Connaissez-vous le globicéphale, l’une des seules espèces animales à connaître la ménopause ?

Un triangle de peau noire qui scintille au soleil. Parfois, c’est la seule chose que l’on voit de l’animal. Mais c’est une nageoire qui en dit long. En plus de confirmer que son propriétaire est bien un globicéphale, cette nageoire dorsale, qui s’arrondit avec l’âge, permet de reconnaître certains individus. Un peu comme une photo d’identité.

« Comme les empreintes digitales humaines, chaque nageoire est unique », explique le biologiste marin Matt Oscar Juris, dont les photos prises au téléobjectif font partie d’un journal d’identification de l’animal.

Entailles, cicatrices, parasites… Pour ceux qui les observent régulièrement, ces signes distinctifs finissent par devenir familiers. Et comme la majorité des globicéphales de Tenerife sont résidents à l’année, ils permettent de mettre un nom, en plus d’un numéro, sur certains des 350 individus. « Quand on croise des nageoires en mer, on a parfois l’impression de retrouver une vieille connaissance ! », s’amuse Matt.

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Nomades par nature, sédentaires par opportunisme

Il existe 700 000 individus dans le monde, mais la plupart n’ont pas de territoire fixe et évoluent en bordure du plateau océanique, dans les eaux tropicales et subtropicales des océans Pacifique, Atlantique et Indien. Lorsque les stocks de nourriture sont stables, ils peuvent cependant s’installer durablement, comme à Hawaï, aux Antilles, en Polynésie… et aux Canaries.

Le pouvoir de la ménopause

Chez les globicéphales, les femelles ne peuvent plus se reproduire après 40 ans. Cela fait de cette espèce l’une des cinq du monde animal à connaître la ménopause (avec l’orque, le narval, le béluga… et l’homme). Les « grands-mères » vivront jusqu’à 60 ans (20 de plus que les mâles), tout en conservant un rôle majeur dans la vie du groupe.

Très sociables entre eux et même avec d’autres espèces

Dans un groupe (unité familiale de base), peuvent vivre de 15 à 30 globicéphales d’âges et de sexes différents. Les liens étroits de solidarité entre les membres de ces groupes expliqueraient les cas d’échouages ​​massifs. L’animal s’associe aussi volontiers avec d’autres espèces : baleines, otaries, thons et surtout autres dauphins.

Tanguy des mers et super tatas

L’âge moyen du sevrage des juvéniles est de 24 mois, mais les jeunes continuent parfois à téter jusqu’à l’âge de 5 ans. Les femelles ont un petit tous les trois à cinq ans. Et peuvent s’occuper de leur dernier rejeton jusqu’à l’âge de 15 ans ! Les jeunes du groupe sont élevés et même allaités collectivement par les femelles du groupe.

Une bonne oreille et un registre sonore varié

La gamme d’audition de l’animal (de 10 Hz à 120 kHz) est bien plus large que celle de l’homme (de 20 Hz à 20 kHz). Le globicéphale émet toute une gamme de sons pour communiquer avec ses congénères : sifflements, gazouillis, grognements, voire meuglements (qui lui ont valu le surnom de « beefish » aux Açores). Ainsi que des clics, des signaux courts à large bande, utilisés pour l’écholocalisation.

Obsédé par les calmars

Un adulte peut manger jusqu’à 45 kilos de calmars par jour. Teutophage, l’animal s’est spécialisé dans la chasse à ces proies, qu’il peut atteindre en plongeant jusqu’à 800 m de profondeur, dans l’obscurité totale, grâce à l’écholocation permise par le globe de sa tête (appelé « melon »).

➤ Article publié dans le mRevue GEO HS n°122Départ, août-septembre 2024.

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