Comment l’IA va révolutionner les essais cliniques
» 86 % des essais cliniques ne se terminent pas à temps en raison du manque de patients « , prévient Franck Le Ouay, fondateur de Lifen, une Start-up française créée en 2015C’est pourquoi ce leader a choisi de miser sur l’intelligence artificielle dans les années à venir. L’entreprise française a annoncé ce lundi investir 15 millions d’euros en recherche et développement, dont 7 millions issus des projets France 2030 avec Bpifrance. À travers cette opération, Lifen souhaite accélérer le développement de Lifen DataLab, sa solution collectant et structurant des données de patients en vie réelle grâce à l’intelligence artificielle pour la recherche clinique.
Plus concrètement, l’entreprise souhaite collecter toutes les données des patients dans les hôpitaux pour les injecter dans un algorithme qu’elle aura déjà entraîné, avec l’aide de scientifiques en amont. L’idée est de créer une grande base de données unique sur laquelle les attachés de recherche clinique (ARC) pourraient s’appuyer pour mener à bien leurs essais.
» Aujourd’hui, ils le font à l’aveugle, en appelant les hôpitaux un par un pour voir s’ils ont des patients qui correspondent aux critères de l’étude. Tout cela est très manuel, » regrette Franck Le Ouay.
95% de précision
Surtout, la médecine actuelle devient de plus en plus précise et, de fait, les essais cliniques aussi. Une précision qui prend beaucoup de temps. Pourtant, l’algorithme développé par Lifen permettrait de gagner 80 à 90 % de temps par rapport à la saisie manuelle, affirme l’entreprise.
Ce gain de temps, mais aussi la précision de la sélection des patients, ont été démontrés lors du congrès d’oncologie de Barcelone (ESMO) la semaine dernière. Selon l’étude menée entre Lifen et le centre Gustave Roussy, partenaire de la start-up, Les erreurs de saisie manuelle des données sont environ deux fois plus nombreuses que celles de l’automatisation par un algorithme. Ce dernier affiche une précision de 95 % dans la sélection des patients pour l’essai. Les erreurs d’automatisation proviennent principalement du manque d’informations disponibles.
Un problème que le dirigeant de Lifen espère corriger en alimentant continuellement l’algorithme avec des données. L’objectif ultime du projet n’est pas seulement d’accélérer la sélection des patients dans les études cliniques, mais aussi de la rendre plus fiable et moins coûteuse.
Étendre le projet à d’autres pays
Concernant l’inquiétude sur l’avenir des attachés de recherche clinique remplacés par cette IA, le responsable explique qu’ils ne sont de toute façon pas assez nombreux et concentrés dans quelques hôpitaux. Ce système d’automatisation leur permettra d’affiner les données des patients saisies dans la base de données, et de se concentrer sur d’autres étapes de l’étude.
La start-up estime également que la collecte généralisée de données sera plus sécurisée que celle des hôpitaux actuellement, souvent victimes de cyberattaques.
« Aucune donnée d’identification, telle que le prénom ou le nom du patient, ne sera enregistrée dans la base de données. « , rassure Franck Le Ouay.
L’entreprise espère lancer les premiers essais l’année prochaine avec Lifen DataLab, mais pour cela, il faudra collecter suffisamment de données. Et les ambitions sont encore plus grandes. Si le projet fonctionne, « L’idée est de le proposer dans d’autres pays par la suite »confirme Franck Le Ouay. Pour l’instant, aucun pays n’a mis en place ce type de technologie, mais l’Espagne, la Belgique et les Etats-Unis travaillent sur des projets similaires.