comment se déroulera la campagne qui débute mardi
Pour la deuxième année consécutive, les personnes à risque pourront se faire vacciner simultanément contre la grippe et contre le Covid-19.
Une visite, deux vaccinations. Pour la deuxième année consécutive, les personnes à risque peuvent se faire vacciner simultanément contre le Covid-19 et contre la grippe, lors de la campagne de vaccination qui débute mardi 15 octobre. « L’enjeu est de faire de cette double campagne un nouveau réflexe annuel »explique Sarah Sauneron, directrice générale adjointe de la santé. Public concerné, méthodes, vaccins utilisés… Franceinfo répond à cinq questions concernant cette nouvelle campagne de vaccination.
1 Qui est concerné par la campagne de vaccination ?
Toutes les personnes susceptibles de développer une forme grave de la grippe et du Covid-19 sont invitées à se faire vacciner contre ces deux maladies. Cela concerne principalement, comme détaillé sur le site de l’assurance maladie, les personnes âgées de 65 ans et plus, les femmes enceintes, les personnes présentant des comorbidités (comme l’hypertension artérielle, certaines maladies chroniques, le diabète, l’obésité ou le cancer) et les personnes immunodéprimées. Pour le Sars-CoV-2, les patients souffrant de démence et du syndrome de Down sont également concernés.
Les autorités sanitaires encouragent également les résidents des Ehpad et des unités de soins de longue durée, ceux vivant à proximité ou en contact régulier avec des personnes immunodéprimées ou vulnérables, ainsi que les soignants et les personnes travaillant dans le secteur médico-social, à recevoir leurs doses de vaccin contre le Covid-19 et la grippe. Les professionnels exposés aux virus de la grippe porcine et aviaire sont invités à recevoir une dose de vaccin afin de prévenir la transmission des virus de la grippe humaine aux animaux. Enfin, toutes les personnes qui souhaiteraient se faire vacciner contre le Covid-19 et qui n’entrent pas dans les catégories évoquées ci-dessus peuvent également réclamer gratuitement leurs injections, souligne l’Assurance maladie.
Pour la grippe, des règles spécifiques s’appliquent pour les enfants de 2 à 17 ans. Les personnes présentant des comorbidités peuvent recevoir une dose de vaccin, mais une prescription médicale est nécessaire pour en bénéficier gratuitement. Pour d’autres, l’injection n’est prise en charge qu’à 65 % par la Sécurité sociale.
2 Comment se déroule la vaccination ?
Les publics ciblés ont déjà reçu une lettre accompagnée d’un « bon de vaccination », les invitant à se présenter en pharmacie pour se procurer gratuitement leur vaccin. Cela représente une certaine « 17,3 millions » lettres envoyées, précise Geneviève Motyka, médecin-conseil à la Caisse nationale d’assurance maladie.
Les médecins, infirmières et sages-femmes peuvent administrer les deux injections à toute personne âgée de plus de six mois. Des règles différentes s’appliquent selon qu’il s’agit d’une vaccination contre la grippe ou contre le Covid-19. Mais rappelez-vous que si vous souhaitez faire vacciner un enfant contre les deux maladies par le même praticien, mieux vaut choisir un médecin ou une sage-femme, car les infirmières ne peuvent injecter une dose de vaccin contre la grippe qu’aux personnes de plus de 11 ans. . Les pharmaciens et chirurgiens-dentistes ne sont autorisés à vacciner que les adultes, rappelle la Direction générale de la santé (DGS) dans un document (PDF) envoyé aux professionnels de santé le 17 septembre.
Comme pour la campagne de vaccination 2023-2024, les injections contre le Covid-19 et contre la grippe pourront être administrées le même jour, mais pas au même endroit (cela peut se faire sur les deux bras par exemple). L’Assurance maladie précise que si les deux injections ne sont pas faites le même jour, il n’y a pas de délai précis à respecter entre les deux vaccinations.
3 Quels vaccins sont utilisés ?
Suite aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), la DGS propose, concernant le Covid-19, des vaccins utilisant la technologie de l’ARN messager. Il s’agit en l’occurrence du vaccin Comirnaty JN.1, développé par le laboratoire Pfizer. C’est un « vaccin efficace contre le variant Omicron qui circule principalement sur le territoire »souligne Sarah Sauneron.
Côté grippe, trois vaccins sont disponibles : Fluarix Tetra, développé par le laboratoire GSK, Vaxigrip Tetra, produit par Sanofi, et Influvac Tetra du laboratoire Viatris Santé. Ils peuvent être injectés dès l’âge de 6 mois et être utilisés indifféremment, quelle que soit la cible, précise l’Assurance maladie. En tout, « 13,9 millions de doses de vaccins seront livrées »assure Sarah Sauneron, ajoutant que « si les besoins devaient être plus importants, un système de pré-réservation serait possible ».
4 Pourquoi est-il recommandé de se faire vacciner ?
Pour l’instant, la circulation des deux virus ne nécessite pas de vigilance particulière (sauf à La Réunion, confrontée à une épidémie de grippe depuis fin septembre), selon le bulletin épidémique publié mercredi 9 octobre par Santé publique France. Mais les autorités conseillent « procéder à la vaccination avant la circulation active des virus grippaux »car après la vaccination, « Le corps a en réalité besoin de deux semaines pour former les anticorps nécessaires »précise le ministère de la Santé.
La vaccination permet de prévenir les formes graves des deux maladies. Outre ses effets sur la santé du patient, elle contribue également à préserver le système de santé, dans un contexte de pénurie chronique de personnel (pire pendant les périodes de vacances, notamment en fin d’année). Lors de la dernière épidémie de grippe, s’étalant de la dernière semaine de décembre 2023 à fin février 2024, le nombre de consultations pour syndrome grippal a été estimé à 1 540 000 par Santé publique France, dans une étude publiée mardi. Ces syndromes grippaux ont provoqué 73 676 visites aux urgences. Parmi ces passages, 19 %, soit 14 025, ont donné lieu à une hospitalisation.
5 Comment expliquer le faible taux de couverture vaccinale en France ?
Lors de la saison 2023/2024, seulement 54 % des personnes de plus de 65 ans ont été vaccinées contre la grippe. « La couverture vaccinale des plus de 65 ans a diminué l’année dernière. C’est inquiétant, car c’est la tranche d’âge la plus hospitalisée et la plus fréquente en réanimation.regrette Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, qui précise que « la grande majorité des patients admis en réanimation n’étaient pas vaccinés ». Concernant le Covid-19, le taux de couverture vaccinale est encore plus faible, puisqu’il s’élève à 30,2% sur la même période.
Comment expliquer une telle désaffection ? Selon Caroline Semaille, cela s’explique notamment par l’éloignement des publics cibles, qui « ne sont pas toujours faciles à atteindre »et par un « lassitude vaccinale post-Covid ». La crise sanitaire de 2020-2021 demeure également « la conviction que la vaccination ne fonctionne pas, même si les vaccins utilisés sont adaptés aux souches de virus qui circulent et présentent des risques (d’effets indésirables) extrêmement faibles ».