Condamnation internationale après l’attaque d’un village palestinien par des colons juifs

L’attaque meurtrière de colons juifs contre une ville palestinienne a suscité l’indignation de la communauté internationale. L’ONU met directement en cause la « responsabilité » de l’Etat israélien, qui poursuit sa politique de colonisation en Cisjordanie.

Réactions unanimes. Les violences meurtrières perpétrées jeudi 15 août par des colons juifs en Cisjordanie occupée ont suscité une vague de condamnations internationales.

L’ONU a qualifié vendredi d' »horrible » l’attaque survenue dans le village palestinien de Jit, au cours de laquelle une personne a été tuée et une autre grièvement blessée. Lors d’une conférence de presse à Genève, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani, a pointé du doigt la « responsabilité » des autorités israéliennes dans cette tragédie.

« Il y a des rapports selon lesquels les forces de sécurité israéliennes se tiennent prêtes à intervenir pendant les attaques », a-t-elle déclaré. « Il y a même des rapports sur la distribution d’armes aux colons. Il y a donc clairement une responsabilité de l’État à cet égard », a déclaré Shamdasani.

« Ce qui est frappant (…) c’est que le meurtre d’hier à Jit n’est pas une attaque isolée et qu’il est la conséquence directe de la politique de colonisation d’Israël en Cisjordanie », a-t-elle insisté, soulignant « l’impunité dont jouissent les auteurs de violations aussi graves » des droits de l’homme.

La violence est «inacceptable» pour la Maison Blanche

La Maison Blanche a qualifié ces violences d' »inacceptables » dans un communiqué publié jeudi par un porte-parole du Conseil de sécurité nationale, un organe rattaché à la présidence. Le porte-parole a également exhorté les autorités israéliennes à prendre les mesures nécessaires pour « protéger toutes les communautés ». « Cela comprend une intervention pour mettre fin à ces violences et la traduction en justice des auteurs », a-t-il ajouté.

En France, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères a lui aussi jugé l’attaque « inacceptable » lors d’une réunion à Jérusalem ce vendredi avec ses homologues israélien et britannique.

« Tout acte qui déstabiliserait un processus de négociation et de conclusion d’un accord, notamment sur le cessez-le-feu » entre Israël et le Hamas à Gaza actuellement négocié par des médiateurs américains, égyptiens et qataris, « est inacceptable et encore plus inacceptable dans cette période que nous vivons », a insisté Stéphane Séjourné.

Son homologue allemand a également condamné l’attaque, appelant Israël à prendre des mesures contre les colons extrémistes. « Les Palestiniens ont le droit de vivre en sécurité. Israël a l’obligation de protéger les Palestiniens en Cisjordanie, de mettre un terme à ces attaques et de poursuivre les auteurs. Il ne doit y avoir aucune impunité pour de tels actes de violence », a indiqué le ministère allemand des Affaires étrangères sur son compte X.

L’UE veut des sanctions

Au niveau européen, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé vendredi son intention de proposer des sanctions contre des responsables israéliens en réponse aux attaques des colons juifs en Cisjordanie occupée « en toute impunité ».

« Le gouvernement israélien doit immédiatement mettre un terme à ces actes inacceptables », a déclaré Josep Borrell sur X. « Je confirme mon intention de mettre sur la table une proposition de sanctions de l’UE contre ceux qui rendent possibles les actes de ces colons violents, y compris certains membres du gouvernement israélien », a-t-il déclaré.

Le président israélien dénonce un « pogrom »

Les autorités israéliennes ont fermement condamné l’attaque. Le président israélien Isaac Herzog a dénoncé un « pogrom » et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré jeudi qu’il prenait « au sérieux les émeutes qui ont eu lieu ce soir dans le village de Jit ». Un communiqué de son bureau a assuré que « les responsables de tout acte criminel seront arrêtés et poursuivis ».

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich, membre d’un parti d’extrême droite allié à Benjamin Netanyahu et fervent partisan des colonies de Cisjordanie, a déclaré que les attaques n’étaient « en aucun cas liées à la colonie et aux colons ». « Ce sont des criminels qui doivent être traités par les forces de l’ordre avec toute la sévérité de la loi », a-t-il écrit sur X jeudi.

Du côté palestinien, le ministère des Affaires étrangères a déclaré dans un communiqué cité par Al Jazeera que « l’attaque armée collective » équivalait à du « terrorisme d’État organisé ».

L’armée israélienne a indiqué que des « dizaines de civils israéliens, certains masqués », sont entrés jeudi à Jit, à l’ouest de la ville palestinienne de Naplouse, et ont « mis le feu à des véhicules et à des installations, lancé des pierres et des cocktails Molotov ». L’attaque a fait un mort « sous les tirs des colons » et un autre grièvement blessé, selon le ministère palestinien de la Santé.