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Comment Trump relance sa guerre commerciale et prépare le carnage social

Comment Trump relance sa guerre commerciale et prépare le carnage social

Robert Lighthizer partage un point commun avec Donald Trump. Comme le président élu, son ancien représentant commercial en est certain : les déficits commerciaux sont des signes de faiblesse. Le virilisme théâtralisé appliqué à l’économie a un remède : la guerre commerciale.

Robert Lighthizer, qui a fait ses armes auprès de l’ancien chef de l’Etat Ronald Reagan (1981-1989), pourrait retrouver son poste dans la future administration républicaine. Et entend élargir le spectre des barrières douanières en instaurant une surtaxe générale de 10 % sur toutes les importations mondiales, de 60 % ou plus sur tous les produits chinois, et un découplage quasi total avec Pékin.

Le risque de circuits fermés

La recette, également appliquée par Joe Biden, a-t-elle réussi à revigorer l’économie américaine ? Le récent conflit chez Boeing a illustré le malaise des travailleurs américains lié à la perte de pouvoir d’achat qu’ils connaissent depuis plus d’une décennie en raison d’un quasi gel de leurs salaires.

Largement appliquée à la Chine, dans le cadre de la rivalité stratégique avec la deuxième puissance mondiale, la méthode a aussi ses défauts. Dans ce cas, les droits de douane ne protègent pas les travailleurs américains, qui subiraient de plein fouet la concurrence déloyale des pays émergents dont les droits sociaux ne sont pas aussi avancés.

L’hypocrisie est en effet à son comble, alors que c’est justement le moins-disant social qui justifiait en son temps les délocalisations industrielles. Le développement d’une production souveraine dans les secteurs stratégiques est nécessaire mais la réindustrialisation en boucle fermée, qui prévaut dans le contexte de guerre tarifaire, est dans une impasse.

L’augmentation des droits de douane a à la fois entraîné une hausse des prix des intrants et des prix à la consommation. C’est le cas dans le secteur manufacturier. Lors du dernier mandat de Joe Biden, l’inflation a atteint 20 %, le plus haut depuis la crise pétrolière des années 1970, et a joué un rôle important dans la défaite de la candidate démocrate Kamala Harris. Selon un sondage AP VoteCastles, 9 électeurs sur 10 se disent très ou plutôt préoccupés par le coût de la nourriture, et environ 8 sur 10 sont préoccupés par le coût de leurs soins de santé, de leur logement et de l’essence.

Des milliardaires au paradis

Si Donald Trump et ses équipes ont créé un mot-valise pour décrire le phénomène de « Bidenflation », l’idée d’une surtaxe générale de 10 % pourrait non seulement accroître les difficultés et les inégalités sociales, mais aussi conduire à une hausse du chômage et à une hausse des inégalités sociales. perte de chiffre d’affaires pour les entreprises nationales. Le tout sans augmenter la production nette, ni même la diminuer, y compris dans les secteurs protégés.

L’aggravation de la guerre commerciale et ses conséquences sur les chaînes d’approvisionnement des entreprises continueront donc de se répercuter sur les prix à la consommation. Tandis que le vice-président élu JD Vance n’a cessé de vanter les bénéfices économiques de cette stratégie pour les États de la « Rust Belt », où Donald Trump est majoritaire en raison du décrochage de Kamala Harris.

A terme, la production pourrait baisser de 1,1%. 800 000 emplois pourraient être supprimés. Carnage social. D’autant que les différents partenaires commerciaux des Etats-Unis pourraient à leur tour envisager des représailles, y compris en Europe, et privilégier le nationalisme économique plutôt que la coopération.

La Chine a déjà averti par l’intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Mao Ning : « Par principe, je voudrais réaffirmer qu’il n’y aura pas de gagnants dans une guerre commerciale, qui ne serait pas non plus favorable au monde ».

L’annonce de la victoire de Donald Trump n’est pas un désastre pour tout le monde. La Bourse de New York a battu de nouveaux records et, selon l’indice Bloomberg, la valeur nette des milliardaires a augmenté de 63,5 milliards de dollars au lendemain des élections, le 6 novembre.

Le patron de Tesla, Elon Musk, qui a largement utilisé sa fortune au profit de la campagne du candidat républicain, a ajouté à lui seul 26,5 milliards de dollars à sa cagnotte. Ces sommes astronomiques illustrent à quel point les ultra-riches et le secteur financier misent sur Donald Trump pour continuer à déréglementer et promouvoir les baisses d’impôts. Au détriment des travailleurs.

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