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Comment le hit gay YMCA est-il devenu l’hymne de Donald Trump ?

Comment le hit gay YMCA est-il devenu l’hymne de Donald Trump ?

Le nouveau président des États-Unis, grand opposant au mouvement LGBT+, a utilisé le titre Village People lors de ses meetings de campagne présidentielle. Un choix surprenant, mais mûrement réfléchi par le milliardaire.

Détournement, nostalgie surannée, goûts personnels, conservatisme idéologique malavisé… Comment YMCALe tube culte des Village People de 1978 pourrait-il devenir l’hymne de Donald Trump ? Cette question se pose car l’homme politique républicain, tout juste élu dans la nuit du 6 novembre 47ème président des Etats-Unis, s’est déhanché tout au long de sa campagne présidentielle au son d’un rythme entraînant, qui très vite après sa sortie planétaire, s’était transformé en un symbole de la communauté gay. Un choix artistique qui semble paradoxal, compte tenu de ses idées conservatrices et de son opposition affichée à la reconnaissance des droits des personnes LGBT+.

Historiquement, il n’est pas anodin de rappeler que la chanson YMCA fait référence à la Young Men Christian Association, une association caritative protestante assez sérieuse. C’est la chorégraphie spectaculaire, ses paroles prosélytes et ses refrains accrocheurs qui ont fait de ce titre un porte-étendard de la communauté gay dans les années 70. Et depuis 2020, en hymne républicain fourre-tout qui rythme les meetings du candidat Trump. Cette curieuse appropriation a intéressé de nombreux analystes de l’action politique américaine.

Pour certains exégètes, il ne s’agirait que d’un simple choix personnel du président, loin de toute forme de symbole. «  Pour lui, c’est avant tout : «C’est ma bande originale, c’est moi. Je vais le faire écouter aux gens là-bas.analyse Dana Gorzelany-Mostak, fondatrice et éditrice du projet de recherche Trax on the Trail, qui étudie l’influence de la musique dans les campagnes présidentielles américaines, à Radio-Canada.

Le Républicain de 78 ans, ce n’est pas un détail ici, sélectionnerait les chansons qui lui plaisent, principalement des morceaux sortis avant les années 90. Ses choix musicaux sont avant tout le reflet de son célèbre slogan utilisé lors des trois dernières campagnes présidentielles : «  rendre à l’Amérique sa grandeur ». Il met en avant des artistes qu’il a côtoyés dans les années 80, époque de gloire où il était un riche homme d’affaires doté d’un fort pouvoir d’influence.

Le cliché américain dans toute sa splendeur

Elvis, les Rolling Stones, AC/DC et donc Village People, Donald Trump mettent majoritairement en avant les artistes masculins. D’après une analyse de Tribune des étoiles du Minnesota (ci-dessous) publié en août 2024, 71 % de la musique utilisée par le leader républicain lors de ses meetings est interprétée par des hommes. «  C’est une musique écrite par des hommes pour des hommes, car elle reflète des valeurs masculines. Ces chansons glorifient le rebelle, le combattant, le rebelle et le vainqueur, incarnant ainsi la perception que Trump a de lui-même. »décrypte Dana Gorzelany-Mostak.

71 % des chansons utilisées par Donald Trump lors de ses meetings sont interprétées par des hommes.
Le Minnesota Star Tribune

Et même si YMCA est considéré comme un «  gay tube »le président américain le cache, sans jamais y faire référence. Au contraire, plutôt que d’entendre le message transmis par les Village People, Donald Trump n’y voit que son côté nostalgique. Une musique à l’américaine, pleine de clichés, à l’image des costumes portés par le groupe new-yorkais : un cowboy, un indien, un motard, un policier, un ouvrier et un soldat. Le clip de YMCA est un véritable retour dans le temps, une arme cachée utilisée par le milliardaire américain dans sa quête d’un retour à une Amérique idéalisée. Le titre, en effet, est sorti en 1978, à une époque où les États-Unis étaient animés par des valeurs familiales et un patriotisme revendiqué selon la grille de lecture de Donald Trump. Ainsi, conclure chaque meeting de campagne avec les Village People aurait permis au candidat républicain de refaire surface. «  les bons moments du passé » aux 45-64 ans, son électorat le plus captif (53 % des suffrages en 2024).

Première utilisation en 2020

L’origine de toute cette appropriation politico-artistique remonte à la pandémie, plus précisément aux premières manifestations contre les confinements menées par les milices d’extrême droite américaines. L’État du Michigan, remporté par Donald Trump en 2016, avait alors été le théâtre de nombreuses manifestations. Et c’est ce jour-là que YMCA est apparu pour la première fois. Pour mémoire, les pro-Trump ont envahi l’enceinte du State Capitol, au rythme du hit des Village People.


 » Ces chansons glorifient le rebelle, le combattant, le rebelle et le vainqueur, incarnant ainsi la perception que Trump a de lui-même. »

Dana Gorzelany-Mostak

YMCA est immédiatement devenu l’hymne des manifestations anti-confinement du camp républicain. De plus, son inscription au National Recording Registry de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis le transforme du même coup en une valeur patrimoniale presque sacro-sainte. Tout cela profite à Donald Trump qui s’approprie rapidement ce single, désormais doublé «  culturel et historique ».

Les Village People portent plainte en 2020

En novembre 2020, alors qu’il vient de perdre l’élection présidentielle, Donald Trump est la cible d’une plainte de Richard Malka, avocat français des Village People. Les ayants droit lui reprochent d’avoir utilisé leur œuvre musicale sans autorisation dans les derniers jours de sa campagne électorale. «  La chanson mondialement connue YMCA, interprétée par les Village People, a fait l’objet d’une utilisation massive et non autorisée par le candidat Donald Trump et son équipe, aussi bien lors de ses meetings que comme bande originale. d’une vidéo promotionnelle diffusée dans le monde entier », plaide l’avocat français.

Pour le conseil du groupe de musique new-yorkais, c’était une utilité «  illicite »d’un «  vol pur et simple des biens d’autrui »qu’il «  je n’aurais jamais accepté ». Tout cela va durer longtemps, et cette action en justice n’a pas empêché le candidat Trump d’utiliser les Village People frappés lors de sa campagne de 2024.

Donald Trump danse YMCA (2020)

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