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Conflits territoriaux : le porte-avions chinois CNS Shandong navigue près des Philippines

Les marins préférant les évolutions aux révolutions en matière d’innovation navale, l’amiral américain Arleigh Burke, qui a donné son nom à une classe de destroyers de la marine américaine, pensait que les navires modernes avaient besoin d’une « brassée de coutelas ». Il ne savait probablement pas mieux…

Le 17 juin, à proximité de l’atoll Second Thomas, gardé par un détachement de l’infanterie de marine philippine stationnée à bord du BRP Sierra Madre, des garde-côtes chinois ont perturbé une mission de ravitaillement avec… des couteaux. Un marin philippin a perdu un pouce dans l’incident.

Pour rappel, situé en mer de Chine méridionale, l’atoll de Second Thomas fait l’objet d’un bras de fer entre Manille et Pékin, qui en revendique la souveraineté. Cela a donné lieu à de vives tensions, marquées par des incidents et des escarmouches. Toutefois, le 2 juillet, les deux pays ont convenu d’apaiser la situation.

« Les deux parties ont discuté de leurs positions respectives concernant l’atoll de Second Thomas et se sont engagées à une désescalade des tensions, sans préjudice de leurs positions respectives », a indiqué la diplomatie philippine, après une réunion à Manille entre les vice-ministres des Affaires étrangères des deux pays, le 2 juillet.

Mais Pékin lorgne aussi d’autres îles appartenant aux Philippines. Ainsi, le 16 juin, un navire d’assaut amphibie Type 075, d’un déplacement de 35 000 à 40 000 tonnes et capable d’emporter une trentaine d’hélicoptères et au moins un (gros) bataillon d’infanterie de marine, a été repéré près de Sabina Shoal, qui se situe dans la zone économique exclusive (ZEE) des Philippines. En 2021, les garde-côtes philippins ont été contraints d’intervenir pour déloger sept navires de la milice maritime chinoise qui y avaient jeté l’ancre.

Mais la composante navale de l’Armée populaire de libération (APL) ne s’est visiblement pas arrêtée là. Alors que les diplomates discutaient de la nécessité d’apaiser les tensions entre Manille et Pékin, un groupe aéronaval formé autour du porte-avions CNS Shandong a été repéré, grâce à des images satellite, à environ 230 milles nautiques au large de Luzon, la plus grande île de l’archipel philippin qui a récemment accueilli l’exercice militaire international « Balikatan » (auquel a participé la frégate de surveillance française Vendémiaire).

L’état-major interarmées philippin a déclaré avoir connaissance de la présence du CNS Shandong dans la ZEE de l’archipel, ainsi que de celle du cotre de 12 000 tonnes CG5901 des garde-côtes chinois. Leurs « activités sont autorisées par le droit international, soit par la liberté de navigation, soit par le droit de passage inoffensif », a déclaré le porte-parole de la marine philippine, le contre-amiral Roy Vincent Trinidad. « Soyez assurés que nous continuerons à surveiller la vaste étendue de notre domaine maritime », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse le 2 juillet.

Parallèlement, d’autres navires de guerre chinois ont été repérés dans la ZEE japonaise. Le destroyer CNS Kaifeng et la frégate CNS Yantai ont été repérés à 50 milles nautiques au sud de Tsushima les 28 et 29 juin. Puis, deux jours plus tard, ils ont transité par le détroit de Tsugaru, entre les îles de Honshu et Hokkaido, puis sont entrés dans l’océan Pacifique. Un navire de « surveillance », appartenant à la classe Dongdiao Tianshuxing, a navigué entre l’île de Miyako et Okinawa pour rejoindre la mer des Philippines.

Quant au porte-avions CNS Shandong, on pourrait considérer que le fait qu’il ait été repéré à 230 milles nautiques de Luzon n’est pas un problème… Mais ce serait oublier qu’il déploie des avions embarqués, comme le chasseur J-15, qui a une autonomie de 3 500 km. Les analystes militaires chinois ne s’y sont pas trompés, comme le rapporte le Global Times, un quotidien aligné sur les vues du Parti communiste chinois (PCC).

« En réponse aux provocations déraisonnables des Philippines (sic), ces forces deviendront naturellement un moyen de dissuasion, car l’armée chinoise défendra résolument la souveraineté territoriale et les droits maritimes de la Chine », a déclaré Zhang Junshe, expert en affaires militaires.

Photo : CNS Shandong – Ministère de la Défense de Taïwan / archives

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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