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comment Trump l’a rallié à sa cause

comment Trump l’a rallié à sa cause

Pour ses détracteurs, c’est l’homme qui a vendu son âme au diable. Robert F. Kennedy Jr., héritier de la plus grande dynastie démocrate américaine, fait désormais partie de la famille « élargie » du président nouvellement élu.

Avec son costume ajusté et sa cravate fine qui rappelle celles portées par son père et son oncle dans les années 1960, il se démarque parmi les trumpistes, mais ne montre aucune gêne. Il fait partie de ceux que Donald Trump a abondamment remerciés pour son soutien au soir de sa victoire.

Et quand le président, promoteur des énergies fossiles, va jusqu’à lui demander, taquin, de surtout « rester à l’écart de l’or liquide », l’ancien avocat de la cause écologiste se fend d’un large sourire. « RFK » sait qu’il a réussi son pari : il a misé sur le bon cheval et compte, à 70 ans, jouer un rôle majeur pour les quatre années à venir.

Je le connais depuis longtemps : il fait ça pour la gloire

Son petit cousin Jack Schlossberg

Avait-il seulement envisagé une telle issue lorsque, le 19 avril 2023, il décidait de lancer sa campagne à Boston, fief familial ? A l’époque, certains se demandaient déjà pourquoi ce démocrate dissident gagnerait à faire de l’ombre à Joe Biden, président sortant et candidat vieillissant. « Je le connais depuis longtemps: il fait cela pour la gloire et la gloire », attaque sur Instagram son cousin germain Jack Schlossberg, unique petit-fils du président John F. Kennedy et l’un de ses tueurs les plus actifs.

RFK, déjà, sent le soufre avec ses propos anti-vax et anti-single-pensed. Souhaitant proposer une alternative, il a demandé à son parti d’organiser un débat et une primaire. Mais sa candidature a finalement été étouffée afin de permettre à Biden d’imposer la sienne. Le 9 octobre 2023, RFK quitte donc, selon ses mots, « la mort dans l’âme », le parti de son père et de son oncle pour devenir « candidat indépendant ». Centriste, aux accents trumpistes, déjà, et anti-médias, « tous se sont ligués » contre lui – sauf le conservateur Fox News, où il a une antenne ouverte.

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Robert F. Kennedy Jr. devant son bus de campagne à Holbrook, New York, le 28 avril. Quatre mois plus tard, il rejoint Trump.

Paris Match / © Eva Sakellarides

Les primaires ont lieu sans lui. Trump et Biden gagnent. Il refuse de se retirer. Lorsqu’on le rencontre, début mai 2024, il assure qu’il « va gagner », affirme n’avoir « rien contre Joe Biden, un ami de la famille, mais un mauvais président », notamment en raison de son engagement en faveur du guerre en Ukraine, où, selon lui, l’Amérique n’a rien à faire.

Il parle également de ses déboires passés. À commencer par son addiction à l’héroïne, qu’il continue de soigner « avec une heure de méditation par jour », l’une des « douze étapes » que suivent les anciens toxicomanes toute leur vie. Mais aussi le suicide de son ex-femme. Il se retrouve alors « seul avec six enfants dans un état de fragilité totale », dont il dit être sorti en rencontrant son épouse actuelle, Cheryl Hines, l’actrice de « Larry et son nombril », « la plus belle chose qui (lui) ) est arrivé.

Prix ​​de guerre

Les dissensions que sa candidature provoque au sein du clan Kennedy ? Il s’en fiche. «Ma mère, Ethel (décédée récemment, NDLR), est avec moi», jure-t-il. Tout comme sa belle-fille Amaryllis, qui mène sa campagne, ou son fils Conor, parti en guerre à Kharkiv en soutien aux troupes ukrainiennes contre les Russes. « Nous sommes 105 cousins. Évidemment, il y a des débats. »

Mais sa campagne patine et les fonds commencent à manquer. Les démocrates le snobent. Don Trump Jr., le fils aîné du candidat républicain, commence à avoir les yeux de Chimène de son côté, rêvant d’un prix de guerre qui marquerait la rencontre de l’ancien et du nouveau monde… Après tout, Trump et RFK se connaissent depuis longtemps. Depuis trente ans, tous deux ont été rejetés par l’establishment. Et même si le premier qualifie le second de « gauchiste radical », il reste fasciné par le nom de Kennedy.

Gaffe, excuses, négociations

Le fantasme prendra soudain une forme bien plus précise le 13 juillet, jour de la tentative d’assassinat de Trump. Juste après l’incident, alors qu’il était encore à l’hôpital, un de ses émissaires a demandé à RFK s’il serait intéressé par un poste en cas de victoire. Une première réunion est organisée le 15 juillet, premier jour de la convention républicaine à Milwaukee, suivie d’une visite à Mar-a-Lago et de nombreux appels téléphoniques.

Donald Trump semble enclin à adopter les théories de Kennedy sur les vaccins. Mais les négociations ont été suspendues lorsque Bobby Kennedy, le fils de RFK, marié à son directeur de campagne Amaryllis, a diffusé sur X une vidéo (désormais supprimée) où l’on voit son père converser par haut-parleur avec Trump. Ce dernier confie que la balle à laquelle il a échappé a fait l’effet d’un « énorme moustique » sur son oreille. La vidéo n’était évidemment pas destinée à être diffusée. Mortifié, Kennedy s’excuse. Les discussions reprennent.

Un rôle d’influence

Le rapprochement a été scellé le 23 août par une réunion commune en Arizona. « Une trahison! » » dénoncent les frères et sœurs de RFK. Restée fidèle au parti démocrate, Cheryl Hines, son épouse, a confié à ses proches qu’elle « n’était pas à l’aise ». D’autant que son mari a ébranlé sa confiance en entretenant « une liaison amoureuse en ligne » (ce qu’il nie) avec Olivia Nuzzi, une jeune et jolie journaliste politique pendant la campagne. La malédiction Kennedy, sans doute…

L’ancien candidat démocrate se retrouve désormais membre de l’équipe de transition chargée de répartir les postes dans la future administration trumpienne. Autrement dit, un rôle d’influence. Ses futures fonctions restent à définir. L’homme qui a lancé le slogan « MAHA » pour « Make America Healthy Again » pourrait être ministre de la Santé. Ou « tsar » (conseiller spécial) en charge des vaccins. Ce serait pour lui plus qu’un lot de consolation : la revanche du mouton noir de la famille Kennedy.

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