Dans leur volonté d’augmenter les impôts, les députés de la Commission des Finances se sont, bien involontairement, privés d’une grande partie du produit de la contribution exceptionnelle sur les ménages français les plus riches censée garantir un taux d’impôt minimum de 20 %. Une contribution qu’ils viennent de pérenniser. En clair, ce que les députés ont gagné en recettes fiscales d’un côté, ils le perdent en partie de l’autre !
Comment est-ce possible ? Sous l’impulsion du Modem Jean-Paul Mattei, la Commission des Finances a adopté à la majorité une augmentation à 30 % de l’impôt forfaitaire créé par Emmanuel Macron au nom de la justice fiscale. Il passerait ainsi à 33 %. Une manière d’ébranler l’un des symboles de la politique économique du chef de l’Etat et de Bruno Le Maire. Mais cela revient en fait à rendre inopérant le mécanisme prévu par le gouvernement Barnier.
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Zéro intérêt. Pour quoi ? Pour le comprendre, il faut entrer dans la technique fiscale. Actuellement, l’impôt forfaitaire de 30 % comporte deux parties. Le contribuable paie 17,2% de cotisations sociales pour financer la Sécurité sociale d’une part et 12,8% d’impôt sur le revenu d’autre part. Un taux de 12,8 % qui permettait aux contribuables fortunés, dont les revenus sont essentiellement, voire entièrement, composés de revenus du capital (au travers de dividendes) de bénéficier d’un taux d’impôt sur le revenu inférieur à 20 %. L’impôt minimum de 20 % annoncé dans le projet de loi de finances a donc porté, en effet, l’impôt forfaitaire à 37,2 % (17,2 % de cotisation sociale + 20 % d’impôt sur le revenu) pour 24 300 foyers fiscaux, ceux dont les revenus dépassent 250 000 euros par action (500 000 euros pour un couple).
En augmentant l’impôt forfaitaire pour tous les contribuables de 30 % à 33 %, l’amendement Mattei augmente en réalité la part de l’impôt sur le revenu de l’impôt forfaitaire unique de 12,8 % à 15,8 % pour tous. Si l’on ajoute à cela la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus mise en place à l’époque de Nicolas Sarkozy, cela donne… 19,8 %. C’est presque le taux minimum de 20 % prévu par le gouvernement Barnier !
Même si tous les contribuables concernés par l’impôt minimum ne sont sans doute pas au taux maximum de 4% de la cotisation exceptionnelle, le rendement des 2 milliards, déjà sujet à caution, serait donc très fragilisé. Avec un impôt forfaitaire à 33 %, le bénéfice du système imaginé par le gouvernement Barnier est en fait quasiment nul.