Conseil d’une diététicienne-nutritionniste béarnaise : « Manger du poisson est-il nocif pour notre santé ? »
Le mercure se retrouve dans l’atmosphère suite à des phénomènes naturels (incendies de forêts, éruptions volcaniques) ou via l’action humaine (brûlure du charbon, produits de consommation : piles, thermomètres, etc.). Ce métal retombe dans les océans où il sera transformé par des bactéries en méthylmercure, un dérivé encore plus toxique. Le thon est un prédateur bioaccumulateur, ce qui signifie qu’au cours de sa vie il ingère d’autres poissons, eux-mêmes contaminés par le mercure, et finit par accumuler ce métal toxique. L’homme est au sommet de cette chaîne alimentaire. En mangeant du poisson, nous ingérons également tous les polluants qu’il a pu stocker. Il existe d’autres sources d’intoxication au mercure : certains amalgames dentaires, tabac, lieu de vie (proximité d’un site industriel), certaines professions, consommation de compléments alimentaires de mauvaise qualité (oméga 3, collagène).
Les effets nocifs du mercure
Le mercure est un neurotoxique. Comme tous les polluants, il est principalement stocké dans les tissus adipeux : les cellules adipeuses et le système nerveux central dont fait partie le cerveau. Il provoque des troubles dits cognitifs tels que des picotements, des problèmes de vision, d’odorat, d’élocution, de sommeil, de mémoire, mais aussi une fatigue importante ou des douleurs musculaires. L’exposition du fœtus ou des jeunes enfants au mercure peut avoir des effets sur le développement du système nerveux, de la parole, de la motricité et de l’apprentissage, ainsi que des malformations. L’organisme est capable d’éliminer le mercure du sang petit à petit à condition de répondre à certains critères comme un taux suffisamment élevé de sélénium et de glutathion. En revanche, le mercure qui a franchi la barrière hémato-encéphalique, c’est-à-dire qui se trouve dans notre cerveau, peut rester pendant des décennies et augmenter le risque de maladies neurodégénératives à long terme, dont la maladie d’Alzheimer.
Poissons à éviter et à privilégier
Le poisson est un aliment aux nombreux bienfaits pour la santé. Riches en protéines, ils contiennent des micronutriments intéressants : vitamines A, D et E, des minéraux comme l’iode, le sélénium et le zinc mais aussi les fameux oméga 3. Aussi, leur consommation doit rester régulière en prenant quelques précautions :
– les poissons prédateurs comme le thon, l’espadon, le requin, le brochet et la lamproie doivent être consommés rarement (une fois/mois).
– Varier les espèces de poissons
– Consommer des poissons blancs plutôt maigres comme le merlu, le lieu noir, la sole, la truite et les petits poissons gras comme les sardines, le maquereau, le hareng et les anchois. Ceux-ci se situent au début de la chaîne alimentaire. Bien que gras, ils possèdent des taux de métaux lourds bien inférieurs à ceux des prédateurs et font la part belle aux oméga 3.
– Évitez certaines zones de pêche. La mer Baltique – une mer presque fermée – est particulièrement contaminée par des métaux lourds en raison des innombrables carcasses de la flotte soviétique. Tous les poissons pêchés ou élevés dans cette mer sont à éviter, y compris le saumon norvégien !
– Par mesure de précaution, je recommande aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux jeunes enfants (avant 2 ans) de ne consommer aucun poisson gras (petit ou gros). Ces populations peuvent toutefois se supplémenter en oméga 3 et en iode après consultation d’un professionnel de santé.
Anaïs Taqourt est diététiste nutritionniste à Morlaàs. Tel. : 06 83 65 52 09 Site Internet : www.dieteticiennenutritionniste-pau.fr Page Facebook « Anais Taqourt ».