Comment l’Europe devrait réagir aux élections présidentielles américaines – POLITICO
En outre, Washington a également entrepris des changements de politique économique, notamment avec l’Inflation Reduction Act (IRA). Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium introduits par l’administration Trump n’étaient pas des exceptions ponctuelles à un décret fondé sur des règles. Et la décision de l’administration Biden de ne pas étendre les généreuses réductions accordées aux constructeurs européens pour les véhicules électriques aux États-Unis met en évidence la tension qui règne sur la coopération transatlantique.
D’après ce que l’on sait de la politique économique de Harris à ce stade, cette approche ne devrait pas changer si elle devenait présidente. Quel que soit le résultat des élections, il existe donc un risque réel de voir la concurrence s’intensifier entre l’Europe et les États-Unis, les deux parties tentant d’attirer les investissements par le biais d’instruments protectionnistes, mettant ainsi en péril les avantages du libre-échange et de l’investissement.
Ces évolutions étant désormais acquises, elles auront plusieurs implications essentielles pour l’Europe :
Premièrement, l’UE doit augmenter ses dépenses en matière de sécurité et de défense. Cela renforcerait non seulement les capacités de l’Europe, mais aussi la probabilité d’obtenir le soutien des États-Unis en temps de crise, en contrant l’accusation récurrente de « passagers clandestins européens ». Il serait également impératif que ce renforcement s’accompagne d’une plus grande coopération entre les quelques pays européens dotés d’industries de défense importantes, créant ainsi un système européen qui pourrait bénéficier au secteur civil par le biais de l’innovation et de la croissance économique.
Deuxièmement, l’Europe a besoin de marchés de capitaux plus vastes et d’un renforcement de l’euro en tant que monnaie de réserve mondiale. Cela permettrait d’améliorer le financement de l’innovation et de la croissance en Europe, tout en renforçant le poids du continent sur les marchés de capitaux internationaux, en améliorant son indépendance et sa liberté stratégique. L’Europe n’a pas de problème de capitaux, mais elle a un problème d’allocation de capitaux. Et l’intégration des marchés de capitaux européens serait une étape essentielle pour surmonter ce problème et permettre aux entreprises de démarrer et de se développer.
Enfin, l’Europe a besoin d’accords commerciaux globaux. Même ceux qui avaient initialement critiqué l’échec du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) ont pris conscience de ses mérites potentiels lorsque l’administration Trump a commencé à imposer des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, et ont regretté leurs réserves initiales. Cette erreur ne doit pas se répéter avec d’autres parties du monde, et l’accord sur le Mercosur constituerait une étape importante dans la bonne direction.
Les États-Unis demeurent le principal allié de l’Europe à bien des égards, notamment par le biais de l’OTAN. Par conséquent, les relations de l’Europe avec la Chine et les États-Unis ne peuvent pas être équidistantes. Cependant, quel que soit le résultat de l’élection présidentielle américaine, les intérêts de l’Europe ne sont pas entièrement alignés avec ceux de Washington. Il est temps d’en prendre enfin conscience et d’en tirer les bonnes conclusions.
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