C’est dans cet esprit qu’ils ont ordonné à leurs candidats et à leurs équipes sur le terrain de ne pas perdre de temps à essayer de combattre Farage, même s’ils le considèrent comme « toxique » en raison de sa politique populiste, anti-immigrés et anti-européenne. C’était un cas de « l’ennemi de votre ennemi », a révélé un haut responsable du Parti travailliste.
« Ce n’est pas une évolution saine pour la politique britannique que de voir Nigel Farage se déchaîner dans le pays et attiser les divisions », a déclaré un conseiller du parti. « Mais nous savons aussi qu’en termes d’élections, les plus grands perdants de cette situation sont Rishi Sunak et les conservateurs. »
Cette décision est typique de la détermination impitoyable qui a caractérisé la campagne électorale de Starmer. Morgan McSweeney, le directeur de campagne du Parti travailliste, a étudié les méthodes utilisées avec des effets dévastateurs par le doyen des stratèges conservateurs, Lynton Crosby, pour assurer la victoire des conservateurs en 2015. Déployant le manuel de Crosby, qui repose sur une discipline de message implacable, une résilience et une concentration sans faille, McSweeney a orchestré la campagne la plus efficace de l’histoire, remportant plus de 60 % des sièges au Parlement avec seulement 34 % des voix.
Les informations sur les stratégies de campagne du parti travailliste sont révélées dans Glissement de terrain : l’histoire interne des élections de 2024un livre à paraître sur le vote de juillet qui a propulsé le parti travailliste de Starmer au pouvoir et mis fin à 14 ans de règne des conservateurs. Les auteurs ont parlé à des personnes impliquées à tous les niveaux des principaux partis, dont beaucoup ont requis l’anonymat pour révéler des détails sensibles sur les campagnes.
La décision du Parti travailliste d’accorder un laissez-passer gratuit à Farage a eu des conséquences dramatiques. Certaines analyses suggèrent que les conservateurs de Sunak ont perdu jusqu’à 80 sièges au Parlement parce que les candidats de Farage ont divisé les voix de droite, ce qui a permis au Parti travailliste de gagner. Si ces voix réformistes avaient été accordées aux candidats conservateurs, la majorité de Starmer aurait été considérablement plus faible.
Au final, le parti Reform UK a remporté 4,1 millions de voix (14 % du total des voix) et cinq sièges au Parlement. Pour Farage, il s’agit d’un moment décisif, puisqu’il a remporté son premier siège après plusieurs tentatives infructueuses dans le passé. Il a désormais pour objectif de dépasser les conservateurs, qui ont subi leur pire défaite de leur histoire, et a même suggéré que le parti Reform pourrait remporter les prochaines élections en 2029.
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