Lydia dévoile la deuxième partie de sa nouvelle stratégie. Six semaines après avoir sorti une nouvelle application pour revenir à ses fondamentaux, à savoir le paiement entre amis et la cagnotte en ligne, la fintech française a décidé de renommer Lydia Comptes, l’autre application dédiée à ses services bancaires, en Sumeria. Un nom qui fait référence à la civilisation sumérienne, à l’origine de nombreuses innovations notamment en littérature et en architecture.
Avec cette nouvelle mouture, l’entreprise affiche de fortes ambitions puisqu’elle entend devenir la première banque numérique européenne d’ici 2030. Dans ce contexte, elle espère d’abord avoir 5 millions de clients en France d’ici 2027, en ciblant principalement les 18-34 ans, contre à 2 millions aujourd’hui (8 millions d’utilisateurs au total avec l’application Lydia). Un pari audacieux puisque la néobanque britannique Revolut compte actuellement plus de 3 millions de clients en France.
Après avoir fait ses armes sur le marché français avec Sumeria, Lydia compte bien conquérir l’Europe, en commençant par l’Allemagne, une fois que l’entreprise aura obtenu l’agrément des établissements de crédit. « L’Europe a sa monnaie, sa banque centrale, mais il n’existe pas encore de marque bancaire dominante qu’un Espagnol, un Italien, un Allemand ou un Français puisse citer en commun »a souligné Antoine Porte, co-fondateur et directeur général de Lydia, lors d’une conférence de presse organisée à Paris, dans le cadre prestigieux de l’Hôtel de Crillon sur la place de la Concorde.
« 500 milliards d’euros dorment bien dans les comptes courants non rémunérés des Français »
Le passage des comptes Lydia vers Sumeria s’opère progressivement sur les systèmes Android et iOS ce mercredi 15 mai. Fini le bleu historique de Lydia pour laisser la place au vert crocodile pour mieux mettre en avant les services bancaires de l’entreprise. Sur cette nouvelle version de l’application, Lydia propose de créer des comptes courants gagnant 4%, uniquement entre mai et août pour son lancement, avant de passer à 2% par la suite.
« Aujourd’hui, ce sont les comptes d’épargne qui sont payés par les banques françaises, mais pas les comptes courants des particuliers. C’est pourtant quelque chose de possible depuis 2004 mais dont les Français ont été privés pour des raisons de coût. »a observé Cyril Chiche, co-fondateur et président de Lydia, lors de la présentation de Sumeria. « Actuellement, il y a 500 milliards d’euros qui dorment paisiblement sur les comptes courants non rémunérés des Français. Avec Sumeria, c’est la fin d’un tabou. Nous espérons que cela déclenchera une vague de transformation du marché.il ajouta.
Avec ces comptes courants rémunérés, il sera possible de disposer d’une carte de paiement Visa gratuite, sans frais lors des paiements à l’étranger. Une version premium sera également proposée pour accéder à des limites de dépenses plus élevées et à des services d’assurance pour 9,90 euros par mois ou 99 euros par an. « Les Français méritent un compte courant aussi efficace que les autres services numériques qu’ils utilisent au quotidien. Les acteurs traditionnels, dont les banques en ligne, n’y parviendront pas, car l’activité de dépôt ne suffit pas à couvrir leurs coûts structurels. Il faut donc l’avènement d’un acteur du numérique qui, comme Uber, Airbnb ou Spotify, transforme son secteur grâce à une structure de coûts radicalement allégée. S’il est français, c’est encore mieux.estime Cyril Chiche.
« Vous faire oublier la banque »
Sumeria mise également sur une expérience client fluide sur son application pour aider les utilisateurs à mieux gérer leur argent. Cela inclut la possibilité d’ajouter des widgets pour avoir un aperçu du solde de votre compte en un coup d’œil, et même sans déverrouiller l’écran de votre smartphone. « Notre objectif est de faire oublier la banque »a assuré Antoine Porte.
Le responsable précise également que la création d’un compte courant sur Sumeria ne prend que 10 minutes, vérification d’identité incluse, et qu’il est possible de créer plusieurs types de comptes courants (unique, multiple, budget, projet, etc.) chacun lié à un IBAN et moyens de paiement. Par ailleurs, un programme payant, baptisé Sumeria+, sera proposé à 4,90 euros par mois (soit 49 euros par an) pour aider les clients à mieux gérer leurs dépenses et à économiser.
100 millions d’euros d’investissement sur 3 ans
Outre la présentation de cette nouvelle application, Antoine Porte et Cyril Chiche en ont profité pour annoncer leur intention d’investir 100 millions d’euros sur trois ans pour financer leur effort de guerre sur le marché bancaire. Malgré l’importance de cette enveloppe, les fondateurs de Lydia assurent que de nouvelles levées de fonds ne sont pas à l’ordre du jour. Pour rappel, l’entreprise est devenue licorne en décembre 2021 lors d’un tour de table de 103 millions de dollars.
En parallèle de cet investissement, Lydia prévoit de recruter 400 salariés supplémentaires, en plus des 250 salariés basés à Paris, Nantes, Bordeaux et Lyon. Et petite surprise, la fintech française a annoncé l’ouverture d’un emplacement physique permanent à Paris cet été « sur le modèle de la Genius Bar d’Apple », a indiqué Cyril Chiche. Cela permettra aux utilisateurs de Sumeria d’être mieux accompagnés dans leur utilisation de l’application ou de les accompagner s’ils rencontrent des difficultés. Des mesures saluées ce mercredi par le député Paul Midy, qui a fait le déplacement pour assister à la présentation de la nouvelle candidature de Lydia. « Bonne chance pour faire de Lydia un numéro 1 européen du numérique et un champion international »dit-il à Cyril Chiche, en s’amusant « sa veste de banquier ».
Rendez-vous dans trois ans pour voir si le contrat est rempli.