Comment une botte d’oignons verts est devenue le sujet central des élections en Corée du Sud
Les Coréens l’appellent « jjokpa ». Cet oignon vert est largement utilisé dans la cuisine traditionnelle de ce pays asiatique de 51 millions d’habitants. On l’utilise pour confectionner des bouillons ou des crêpes très populaires comme le pajeon. Ces dernières semaines, ce légume est également devenu l’un des événements les plus marquants de la campagne pour les élections législatives, qui se tiennent ce mercredi en Corée du Sud. De qui est-ce la faute ? Une grosse bourde du président conservateur Yoon Suk Yeol, qui se bat pour tenter de reprendre le contrôle du Parlement de son pays.
Le 18 mars, le président s’est ridiculisé en se rendant dans un magasin de fruits et légumes à Séoul pour voir le prix des denrées alimentaires. Comme dans de nombreux pays, la question de l’inflation alimentaire est au cœur des préoccupations des Coréens. Pour montrer sa détermination à lutter contre la hausse des prix, le président Yoon s’est emparé d’un bouquet d’oignons verts vendu 875 won, soit environ 60 centimes d’euro, estimant que le prix était « raisonnable ». Ce que le chef de l’Etat ne savait visiblement pas, c’est que le prix de la botte est normalement trois à quatre fois plus élevé qu’en magasin. Le magasin, alerté de la visite de Yoon, a baissé ses prix avant l’arrivée du président.
Cette séquence a provoqué à la fois la colère et les rires de la population, confirmant que son élu vivait déconnecté de la réalité. Une avalanche de « mèmes » a déferlé sur les réseaux sociaux. Et le bouquet d’oignons verts est devenu un symbole de l’opposition, notamment repris par la gauche comme un emblème de la lutte sociale, repoussant au second plan les thèmes classiques de l’économie ou des missiles nucléaires conçus par le voisin Kim Jong. Un en Corée du Nord. Un phénomène qui a même poussé la Commission électorale nationale (NEC) à interdire les oignons verts à proximité des bureaux de vote, craignant une « ingérence dans les élections ». En réponse, de nombreux électeurs ont imaginé des défilés, s’emparant de tout ce qui ressemblait au fameux légume pour aller voter.
Un sac à main Dior problématique
Ce n’est pas la première polémique à laquelle le président de 63 ans est confronté. Son épouse Kim Keon Hee a également été piégée par un pasteur de gauche qui l’a filmée en caméra cachée en 2022 alors qu’il lui offrait un luxueux sac à main Dior. Problème : Ce cadeau constitue une violation des règles interdisant aux dirigeants politiques et à leurs conjoints de recevoir des cadeaux d’une valeur supérieure à 750 $. Devenue virale en fin d’année, la vidéo a porté préjudice à la première dame de 51 ans. Au total, 44,2 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau parlement.
