La libération de cette monnaie, devenue impopulaire ailleurs sur le continent, a été imposée dans leurs discours au nom de «souveraineté économique». Bien que plusieurs pays se soient déjà engagés dans cette voie, aucun n’a encore approuvé la sortie du CFA. Le Sénégal pourrait-il lancer le bal ? Et avec quelles conséquences ?
Un vieux débat
Le chercheur indépendant en économie et sciences sociales Martial Ze Belinga rappelle que le franc CFA, créé en 1945 par la France pour ses colonies, fait polémique depuis ses débuts. » La volonté de sortir du franc CFA apparaît aujourd’hui prédominante mais elle est presque aussi ancienne que la monnaie elle-même. Dès que les anciennes colonies ont proclamé leur indépendance, plusieurs intellectuels, chercheurs et économistes écrivaient déjà que le maintien d’une monnaie coloniale imprimée et gouvernée par la France heurtait le principe de souveraineté politique. Cette protestation a crescendo avec les chocs financiers des décennies successives. Je pense aux dévaluations des années 1960 (…) ou 1994 où les pays du Franc CFA ont perdu près de la moitié de leur pouvoir d’achat extérieur. Les chefs d’État ont résisté autant qu’ils ont pu, mais sans succès. De crise en crise, la notion de souveraineté monétaire est devenue incontournable. »
Le cours de l’histoire
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Différentes portes de sortie
Maintenant que le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye semble prêt à tenir sa promesse de campagne, plusieurs options se présentent pour envisager la sortie des Sénégalais du Franc CFA. « La France peut tout d’abord décider de mettre elle-même un terme à cette expérience au vu de ses effets diplomatiques néfastes, souligne Martial Ze Belinga. La réputation française est aujourd’hui très écornée sur le continent africain par le maintien du Franc CFA. Je pense qu’un retrait spontané serait dans l’intérêt et l’honneur de la France. L’autre option serait une sortie collective de tous les pays utilisant le Franc CFA et leur adoption d’un autre schéma monétaire. Cela est d’autant plus possible que les États ouest-africains envisagent un tel projet depuis les années 1980.. (…) C’est l’idée qui domine actuellement, mais il n’est pas exclu qu’un pays puisse aussi faire cavalier seul et changer sa monnaie de manière indépendante. »
Cultures du monde
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