Concarneau salue le départ d’un pionnier des transports verts

L’Anemos a fait retentir sa corne de brume ce samedi pour se frayer un chemin dans le chenal du port de Concarneau. Sous le regard de dizaines de spectateurs, le grand cargo à voile de la compagnie maritime Towt a largué les amarres au lendemain de sa livraison par les chantiers Piriou. Après deux ans de construction, en Roumanie pour la coque puis à Concarneau, le voilier de 81 mètres de long, véritable concentré de technologie, a mis le cap sur son port d’attache, Le Havre, où il est attendu en début de semaine.

Un moment d’émotion pour Diana Mesa et Guillaume Le Grand, les cofondateurs, à Douarnenez, de l’entreprise, respectivement directrice générale et président de Towt. « Le plus fort, c’est surtout de voir cette émotion dans les yeux des gens venus assister au départ », sourit le président de la compagnie maritime.

Transports décarbonés

Sur le pont du navire, rien ne distingue l’Anemos de tout autre cargo moderne, si ce n’est la console permettant de déployer les voiles portées par deux immenses mâts de 52 mètres de haut, puis de les régler ou de les choquer. Des voiles que les bateaux partis accompagner le cargo n’auront pas vues ce samedi. Et pas seulement à cause de la pluie de ce samedi après-midi.

L’Anemos aura dû attendre d’être à la pointe ouest de la Bretagne pour profiter de vents favorables, faire taire ses deux moteurs de propulsion hybride diesel-électrique et naviguer comme il le fera lors de ses transatlantiques : onze rotations prévues chaque année d’avril à octobre vers New York et le reste de l’année sur la route du café grâce aux alizés. Des navigations décarbonées avec une autonomie énergétique quasi totale.

Cognac, champagne et café

Sous le pont, les six cales sont encore vides. Dès mercredi, au Havre, elles recevront un premier chargement de 1 200 tonnes. « Du cognac et du champagne, mais aussi de la chartreuse, des confitures, des cosmétiques et des vêtements », confie Guillaume Le Grand.

Après sa première escale aux Etats-Unis, le navire construit par les chantiers Piriou rejoindra fin août Santa Marta en Colombie pour charger du café dans des cales particulièrement adaptées à ce type de cargaison. L’Anemos est attendu mi-septembre au Havre pour recharger, bientôt rejoint par l’Artemis, livré dans quelques jours par les chantiers Piriou au Vietnam. Les six autres cargos dont la commande a été annoncée en avril dernier suivront en 2026 et 2027.

Les passagers de la fin d’année

Naviguant sous pavillon du Registre International Français pour répondre aux exigences de « qualité du travail à bord », l’Anemos ne transportera pas que des marchandises.

Ses sept membres d’équipage accueilleront également leurs premiers passagers à la fin de l’année. Les six cabines doubles à bord équipées de toiles anti-gite sont une invitation à une traversée de l’Atlantique décarbonée. Towt mise sur une clientèle qui ne veut plus prendre l’avion et veut s’offrir ce moment, tout en embarquant à bord d’un navire innovant destiné à écrire une nouvelle page de l’histoire de la marine marchande.