Les ministres assisteront dimanche au traditionnel défilé du 14 juillet depuis la tribune présidentielle, tandis que tous les regards seront tournés vers la nouvelle Assemblée nationale, où des députés de tous bords négocient pour tenter de former un nouveau gouvernement.
« Cela aurait pu être pire. On aurait pu avoir Bardella assis à côté de Macron dans la loge présidentielle », soupire un ancien conseiller du gouvernement. En l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale et alors qu’aucun accord de coalition gouvernementale n’a été trouvé à cette heure, c’est le gouvernement de Gabriel Attal, toujours pas démissionnaire, qui sera aux côtés du président de la République pour les festivités du 14-Juillet, prévues dimanche. Outre le contexte politique inédit, le cadre sera moins grandiose que les années passées, puisque le traditionnel défilé militaire aura lieu sur l’avenue Foch et non sur les Champs-Elysées, réquisitionnés pour les Jeux olympiques de Paris.
Au programme de cette édition 2024 : « Les 80 ans du débarquement en Normandie et en Provence, et les JO, douze jours avant la cérémonie d’ouverture des JO 2024 »précise le site du ministère des Armées. La flamme olympique profitera de cette occasion « ses premiers pas dans la capitale »C’est le sujet qu’aura à l’esprit la ministre des Sports. Amélie Oudéa-Castéra « sera présent au défilé du 14 juillet et à l’étape parisienne du relais de la flammeassure son entourage. Elle se concentre sur la mise au point des derniers paramètres de l’organisation des Jeux.
Patricia Mirallès, secrétaire d’État aux anciens combattants et à la mémoire, assure également qu’elle est à ce moment « toujours ministre » et ayant repris ses dossiers, comme les commémorations de la « 80 ans du débarquement en Provence ». L’ancienne députée, qui s’est retirée entre les deux tours dans sa circonscription de l’Hérault pour faire barrage au Rassemblement national, assistera donc au défilé.
Au sein du gouvernement, elle n’est pas la seule à ne pas avoir été réélue. « Je suis fier d’avoir bloqué le RN dans ma circonscription et d’avoir pris mes responsabilitésconfie Fadila Khattabi, la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées. Je suis aussi soulagée de voir que le RN n’a pas la majorité. Pour moi, c’est l’essentiel. » C’est dans cet état d’esprit « plutôt serein » que la ministre, nommée fin juillet 2023, participera à son premier défilé, depuis la tribune présidentielle.
Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté et de la Ville, qui s’est également retirée pour contrer l’extrême droite à Marseille, en vain, sera également présente. « J’ai le sens de la hiérarchie, c’est la fête nationale. On ne nous demande pas des états d’esprit mais du service », elle livre, tout en reconnaissant que « Pour le gouvernement, mais aussi pour la France, ce sera un 14 juillet étrange pour tout le monde. »
« Il y a des situations pires que d’être ministre et d’être invité au 14 juillet. C’est la fête nationale, je tiens à mon rang. Il faut tenir son rang. »
Sabrina Agresti-Roubache, Secrétaire d’Etat chargée de la Citoyenneté et de la Villeà franceinfo
La perte de son siège de députée ? « Je suis trop novice en politique pour en faire une maladie et puis, la vie est longue »elle balaie. « Aucun » Pas de nostalgie non plus pour le ministre de la Transformation et de la Fonction publique, Stanislas Guerini, battu à Paris par le candidat écologiste du Nouveau Front populaire. Lui aussi sera présent à la tribune présidentielle : « Pour moi, c’est le sens le plus élémentaire de la responsabilité. » D’autres ministres n’étaient pas candidats aux législatives et savent qu’une page de leur vie politique se tourne également. C’est le cas de Bruno Le Maire, resté en poste à Bercy pendant sept ans, et qui fera lui aussi partie du défilé. « Il fera son travail pour le pays jusqu’au bout. »met l’accent sur ceux qui l’entourent.
Cependant, quelques jours avant les célébrations, une incertitude planait sur la présence des membres du gouvernement le 14 juillet. « Je serai probablement là, si nous sommes toujours en activité à ce moment-là. »a confié mercredi le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave, réélu en Gironde. « Le 14 juillet, c’est encore loin »« Nous sommes très heureux de vous annoncer que nous avons eu le plaisir de vous accueillir à Angers. Nous avons hâte de vous retrouver », a souri, le même jour, le ministre délégué à l’Europe, Jean-Noël Barrot, réélu dans les Yvelines. Mais la plupart des membres du gouvernement seront présents aux côtés du chef de l’Etat, à l’exception du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui sera à Angers. Ce proche d’Édouard Philippe devrait bientôt y retrouver son siège de maire.
Chacun sait qu’ils pourraient potentiellement rester longtemps en poste au sein d’un gouvernement qui ne serait chargé que de gérer les affaires courantes. Mercredi, dans une lettre adressée aux Français, le chef de l’État a demandé aux « forces républicaines » de « construire une majorité solide »tout en considérant qu’il est nécessaire « laissons le temps aux forces politiques de construire ces compromis dans la sérénité et le respect de tous »Un appel immédiatement fustigé par une grande partie de la classe politique, et notamment de la gauche. Au gouvernement, on se fait donc peu d’illusions sur une issue rapide.
« Cela peut encore durer des mois, la situation politique n’est pas stable. Et puis, Emmanuel Macron met déjà deux mois à former un gouvernement avec les siens, alors maintenant… »soutient un membre du gouvernement. « Nous continuerons aussi longtemps qu’il le faudra, nous attendrons »ajoute un conseiller ministériel. En attendant, Un siège à la tribune présidentielle, traditionnellement réservé à la quatrième personne la plus haut placée de l’Etat, restera vide : celui du président de l’Assemblée nationale. Car les députés ne procéderont pas avant le 18 juillet au vote pour savoir qui occupera ce perchoir.
Du côté des députés, la plupart devraient être dans leurs circonscriptions pour les festivités du 14 juillet, à l’image de Geneviève Darrieussecq, ancienne ministre et députée réélue dans les Landes. « Restons tous modestes. Le plus important ce n’est pas la représentation du gouvernement dans les tribunes mais le défilé, les hommes et les femmes qui y participent et leurs unités honoréeselle remet les choses en perspective. Les Français adorent cet événement et c’est surtout le défilé qu’ils regardent !