L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a émis mercredi 14 août son plus haut niveau d’alerte internationale face à la résurgence des cas de mpox (ou « variole du singe ») en Afrique.
Une épidémie qui inquiète les autorités sanitaires mondiales. La circulation du mpox (anciennement Monkeypox) en Afrique a poussé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à déclencher mercredi 14 août son alerte mondiale la plus élevée.
Au total, 38.465 cas de la maladie ont été enregistrés dans 16 pays africains depuis janvier 2022, avec 1.456 décès, dont une augmentation de 160% des cas en 2024 par rapport à l’année précédente, selon l’agence sanitaire Africa CDC.
Parfois bénigne, parfois mortelle, cette maladie est assez facilement identifiable en raison de l’éruption cutanée qui suit l’infection, ceci sur une période de deux à quatre semaines. Des cloques ou des lésions peuvent apparaître sur tout le corps, qui s’accompagnent généralement de fièvre, de maux de tête, de fatigue et de douleurs musculaires.
• Une nouvelle souche inquiétante
« Nous sommes confrontés à de multiples épidémies avec différentes souches dans différents pays, avec différents modes de transmission et différents niveaux de risque », a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Cette émergence de nouvelles souches, ou « Clades », est l’un des moteurs de l’inquiétude face à la résurgence de cette maladie. Le Clade I a d’abord circulé au Congo et dans son bassin, tandis que le Clade II s’est plutôt multiplié en Afrique de l’Ouest.
Mais c’est la nouvelle souche Clade Ib, dérivée de la première, qui focalise les craintes de la communauté scientifique. Cette version, identifiée depuis fin 2023, a d’abord circulé au Congo avant de se propager dans une série de pays africains, dont l’Egypte, la Côte d’Ivoire et l’Ouganda. Une circulation dans des territoires jusqu’ici préservés.
En France, l’agence Santé publique France (SPF) surveille de près la situation mais n’a pas encore identifié de patient porteur de cette nouvelle souche, même si des cas de Mpox ont été ponctuellement observés dans le pays depuis le début de l’épidémie à l’été 2022, selon les informations du Parisien.
• Ce que nous savons sur le mode de transmission
À ce stade, « on ne sait pas si la souche Ib est plus transmissible, mais nous savons qu’elle se transmet plus efficacement », a déclaré le Dr Rosamund Lewis, responsable de la variole du singe à l’OMS.
« Il est probablement plus transmissible, et aussi plus mortel que le variant qui a circulé en 2022 », a déclaré l’infectiologue Karine Lacombe, invitée de BFMTV mercredi soir.
Comme son nom l’indique, ce virus est une zoonose. La variole du singe est initialement apparue chez un hôte animal. Il a probablement franchi la barrière des espèces lors d’un contact entre l’homme et certaines espèces de singes ou de rongeurs terrestres, comme l’écureuil arboricole.
« Le virus peut également être contracté en mangeant des animaux infectés insuffisamment cuits », souligne l’OMS dans une page dédiée.
C’est ainsi que la souche I se propage, tandis que sa descendance se transmet davantage d’homme à homme. Les infections surviennent lors de contacts « rapprochés » avec la personne infectée, notamment lors d’échanges sexuels (hétérosexuels et homosexuels) ou intimes. La maladie peut également se propager par l’échange d’objets contaminés. Une personne présentant des lésions sur la peau, laissant le virus sur une surface.
« Les personnes atteintes de la variole du singe sont contagieuses jusqu’à ce que toutes leurs lésions se soient recouvertes de croûtes, que les croûtes soient tombées et qu’une nouvelle couche de peau se soit formée en dessous, et que toutes les lésions sur les yeux et le corps (bouche, gorge, vagin et anus) soient également guéries, généralement en deux à quatre semaines », indique l’OMS.
De son côté, l’Institut Pasteur souligne que « des études sont en cours pour mieux comprendre l’épidémiologie, les sources d’infection et les modes de transmission de cette maladie », notamment en raison de l’apparition de nouvelles souches.
• Une maladie qui « ne se limite pas aux personnes sexuellement actives ou homosexuelles »
Lors de l’épidémie internationale de 2022, la variole du singe était considérée par le grand public comme touchant principalement les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Toutefois, « le risque de contracter la variole du singe ne se limite pas aux personnes sexuellement actives ou homosexuelles, ou aux autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes », prévient l’OMS.
Les personnes les plus à risque sont celles qui ont des relations sexuelles à risque avec plusieurs partenaires, quel que soit le sexe du partenaire, car les femmes comme les hommes sont susceptibles de contracter le virus et de le propager par la suite. Les rapports sexuels oraux et les rapports sexuels avec pénétration vaginale ou anale présentent des risques.
• Transmission par le sang ou par des personnes asymptomatiques : des inconnues demeurent
Les scientifiques jouent au chat et à la souris avec un virus en mutation constante. Plusieurs inconnues subsistent quant à la manière dont se transmet le virus Mpox, comme le souligne le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).
Selon les connaissances scientifiques actuelles, il n’existe pas de consensus sur la fréquence à laquelle une personne asymptomatique peut transmettre la maladie. On ignore également si le virus peut se propager par les sécrétions respiratoires.
Mais les scientifiques cherchent également à savoir si la variole peut se transmettre par les fluides corporels : sperme, sécrétions vaginales, urine, sang et matières fécales.
• Trois vaccins et des traitements exceptionnels
Si le passage en alerte maximale est un signal d’alarme, il n’y a pas de réelle raison de s’inquiéter en France et en Europe. L’OMS cherche avant tout à protéger les populations des pays africains dont les systèmes de santé ne peuvent absorber la vague.
L’objectif est aussi de faciliter l’accès à la vaccination, alors que trois modèles ont déjà été développés et ont été approuvés par les autorités sanitaires. Les autorités sanitaires africaines affirment avoir besoin de 10 millions de doses, mais seulement 200 000 sont disponibles à ce stade. Mais grâce à une autorisation d’urgence, des organisations comme l’Unicef pourront les obtenir et les distribuer.
Enfin, des traitements contre le viol ont été développés, mais leur utilisation reste limitée en raison d’un manque de données. « Leur utilisation s’inscrit généralement dans le cadre d’un essai clinique ou d’un protocole d’accès élargi accompagné d’une collecte de données pour améliorer nos connaissances sur la meilleure façon de les utiliser à l’avenir », explique l’OMS.