Les députés éliront jeudi leur président. Avant de procéder, sur trois jours, à une vague de désignations stratégiques, particulièrement incertaines dans un hémicycle très fragmenté.
Publié
Temps de lecture : 5 min
Une rentrée en plein mois de juillet. C’est ce que vont vivre les 577 députés élus aux législatives anticipées. La XVIIe législature de la Ve République, précipitée par la dissolution voulue par Emmanuel Macron après les élections européennes, débute officiellement jeudi 18 juillet pour une durée théorique de cinq ans. Théorique, car une nouvelle dissolution sera possible dès le premier anniversaire du second tour des législatives, qui a changé le visage du Palais-Bourbon.
Pour l’heure, les députés doivent, dans trois jours, voter pour la présidence de la chambre basse, désigner ceux qui occuperont les postes stratégiques, et se répartir dans différentes commissions parlementaires. Des passages obligés qui revêtent cette année un caractère crucial dans un hémicycle très divisé. Franceinfo détaille le programme de ce week-end déjà décisif.
Jeudi, 15h : Election à la présidence de l’Assemblée nationale
Qui succédera à Yaël Braun-Pivet au Perchoir ? On le saura jeudi après-midi. A partir de 15 heures, les 577 députés élus ou réélus prendront place par ordre alphabétique dans l’hémicycle. La première séance est toujours présidée par le doyen d’âge de l’Assemblée, assisté des six plus jeunes députés. « qui exercent les fonctions de secrétaires »précise l’Assemblée nationale. Comme en 2022, c’est le député RN José Gonzalez, 81 ans, qui prendra la parole pour déclarer le mandat ouvert. Lors de sa première prise de parole, l’élu des Bouches-du-Rhône avait déclenché une vive polémique en tenant des propos très critiqués sur l’Algérie française.
Ensuite, les 577 députés choisiront, au scrutin secret, le président de l’Assemblée nationale. Chaque parlementaire monte à la tribune pour voter, puis des scrutateurs procèdent au décompte des voix. Aux premier et deuxième tours, une majorité absolue des 577 voix est requise pour être élu président de l’Assemblée nationale. Compte tenu de la composition de l’hémicycle depuis le 7 juillet, il est difficile d’imaginer un candidat obtenant les 289 voix nécessaires pour occuper son siège au Perchoir à l’issue du deuxième tour. Un troisième tour devrait ensuite être organisé, cette fois à la majorité relative : le candidat arrivé en tête l’emporte. En cas d’égalité, le candidat le plus âgé est élu. Il prononce alors son premier discours devant les députés.
Jeudi, avant 18h : la composition des groupes
Chaque groupe soumet à la présidence, avant 18 heures, la liste de ses membres et peut préciser s’il se place ou non dans l’opposition. Un choix particulièrement complexe cette année, en raison de la difficulté à dégager une majorité. Sauf changement de dernière minute, 11 groupes composeront le futur hémicycle.
Vendredi : désignation d’autres postes clés à l’Assemblée nationale
Après le président de l’Assemblée nationale, il restera vendredi 21 postes stratégiques à pourvoir pour composer le bureau de l’instance : six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Les vice-présidents siègent à la conférence des présidents et font occasionnellement office de suppléants pour diriger une séance. Les questeurs occupent un poste qui permet d’élaborer le budget et de gérer le personnel de l’Assemblée. Enfin, les secrétaires supervisent les opérations de vote et le dépouillement de certains bulletins.
Vendredi à 10 heures, les présidents de groupe se réuniront pour répartir ces postes de bureau et « à l’établissement éventuel, dans l’ordre de présentation, de la liste de leurs candidats aux fonctions de vice-président, questeur et secrétaire »ainsi que les sièges des huit commissions permanentes, détaille le site de l’Assemblée nationale. « La composition du Bureau s’efforce de reproduire la configuration politique de l’Assemblée », avec un calcul particulier : chaque fonction coûte un certain nombre de points et chaque groupe possède un nombre de points dépendant de son poids dans l’Assemblée.
A partir de 15 heures, en séance publique, le rendez-vous aura lieu, « éventuellement par voie de scrutin »des titulaires de ces 21 postes, si un consensus n’a pas émergé auparavant entre les présidents des groupes. Cette année, leur répartition sera particulièrement compliquée par l’absence de majorité, mais surtout par les attitudes disparates à l’égard du RN, qui avait remporté deux vice-présidences en 2022 : la gauche a appelé à ne laisser aucun poste au parti d’extrême droite, tandis que le groupe Renaissance a accepté de faire barrage à la fois au RN et à La France Insoumise.
Vendredi, avant 18 heures : candidatures aux huit commissions permanentes
Les demandes de candidature aux commissions permanentes doivent être déposées au Secrétariat général de la Présidence de l’Assemblée nationale avant 18 heures. La composition de chaque commission est déterminée en fonction de la taille des groupes ; plus le groupe est grand, plus il occupe de sièges dans une commission.
Au total, il existe huit commissions permanentes : la Commission des affaires économiques ; la Commission des affaires étrangères ; la Commission des affaires sociales ; la Commission de la défense nationale et des forces armées ; la Commission des affaires culturelles et de l’éducation ; la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire ; la Commission des finances ; et la Commission des lois. Leur rôle le plus connu est d’étudier et d’amender les lois avant qu’elles ne soient examinées en séance publique.
Samedi, à 10h30 : nomination des présidents des huit commissions permanentes
La journée de samedi débute par la publication au Journal officiel de la composition des huit commissions permanentes. Celles-ci se réunissent à 10h30 pour élire leur bureau. Certaines présidences de commissions sont particulièrement convoitées, comme celle de la puissante commission des Finances, qui revient toujours à un député issu d’un groupe d’opposition, depuis un changement du règlement intérieur de l’Assemblée nationale datant de 2007.
Samedi midi : réunions de la conférence des présidents et du bureau
A 12h30, la Conférence des présidents se réunit pour la première fois. Elle comprend le président de l’Assemblée nationale, les vice-présidents, les présidents des différents groupes parlementaires, les présidents des commissions permanentes et de la commission des affaires européennes, ainsi que les rapporteurs généraux de la commission des affaires sociales et de la commission des finances, détaille le site de l’institution. Le Bureau de l’Assemblée se réunit à 15h30
Jusqu’au 2 août : la séance se poursuit de plein droit
Conformément à l’article 12 de la Constitution, après une dissolution et des élections législatives anticipées, une session parlementaire est « ouvert de plein droit pour une durée de 15 jours »Les députés pourraient donc siéger au moins jusqu’à vendredi 2 août, avant une session extraordinaire en août ou septembre, ou la reprise de la session ordinaire début octobre. Or, les parlementaires n’ont actuellement aucun projet de loi à étudier, la dissolution ayant mis fin à tous les travaux de l’Assemblée nationale et le gouvernement étant cantonné à la gestion des « affaires courantes ».