Remboursement des protections hygiéniques, traitement de l’endométriose… Voici les tops et les échecs des pouvoirs publics en matière d’hygiène menstruelle.
Depuis 10 ans maintenant, le 28 mai marque la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, qui correspond entre autres à la capacité à gérer son cycle de manière saine (notamment en ayant accès à une protection adaptée).
Un droit qui n’est pas toujours pleinement satisfait, surtout quand on sait que dans le monde, 1 femme sur 4 n’a pas accès aux produits et équipements nécessaires à la gestion de son cycle menstruel. (1)
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, les Françaises ne sont pas forcément mieux loties. Selon le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, 4 millions de personnes en période de règles manquent de protection hygiénique en Francealors que » 1 femme sur 3 est confrontée à l’insécurité menstruelle, notamment chez les jeunes « .
Inégalités de genre persistantes, normes sociales conservatrices, indifférence des pouvoirs publics… Si de nombreux éléments ont longtemps fait obstacle à l’hygiène menstruelle, de nombreuses améliorations ont été observées ces dernières années, notamment du côté du gouvernement.
(1) Selon l’ONG Plan International
Bientôt un remboursement pour les protections hygiéniques !
Des pouvoirs publics plus impliqués signifient également de grands progrès. En 2023, 30 millions de produits de protection périodique gratuits ont été distribués dans toute la France, et le gouvernement prévoit un budget de 5,4 millions d’euros pour poursuivre la même action en 2024. Les principaux points de distribution ? Les lieux où se trouvent les personnes les plus touchées par la précarité menstruelle, à savoir les centres d’hébergement, ou encore les épiceries solidaires et étudiantes.
Autre projet du gouvernement : plus de transparence concernant les produits périodiques jetables (tampons, serviettes hygiéniques). Ce n’est plus un secret, ces protections contiennent certains composants chimiques nocifs. Et pourtant, jusqu’à présent, les distributeurs n’avaient aucune obligation d’afficher la composition des produits. Une faille à laquelle le décret voté en décembre 2023 a pu répondre : ce dernier encadre l’affichage des composants et les risques sanitaires associés.
Mais surtout, et c’est peut-être la mesure la plus innovante et inattendue de la part du gouvernement, les protections hygiéniques réutilisables seront remboursées par le Sécurité sociale d’ici septembre 2024. Egalement promulgué en décembre 2023, le projet est inscrit dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
Si aucune liste officielle n’a encore été dévoilée, les produits concernés devraient bien évidemment être les coupes et culottes menstruelles, ainsi que les serviettes hygiéniques lavables. Ils doivent cependant respecter certaines normes environnementales et sanitaires attestant de leur qualité.
- Les protections hygiéniques réutilisables seront couvertes à la hauteur de 60% pour tout le monde moins de 26 ans.
- Pour les personnes bénéficiant de la Complémentaire Santé Solidaire (CSS), le soutien sera de 100%peu importe l’âge.
- Les 40 % restants pourraient, selon la loi, être pris en charge par une complémentaire santé dans la majorité des cas.
- Pour bénéficier d’un remboursement, vous devez passer par la case pharmacie, sans avoir à présenter d’ordonnance médicale.
Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir…
Si l’initiative est louable, les contours de la réforme restent flous et les modalités exactes de mise en œuvre n’ont pas encore été clairement communiquées. Résultat, des interrogations persistent, et certains pointent même déjà les limites possibles de cette nouvelle mesure.
La critique qui revient le plus souvent ? Le côté exclusif de la loi. Si les plus précaires sont aussi généralement les plus jeunes, tous ne bénéficieront pas d’un remboursement complet : seuls les bénéficiaires du CSS seront concernés, mais les autres devront s’adresser aux mutuelles de santé pour finaliser leur remboursement. Cependant, selon une étude de l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé, près de 5% des 15 à 24 ans ne disposent pas d’une mutuelle.
Autre question en suspens : les frais seront-ils avancés pour payer les protections réutilisables ? Sachant qu’ils coûtent en moyenne entre 15 et 30 €, et qu’un seul produit suffit rarement pour tout un cycle, il va de soi que les personnes les plus précaires ne pourront pas forcément avancer une telle somme.
Aujourd’hui déjà, certaines mutuelles, principalement les mutuelles étudiantes, proposent des forfaits pour le remboursement des protections hygiéniques. C’est le cas par exemple des mutuelles d’assurance Hey moiqui propose un forfait de 60 € par an pour des protections réutilisables. 💰 À partir de 9,90 €/mois !
L’enfer de l’endométriose
Autre point sensible avec une énorme marge d’amélioration : la prise en charge de l’endométriose. Elle peut être reconnue en ALD (affection de longue durée) par l’Assurance Maladie, sans figurer sur la liste des pathologies chroniques ouvrant automatiquement droit à ce droit.
Et s’il est déjà difficile d’accéder à ce statut en tant que personne atteinte d’endométriose, En fin de compte, ce qui est le plus décevant pour les patients ALD, ce sont les frais ridiculement élevés qu’ils doivent payer.. En effet, les remboursements se basent sur les tarifs convenus de l’Assurance Maladie, et pour consulter par exemple un gynécologue spécialisé dans l’endométriose, il faudra souvent payer d’énormes dépassements d’honoraires, qui ne seront jamais pris en charge par la Sécurité sociale.
Pour soulager les douleurs chroniques, beaucoup ont recours à des techniques alternatives, comme aller chez un physiothérapeute. Mais encore une fois, les prix sont réglementés.
Les médecines alternatives (ostéopathie, acupuncture…) sont également connues pour être d’une grande aide dans les maladies chroniques comme l’endométriose, mais elles ne sont pas prises en charge par la Sécurité Sociale… Même en ALD. Encore ici, il faudra compter sur les mutuelles de santé pour bénéficier de vrais soins.
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