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« Comprenez-vous le français ? » : échange tendu entre Éric Ciotti et Patrick Cohen sur le livre de Jordan Bardella

«  Tu es assez loin de la réalité », a commenté l’éditorialiste, après avoir écouté Éric Ciotti expliquer que les syndicats de la SNCF « imposent leur diktat », tandis que la société Médiatransports, qui a décidé d’annuler la campagne du livre de Jordan Bardella dans les gares, appartient au groupe Publicis.

« Il ne s’agit pas d’être d’accord », explique Patrick Cohen

«  C’est toi qui es assez loin de la réalitéa rétorqué l’ancien président des Républicains. Il y a ce diktat des syndicats d’extrême gauche qui est dangereux pour la démocratie », avant d’être interrompu par Anne-Élisabeth Lemoine. «  Ce n’est pas une règle inventée pour Jordan Bardella, vous êtes d’accord ? », a demandé le présentateur de « C à vous ». «  Je le crois, je crois que c’est une décision ad hominem », a juré Éric Ciotti, ce qui a provoqué une vive réaction sur le plateau.

Patrick Cohen l’a cité « article 8 des conditions générales de vente des contrats Médiatransport » mais Éric Ciotti ne voulait rien entendre. «  Je crois qu’interdire la publicité d’un livre parce qu’on ne partage pas les convictions de son auteur… », a-t-il commencé sans terminer sa phrase, avant de s’adresser à Patrick Cohen. «  Je ne comprends pas que pour un homme comme toi, attaché aux libertés, j’allais dire un homme de gauche mais je ne sais pas ce que tu penses cependant. Mais défendre cette interdiction me choque quand même. »

«  C’est inclus dans les conditions de vente de l’entreprise, Monsieur Ciotti ! Pouvez-vous m’entendre? Ceci est inclus dans les conditions contractuelles. Comprenez-vous le français ? Ce n’est pas une question d’accord, c’est une question de fait. Pouvons-nous être d’accord sur un fait ? »

Une campagne finalement interdite

Tandis qu’Eric Ciotti lui dit qu’il y a « des marges d’interprétation qui peuvent profiter à d’autres », Patrick Cohen lui demande de donner des noms. «  Si M. Mélenchon avait écrit un livre, on aurait vu sa tête dans toutes les gares », a assuré le député des Alpes-Maritimes. «  C’est absurde, c’est ridicule », a murmuré Patrick Cohen, avant qu’Anne-Élisabeth Lemoine ne décide de clôturer la séquence.

Le livre de Jordan Bardella n’aura finalement pas droit à sa campagne publicitaire dans les gares, au nom de « principe de neutralité » Quelles affiches doivent respecter dans les gares, a annoncé lundi l’agence de publicité Mediatransports.

La couverture du livre, qui mêle éléments autobiographiques et réflexions politiques, intitulé « Ce que je cherche », aurait théoriquement dû être affichée sur près de 500 panneaux publicitaires dès fin novembre dans plusieurs stations de France.

Une vague d’indignation à la mi-octobre

«  Tant la SNCF, dans l’exercice de sa mission de service public, que Mediatransports dans l’opération publicitaire réalisée dans les gares, doivent respecter le principe de neutralité, notamment politique. », a justifié Mediatransport.

«  La promotion du travail d’un homme politique en exercice, président d’un parti, viole ce principe de neutralité et ne peut donc être acceptée dans nos espaces. », a-t-elle ajouté.

Mi-octobre, la nouvelle de cette campagne avait suscité une vague d’indignation parmi certains syndicats ferroviaires et certains députés LFI.

A l’époque, Mediatransports, qui exploite les panneaux publicitaires pour le compte de la RATP et de Gares et Connexions (filiale de la SNCF), s’était défendue en arguant qu’elle n’avait pas encore connaissance du livre pour lequel la maison d’édition Fayard avait commandé ce campagne publicitaire.

Une campagne de communication sur les chaînes du groupe Bolloré

L’agence avait annoncé qu’elle se réservait le droit de le refuser si le visuel – dont elle n’avait pas connaissance à l’époque – contrevenait à ses règles de neutralité. Lundi, elle a donc jugé que l’affiche – un portrait de Jordan Bardella barré du titre « Ce que je cherche » – ne remplissait pas les conditions nécessaires à sa diffusion.

La sortie du livre, qui sera tiré à 155 000 exemplaires, doit s’accompagner d’un plan de communication intense sur les chaînes du groupe Bolloré, également propriétaire des éditions Fayard.

Le livre, dont la sortie est prévue le 9 novembre, marque aussi le retour médiatique de Jordan Bardella, très discret depuis la défaite de son camp aux législatives.

Lundi dernier, il a accordé sa première interview depuis des semaines à la matinale de CNews et d’Europe 1, au lendemain d’un article dans le JDDles trois fleurons de l’empire médiatique de Vincent Bolloré.

Cammile Bussière

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