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Comment stopper la hausse des prix alimentaires ? (2/2)


Toutes les conditions d’une grave crise alimentaire sont réunies. Ce choc alimentaire nécessite des réponses fortes.

Julien Brugerolles, député PCF député André Chassaigne, groupe GDR

La danse du ventre anti-inflationniste que le ministre de l’Economie et des Finances enchaîne depuis plus d’un an devant les patrons de la grande distribution n’y change rien. Toutes les conditions d’une grave crise alimentaire avec son cortège de privations et de déséquilibres nutritionnels sont réunies. Sur une année glissante, la hausse des prix de l’alimentation atteint 14 % en février. C’est plus du double de l’indice des prix INSEE constitué d’un panier mixte de biens et services. A noter que cette épidémie touche encore plus les produits dits « premiers prix ». De janvier 2022 à janvier 2023, ils grimpent de plus de 20% ! Il faut aussi ajouter à cette liste l’explosion des prix des produits d’hygiène et d’entretien quotidiens.

Ce choc survient dans une France qui compte déjà 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, où un enfant sur cinq vit dans une famille pauvre et où au moins 7 millions de personnes appellent régulièrement à l’aide alimentaire. Cependant, les dépenses alimentaires ne représentent pas du tout le même poids dans les dépenses contraintes des ménages. En 2020, les 20 % des Français les plus pauvres consacraient plus de 18 % de leurs revenus à l’alimentation, contre 14 % pour les 20 % les plus riches. L’alimentation est de plus en plus une condition de « survie du budget familial » pour les ménages les plus pauvres, notamment en ajustant le contenu de l’assiette au fil du mois. Une telle situation appelle des réponses politiques fortes. Il faut d’abord bloquer la fièvre spéculative entretenue par les géants de l’agroalimentaire et de la distribution. Leur soif de rattrapage de profits doit être freinée en permettant à l’État de contrôler strictement et immédiatement leurs marges. Nous défendons depuis très longtemps l’application d’un coefficient multiplicateur étendu à tous les produits alimentaires entre les prix d’achat aux producteurs et les prix de vente aux consommateurs. Si ce dispositif avait été créé à la Libération, avant d’être supprimé en 1986 sous la pression des distributeurs, c’était justement pour stopper une telle logique de course.

« En France, 7 millions de personnes appellent régulièrement à l’aide alimentaire. »

L’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires devrait donc être transformé en « autorité publique » d’intervention sur les prix alimentaires. Il faut aussi agir sur l’ensemble de la chaîne de valeur en baissant immédiatement les coûts de l’électricité et du gaz. Le retour des tarifs réglementés pour tous les transformateurs et industriels est une mesure d’urgence… et une pure question de volonté politique !

Enfin, nous ne pouvons pas passer à côté d’une aide d’urgence pour les ménages. Une aide mensuelle spécifique doit permettre de compenser une partie des surcoûts liés à l’alimentation et être adaptée en fonction des revenus. Cette mesure pourrait être alimentée par un fonds d’urgence et un prélèvement exceptionnel sur les revenus financiers des entreprises transnationales de l’agroalimentaire et de la distribution.

Le choix de notre alimentation relève d’une réflexion personnelle mais aussi et surtout d’un choix de société pour définir les conditions de notre souveraineté.

Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne

A la Confédération paysanne, on ne comprend pas que l’alimentation – qui représente moins de 15% du budget des ménages – soit la seule variable sérieusement prise en compte pour amortir les difficultés générées par l’inflation. Les autres dépenses contraintes – logement, énergie, déplacements, communications, etc. – pèsent lourdement sur la dégradation des conditions de vie des personnes les plus précaires. Nous ne pouvons plus accepter cette spirale où des paysans sans revenus doivent produire à perte pour nourrir une population de plus en plus précaire. Nous avons des ambitions légitimes pour le droit au revenu des travailleurs de la terre et nous entendons les affirmer, surtout dans un contexte inflationniste qui nous impacte de plein fouet.

Une augmentation immédiate des salaires et des minima sociaux pour redonner aux citoyens des marges de manœuvre et un libre choix quant à leur accès à l’alimentation nous paraît indispensable et urgente. Une augmentation qui serait bien plus bénéfique et juste que la demande faite aux grandes et moyennes surfaces (GMS) de réduire leurs marges sur les produits du quotidien. En effet, cette réduction, qui s’apparente à un geste commercial, voire à un don, ne maintient sous le joug commercial de

GMS des populations qui pourraient légitimement chercher à s’en émanciper. Encore une fois, ce sont les plus forts et les plus riches qui vont imposer aux autres ce qu’ils peuvent acheter et manger, et même ce qui serait « bon » pour eux. Le choix de notre alimentation doit venir d’une réflexion personnelle mais aussi et surtout d’un choix de société pour définir les conditions de notre souveraineté alimentaire ; il ne faut pas le bafouer ainsi. C’est dans cet objectif qu’à moyen terme, nous devons collectivement envisager la mise en place d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation qui – au même titre que pour la santé – rendra une alimentation accessible et choisie pour chacun et chacune.

« Nous devons envisager la mise en place d’un système de sécurité sociale pour l’alimentation. »

Ce projet repose sur les trois principes fondateurs de la Sécurité Sociale que sont l’accès universel, le financement par cotisations et la convention. Ainsi, vos revenus ne détermineront plus votre capacité à obtenir tel ou tel produit, mais votre niveau de cotisation.

C’est le principe d’accord qui nous concerne en tant que paysans. Il sera construit grâce à des fonds locaux et démocratiques pour imposer, par la demande, l’orientation de l’agriculture. Une agriculture capable alors d’alimenter les deux bouts d’une chaîne alimentaire aujourd’hui délaissée et rendue invisible par des politiques publiques qui entraînent la disparition des producteurs et productrices et ne cherchent qu’à maintenir les citoyens-consommateurs dans une précarité subie et un assistanat que beaucoup ne peut plus supporter. Avec la Sécurité Sociale pour l’Alimentation, nous reprenons collectivement le pouvoir sur nos vies, nos modes de production, de rémunération et d’alimentation !


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Cammile Bussière

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