comment l’Élysée déroule le tapis rouge aux investisseurs étrangers
« Nous n’avons jamais reçu autant de demandes de participation » s’exclame un conseiller de l’Élysée. Depuis sept ans, Emmanuel Macron déroule le tapis rouge à des patrons internationaux triés sur le volet. Ce lundi 13 mai, à Versailles, ils seront 180 patrons de différents secteurs d’activité pour discuter et se laisser convaincre par le gouvernement que c’est en France qu’il faut investir.
Qu’est-ce que Choisir la France ?
En français : « Choisir la France ». Implantez ou développez votre entreprise en France plutôt qu’ailleurs. Ce sommet dirigé par Emmanuel Macron cherche à démontrer « l’attractivité de la France pour attirer les investisseurs sur les territoires » explique un conseiller à l’Elysée. En 2023, 28 projets annoncés pour un total de 13 milliards d’euros d’investissement. Mais sur l’ensemble de l’année, 1 194 projets de mise en œuvre ou d’extension ont été identifiés.
Selon le baromètre EY, la France est depuis cinq ans le pays d’Europe le plus attractif pour les investisseurs étrangers. «Grâce à la stabilité de notre politique économique et fiscale depuis sept ans. Grâce à l’accès à une énergie décarbonée ou à notre stratégie de simplification pour accéder au foncier clé en main », on se félicite à l’Élysée. Le thème de cette année ? La France, terre de champions. Année olympique oblige.
Qui sera présent ?
Environ 180 patrons étrangers ainsi qu’une soixantaine de patrons français issus de secteurs d’activité très différents. Ainsi, les dirigeants d’ArcelorMittal, JP Morgan, Bank of America, Goldman Sachs, Coca-Cola, AstraZeneca et Novartis dans le domaine de la pharmacie seront présents. Et Envision, JD, Air Products dans les zones industrielles. Parmi tous les dirigeants, 30 % n’ont jamais assisté au Sommet. Cinq patrons nigérians seront présents ainsi que sept Indiens. 20 % seront des patrons nord-américains et 20 % asiatiques. L’Élysée souligne le retour des investisseurs asiatiques. « Après le Covid, il nous a fallu plus de temps pour renouer les relations avec l’Asie » » reconnaît un conseiller.
L’Élysée est convaincue qu’en bénéficiant d’une oreille attentive du Président, les projets pourront se concrétiser. « Depuis trois ans, nous proposons des séances privées d’une dizaine de dirigeants avec le Président sur un sujet ». Cette année, l’intelligence artificielle et l’industrie verte seront au programme de deux sessions. Des rencontres individuelles sont également prévues avec les patrons d’AstraZeneca, Novo Nordisk, Arcelor Mittal et d’autres. « Parfois, vingt minutes avec le Président permettent à un dirigeant de prendre une décision » nous explique-t-on à l’Elysée.
À quelles annonces faut-il s’attendre ?
Plusieurs entreprises devraient annoncer vouloir investir dans l’intelligence artificielle et l’informatique en France, mais le ministère de l’Économie a pour l’instant avancé cinq projets dans des secteurs variés (engrais, nickel, aéronautique, robot ménager, chimie) et trois autres. auprès des banques qui embaucheront à Paris. Le plus gros projet à ce stade, en euros, concerne une potentielle usine d’engrais : 1,3 milliard d’euros d’investissement pour une usine dans la Somme du consortium européen FertigHy. Un investissement d’Amazon de 1,2 milliard d’euros a également été annoncé, dans ses infrastructures logistiques et web, avec la création de plus de 3 000 emplois.
Encore un investissement de 300 millions d’euros cette fois, pour 200 emplois, pour la création d’une usine de raffinage de nickel en Nouvelle-Aquitaine. Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium en Nouvelle-Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement de batteries.
La banque américaine Morgan Stanley, qui est passée de 150 à 400 salariés en France en trois ans, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).
Et en Occident ?
Au moins quatre annonces devraient concerner l’Occident ce lundi 13 mai. L’entreprise américaine Kenvue, qui fabrique des produits de santé et de beauté (Neutrogena, Biafine…) devrait investir 10,7 millions d’euros dans l’Eure pour agrandir ses chaînes de production. 45 emplois en jeu. La filiale portugaise Sparkfood a récemment acquis 89% de la société bretonne BCF Life Sciences, basée à Pleucadeuc (Morbihan) et spécialisée dans la production d’ingrédients à haute valeur ajoutée à base de kératine. Ensemble, ils ont à cœur de continuer à investir en France « grâce à l’extension d’un troisième site de production qui nécessitera un investissement de 65 millions d’euros et créera plus de 40 nouveaux emplois en Bretagne », indique le ministre de l’Attractivité, Franck Riester. Le cimentier suisse Holcim va investir 60 millions d’euros en France en faveur de la décarbonation et prévoit d’embaucher 40 personnes. L’usine de Saint-Pierre-la-Cour en Mayenne est concernée par ce plan national.
Enfin, le groupe GSK, qui produit notamment du Ventolin, devrait annoncer la modernisation de trois sites pour un total de 140 millions d’euros d’investissement. Les sites d’Évreux et de Mayenne seraient concernés.
Les annonces des années précédentes se sont-elles concrétisées ?
«Nous avons une surveillance très active» promet un conseiller. Depuis 2017, plus de 300 usines ont été construites en France. « Même si certains projets sont redéfinis, ils restent souvent dans les délais. » Par exemple, sur le milliard d’investissements annoncé par Pfizer l’année dernière » 700 millions d’euros ont déjà été gagnés à ce jour » justifie l’Élysée. Autre exemple à Dunkerque, où plusieurs entreprises étrangères se sont implantées, générant près de 20 000 emplois.