COMPRENDRE TOUT. Comment évoluera votre facture d’électricité en 2025 selon votre contrat ?
Les quelque 30 millions de clients abonnés à l’électricité ne verront pas la hausse de la TICFE au 1er février se répercuter de la même manière sur leur facture selon l’offre à laquelle ils ont souscrit.
Une facture qui va baisser pour les uns, augmenter pour d’autres. Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, le gouvernement prévoit d’augmenter la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité. Abaissée à un niveau quasi nul (1 euro par MWh) pendant la crise énergétique afin de soulager les factures d’électricité des Français, la TICFE est déjà remontée à 21 euros par MWh en début d’année. Au 1er février 2025, la sortie définitive du bouclier tarifaire doit le ramener au niveau qu’il aurait dû être sans ce dispositif exceptionnel, soit 32 euros le MWh.
Mais le gouvernement compte profiter de la forte baisse des prix de l’électricité pour relever la TICFE bien au-delà de ce niveau. Lors de la présentation du texte jeudi dernier, Bercy a refusé de donner le montant de l’accise qui fera l’objet d’un décret en février « pour tenir compte de la forte incertitude sur les prix hors taxe qui durera jusqu’à fin décembre ». 2024′. Un cap a néanmoins été fixé afin de déterminer ce montant : il doit garantir une réduction de 9 % des factures pour les clients ayant opté pour une offre d’électricité au tarif régulé. Mais ce n’est pas le cas de tous les abonnés à l’électricité. BFM Business fait le point sur les conséquences de cette augmentation du TIFCE selon les différents types d’offres.
• Quelles sont les composantes du prix de détail de l’électricité ?
Qu’il s’agisse d’une offre de marché ou d’un tarif réglementé, le prix de vente hors taxe comprend des frais identiques pour tous les fournisseurs comme ceux relatifs à l’accès aux réseaux encore appelé TURPE pour « tarif d’utilisation du réseau public d’électricité ». Ce « tarif de réseau » est revu chaque année en août pour tenir compte de l’augmentation des coûts de transport pour le gestionnaire de distribution Enedis, qui sont payés par les fournisseurs et répercutés sur les consommateurs, particuliers et professionnels.
Il existe également des coûts variables sur lesquels les fournisseurs agissent pour différencier le prix de leur offre : il peut s’agir du coût de production ou de fourniture d’électricité, des coûts commerciaux ou encore de leur marge.
Enfin, les cotisations et taxes constituent la troisième brique de la facture d’électricité aux côtés du « tarif réseau » et du coût de l’électricité elle-même. Il y en a quatre. Tout d’abord, la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE) qui est perçue par les douanes et comprend désormais les taxes départementales et communales sur la consommation finale d’électricité. Il existe également la contribution tarifaire aux transports (CTA) qui « permet de financer les droits spécifiques relatifs à l’assurance vieillesse pour les personnels relevant du régime des industries électriques et gazières » comme l’explique sur le site de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). ). Enfin, la TVA s’applique à hauteur de 5,5% sur l’abonnement et le CTA et de 20% sur la part proportionnelle (incluant les accises sur l’électricité) pour une puissance souscrite inférieure ou égale à 36 kVA.
• Comment évolueront les factures des clients au tarif réglementé ?
Le tarif réglementé de vente d’électricité (TRVE) concerne plus de 20 millions de clients. Il est fixé par les pouvoirs publics après proposition de la CRE. Chaque année, elle est révisée deux fois : une première fois en début d’année via le montant de la TICFE (anciennement Contribution au service public de l’électricité) et une seconde fois en août via le tarif du kWh. Les tarifs réglementés de vente d’électricité sont proposés par des fournisseurs historiques : EDF qui la commercialise sur 95 % du territoire français à travers son tarif bleu, le tarif pointe/heure creuse ou l’offre Tempo ainsi qu’une centaine d’entreprises locales de distribution (ELD) qui correspondent aux 5% restants.
Selon la CRE, au 1er février 2024, la facture TRVE d’un client résidentiel finance la moitié de la fourniture d’électricité (54 %) et le réseau électrique 22 %. La TVA ne représente que 15% de la facture alors que la TICFE ne représente que 7% et la contribution tarifaire transport (CTA) 2%.
Alors que Bruno Le Maire promettait une réduction de 15 % des factures pour les clients TRVE, celle-ci sera finalement de 9 % en moyenne au 1er février. Par ailleurs, la part de la TICFE dans la facture de ces clients devrait dans le même temps augmenter significativement.
• Pourquoi les factures baissent-elles pour certaines offres de marché à prix indexés et pas pour d’autres ?
Des offres de marché à prix indexés sont apparues lors de l’ouverture du marché aux fournisseurs alternatifs et concurrents d’EDF en 2007. Certains proposent un prix du kilowattheure indexé sur l’évolution du tarif réglementé. A compter du 1er février, les clients ayant souscrit à une offre de marché avec un prix indexé sur les tarifs réglementés verront leur facture réduite dans la même proportion que ceux ayant opté pour le tarif réglementé, soit d’environ 9 %. Selon le ministère du Budget et des Comptes publics, 80 % des ménages au total bénéficient de tarifs réglementés.
Une partie des 20% restants ont choisi une offre de marché avec un prix indexé sur d’autres indices comme les marchés de gros (prix spot de la bourse européenne EPEX) ou le mécanisme Arenh (accès régulé à l’électricité historique du nucléaire) qui permet aux fournisseurs alternatifs de bénéficier d’un tarif préférentiel pour l’accès à l’électricité nucléaire d’EDF mais qui disparaîtra fin 2025.
Contrairement aux clients dont le contrat est directement ou indirectement lié au tarif réglementé, la facture de ces clients devrait augmenter au 1er février 2025.
• Qu’en est-il des clients des offres de marché à prix fixe ?
Des contrats d’électricité au forfait sont également apparus en 2007 pour les particuliers. A travers ces contrats, les fournisseurs s’engagent sur un prix du kilowattheure hors taxes inchangé pour une durée déterminée d’un à trois ans. Les particuliers ayant opté pour ce type d’offre ces dernières années ont déjà bénéficié de fortes baisses des prix du marché. Pour eux, la hausse de la TICFE se traduira cependant par une augmentation de leur facture puisque la partie prix de l’électricité ne change pas par définition.
« Les 20% (de clients) qui ont des tarifs non réglementés peuvent facilement basculer vers des tarifs réglementés », rappelle toutefois le ministère du Budget et des Comptes publics à l’AFP.