’UFIMH.
Concurrence des ventes privées
Certains clients n’ont pas attendu les soldes pour faire de bonnes affaires. Les ventes privées, lancées par une grande majorité de marques depuis plusieurs années, participent au chiffre d’affaires des ventes. « Durant cette période, les pourcentages de réduction sont un peu moins importants que les soldes, ils sont similaires à ceux constatés au premier jour des soldes », indique le spécialiste du prêt-à-porter. Vous pourrez trouver des articles à 40 voire 50% de leur prix initial, mais pas au-delà, lorsque les promotions peuvent monter jusqu’à -70% et même 80% lors des soldes.
Adapter les ventes à nos modes de consommation
Les ventes sont également malmenées par la mode ultra rapide et les plateformes comme Shein ou Temu, qui proposent des prix très attractifs et des promotions quotidiennes. « Pour le consommateur, le vrai prix n’existe plus. Elle est inondée de publicité pour des t-shirts à trois euros», déplore Yann Rivoallan.
Un constat également renforcé par l’achat d’occasion, qui ne cesse de gagner des adeptes, puisque le consommateur a la possibilité de négocier le prix. Un phénomène qui n’est pas nouveau. « L’apparition de sites comme celui de « Ventesprivees.com » (aujourd’hui Veepee) en 2004 a clairement changé la donne. La notion de prix et la valeur de la mode sont des choses qui se sont dégradées. Nous devons être capables de réengager le consommateur dans un achat éthique et durable. C’est déjà un travail que font de nombreuses marques, comme Maje, Patagonia ou Saint James. Plus généralement, le sujet des soldes et des démarques doit être revu dans ce contexte de consommation qui a évolué », ajoute-t-il. Cette période reste cependant cruciale pour les commerçants, qui comptent sur ces promotions pour booster leur chiffre d’affaires. Ils seront tentés de baisser les prix, certains après le 7 juillet, pour attirer la clientèle et écouler leur stock avant la rentrée.
Et si les ventes s’adaptaient au changement climatique ?
Depuis plusieurs années, il est plus courant d’assister à un été indien qu’à un printemps ensoleillé. Yann Rivoallan se pose donc la question de décaler les soldes d’été pour s’adapter au changement climatique et écouler les stocks à l’heure où les beaux jours se font encore sentir. « C’est un sujet que je souhaite aborder non seulement auprès des pouvoirs publics mais aussi auprès de toutes les autres fédérations. Il faut consulter tous les acteurs, petits commerçants comme grands magasins. Faut-il supprimer les soldes parce que c’est une pratique démodée ou faut-il les remettre dans une autre période ? Toutes les portes sont ouvertes», demande-t-il.