Depuis des mois, depuis des années, le personnel, tels des chimistes, jongle entre leurs béchers et leurs éprouvettes, ajustant leur préparation au gré des compétitions, des petits pépins, des coups de mou, pour déterminer la formule qui permettra aux athlètes de la délégation française d’arriver aux Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet – 11 août) en pleine possession de leurs moyens pour aller chercher ces médailles, couronnement d’une carrière.
La recrudescence des cas positifs au Covid-19 depuis plusieurs semaines est une nouvelle variable à prendre en compte, car le moindre virus pourrait considérablement altérer les performances à si proche du jour J.
« Aujourd’hui, on est un peu moins inquiet qu’il y a quelques années, ce n’est plus du tout la même situation sanitaire, on a un peu de recul. Néanmoins, on sait qu’un sportif qui attrape un virus quel qu’il soit est très pénalisant. On sait qu’il peut falloir dix à quinze jours pour se remettre de cet état-là », commence Sébastien Le Garrec, médecin de l’équipe de France de natation et responsable du pôle médical de l’Insep. L’enjeu est d’éviter toute maladie virale ou infectieuse quelle qu’elle soit, et en particulier le Covid, car on sait qu’il y a une contagiosité importante.
Le retour des masques pour les nageurs
Pour preuve, la situation a vite dégénéré entre le petit voyant jaune qui s’est mis à clignoter début juin lorsque plusieurs coureurs du Critérium du Dauphiné ont été testés positifs au Covid-19, les abandons sur le Tour de France de nombre d’entre eux comme l’Américain Sepp Kuss ou le leader promis de Lidl Trek, le Britannique Tao Geoghegan Hart, insuffisamment rétabli. Et son virage orange à partir de la mi-juin lorsqu’il a fini par étendre ses tentacules jusqu’aux Championnats de France de natation en s’emparant de deux nageurs et d’un membre de l’équipe technique.
« Nous arrivions à la fin du stage (prévu du 4 au 12 juillet), Il restait deux séances. Ce cas ne concernait pas les Olympiens. Mais avec le médecin fédéral, on a préféré isoler les quatre pour être en sécurité la semaine prochaine sur le stage à l’Insep. On prend zéro risque.a rapporté le DTN Sébastien Mansois. Le point de presse prévu avec le triple champion olympique s’est tenu le lendemain, en extérieur, après une conférence en présence d’une cinquantaine de journalistes dans une salle ventilée par l’ouverture d’une porte. Aucun masque n’était apparu.
Pour limiter les chances d’être pris une deuxième fois, les membres de l’équipe de France de natation ont dû montrer leurs papiers lors d’un test antigénique réalisé au maximum 48 heures à l’avance pour rejoindre le camp de base de Vichy où se tient depuis le 14 juillet un stage d’entraînement. Les journalistes qui viendront à leur rencontre le 17 devront également s’y soumettre. Les nageurs seront masqués.
Aucune instruction générale
A ce jour, contrairement au Tour de France où le port du masque a été rendu obligatoire pour toutes les personnes en contact avec les coureurs, aucune consigne générale n’a été émise par les autorités olympiques ou la délégation française, gage pour les Fédérations de s’organiser.
Du côté de l’athlétisme, le malheur de la championne d’Europe du 100 m haies Cyréna Samba-Mayela – qui a déclaré forfait pour les Championnats de France d’Angers le 29 juin puis pour le meeting d’Hengelo (Pays-Bas) le 7 juillet en raison du Covid – semble avoir échaudé Alice Finot. La championne d’Europe du 3000 m steeple portait un masque FFP2 mardi dernier lors d’un rassemblement de l’équipe de France d’athlétisme. Elle était la seule, parmi une cinquantaine d’athlètes présents, entraîneurs et cadres fédéraux. « Je n’ai rien, c’est pour me protéger »elle a expliqué.
Interrogé, le DTN Patrick Ranvier a indiqué que la FFA était très vigilante sur l’évolution des choses. « Nous avons entendu parler de la situation du judo et de la natation. Pour le moment, nous n’avons pas mis en place de mesures mais c’est possible à tout moment. Nous ne prendrons aucun risque, nous avons vu comment Cyrena a été éliminée la semaine dernière. » Elle doit faire son retour ce mardi au meeting de Lucerne (Suisse).
Les situations non sportives comme les relais, une zone potentielle de porosité
Les sports d’équipe n’échappent pas à la tendance, Victor Wembanyama et Yanis Lenne ayant tous deux officiellement contracté un syndrome » viral « Ou « grippe » et déclarée forfait pour un match de préparation. Actuellement, chaque basketteuse qui tombe malade est soumise à un test, et le staff technique n’hésite pas à reprendre ses homologues masculins quand l’idée leur vient de ne pas respecter le cordon mis en place pour les éloigner un peu des médias, « Ordonnance du doc, protocole Covid » on soutient que.
À l’Insep, « Nous avons mis du gel hydroalcoolique partout, rappelé les règles, encouragé les gens à consulter et à se faire tester au moindre symptôme, y compris en cas de fatigue passagère. »précise Sébastien Le Garrec. Le fait que la situation épidémique connaisse une phase descendante par rapport à la semaine précédente n’empêche pas la prudence, notamment lors des situations non sportives (transports en bus, arrêts au restaurant, retrouvailles avec les proches…), autant de sources de porosité. « Il est difficile d’être parfaitement en sécurité, l’objectif est de sensibiliser les gens aux risques qui nous guettent partout », Il poursuit. Le relais de la flamme au contact de la foule, auquel participaient encore le 14 juillet quelques sportifs engagés comme Sasha Zhoya ou Nicolas Batum, en fait partie.
Contactée, la direction de la communication de Paris 2024 a répondu qu’une fois les Jeux lancés, l’organisation suivrait les indicateurs en accord avec le ministère de la Santé et Santé publique France, et a souligné la mise en place de plans de contingence pour toutes les infections respiratoires et autres, dont le Covid. Des bornes de gel seront installées au restaurant du Village et à la Polyclinique. Pour l’instant, le port systématique du masque n’est pas prévu.