Comment le fossé s’est encore creusé entre François Ruffin et ses anciens camarades de La France Insoumise
Le député picard, qui avait rompu avec LFI pendant la campagne des législatives, a relancé cette semaine l’offensive contre son ancien parti politique, s’attirant une pluie de critiques.
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Déjà dégradées depuis deux ans, les relations entre François Ruffin et les élus insoumis proches de Jean-Luc Mélenchon sont devenues explosives ces derniers jours. Le député de la Somme a accusé le deuxième d’avoir « partie abandonnée de la France » et poussé vers une campagne communautariste, tandis que les cadres frondeurs défendaient leur chef. Alors que la Fête de l’Huma s’achève dimanche 15 septembre, franceinfo revient sur cette querelle qui divise la gauche.
1 François Ruffin critique le fonctionnement du parti et sa stratégie
François Ruffin ne retient plus ses attaques sur le fonctionnement de son ancien parti politique, avec lequel il a rompu pendant la campagne des législatives. Interviewé mercredi sur le plateau de BFMTV, il décrit un parti «« là où il y a la peur, (…) là où il n’y a pas de place pour le débat, la discussion, la contradiction, l’échange et le dépassement des contradictions ». Dans son livre Ma France entière, pas la moitiépublié le même jour, François Ruffin critique ouvertement la ligne LFI, son fonctionnement interne, mais aussi la relation avec le peuple de son fondateur, Jean-Luc Mélenchon, qu’il accuse notamment de « (à remettre) « à jour » une forme de « snobisme de gauche ».
Selon François Ruffin, l’ancien candidat à la présidentielle a « tout est tourné vers la jeunesse et les quartiers populaires » Et « abandonné le reste »il a expliqué à la Nouvelle Obs, à propos des travailleurs, « ouvriers » et les résidents ruraux. Le député de la Somme décrit une « campagne faciale » qu’il affirme avoir mené lors des élections législatives de 2022 et souligne la« épouvantail » ce que, selon lui, Jean-Luc Mélenchon représente aux yeux de certains électeurs. « Quand je croisais un Noir ou un Arabe, je sortais la tête de Mélenchon, en grosses lettres sur les tracts. C’était un succès quasiment assuré. (…) Mais dès qu’on croisait un Blanc, pas seulement dans les campagnes, même dans les quartiers, ça devenait une barrière. (…) Alors, je présentais un autre document, sans son visage ni son nom. » il dit, disant qu’il ressentait « honte »Il s’en prend encore plus violemment à l’entourage du leader de LFI, accusé « faire la cour à Jean-Luc, porteur de fusil, porteur de serviette, porteur d’eau, pour être investi à la bonne place. »
François Ruffin « il fait quelque chose qui ne me convient pas du tout, il commence à marquer un peu trop de buts contre son camp », réagit le député Eric Coquerel, suite à l’intervention de son collègue sur BFMTV. Pour un autre élu insoumis, le Marseillais Sébastien Delogu, son attitude est encore plus « pitoyable », a-t-il déclaré sur Sud Radio. Jeudi, c’était au tour du coordinateur des rebelles, Manuel Bompard, de lancer une réponse cinglante. « blessant, injuste et dangereux » du député de Picardie sont « une honte totale et pas la moitié »il a écrit sur X.
2 Un député hué lors d’un débat à la Fête de l’Huma
Invité à débattre samedi à la Fête de l’Huma avec d’autres députés de gauche sur le thème de l’union des classes populaires, le député de la Somme débarque sur la scène de l’Agora sous les huées. A ses côtés, le député insoumis Raphaël Arnault revient sur les récentes déclarations de l’élu picard, qu’il accuse d’avoir commis une « agression »« erreur politique ». « « Diviser les classes ouvrières entre elles n’est pas la bonne façon de procéder », a-t-il ajouté. affirme le membre du mouvement antifasciste La Jeune Garde, acclamé par la foule. « François, vous êtes récemment passé sur BFM, et je vous le dis avec la plus grande sincérité militante que je puisse rassembler, vous avez blessé beaucoup de camarades, notamment la jeunesse qui s’est mobilisée pendant les élections. », il lui lance à nouveau.
S’il est normal de « se disputer dans la famille », note François Ruffin, il maintient ses critiques, en demandant au public : « Quand Jean-Luc Mélenchon dit qu’il faut tout faire pour les jeunes et les quartiers populaires, et abandonner le reste, qui est d’accord avec cette ligne ? » Face à quelques mains levées, il insiste sur le fait qu’au contraire, il faut « agir pour toutes les classes ouvrières »convaincu qu’il y a « un immense terrain commun entre la France des villes et la France des tours, et un chemin pour les unir. » Pas question d’y aller « séduire les racistes »rétorque Raphaël Arnault, tandis qu’au moment de clore le débat, certains scandent « François Ruffin n’est pas un camarade », tandis que d’autres applaudissent le député de la Somme.
Lors de son meeting, Jean-Luc Mélenchon tente l’apaisement : « Oui (…) on essaie d’amener les gens populaires des quartiers à voter en masse. (…) Venez avec nous ! Ou, s’il y a des populations qui vous sont plus familières, des centres-villes qui vous sont plus accueillants que nous, eh bien (…) convainquez-les de venir », il dit.
Depuis la Fête de l’Huma encore, les partenaires de LFI au sein du Nouveau Front populaire appellent à l’apaisement. « Arrêtez le feu », s’exclame le chef des communistes, Fabien Roussel. Quant à l’écologiste Marine Tondelier, elle invite ses alliés politiques à ne plus « se donne(r) « à l’affiche ». Parce que pendant ce temps, « les autres mangent du pop-corn ».
3 Les réactions continuent à gauche
Le député LFI Raphaël Arnault s’exprime à nouveau dimanche, cette fois sur X. « S’il était bon d’aborder certains points hier, notamment avec François Ruffin, il est essentiel de rappeler que si les choses s’enflamment parfois à l’Agora, nos ennemis ne sont certainement pas à la Fête de l’Huma »écrit l’élu, qui appelle à « Construire l’unité contre le fascisme« , « Peu importe nos différences. »
«François Ruffin a blessé et déçu des gens», réagit Mathilde Panot, interrogée sur France 3 au sujet de l’incident de la veille. « C’est ce qui s’est exprimé lors de cette Fête de l’Humanité et cela ne vient pas seulement des rebelles (…). Nous nous adressons à tous les citoyens de ce pays », affirme le chef des députés LFI.
Du côté du Parti socialiste, l’ancien président et nouveau député François Hollande partage l’analyse de François. Ruffin sur le fonctionnement de la France insoumise. Il « dit de l’intérieur de LFI ce que nous disons de l’extérieur depuis longtemps : une dérive sectaire, communautariste, brutale et une stratégie minoritaire », il le croit sur le plateau du « Grand Jury » de RTL-Le Figaro-Sénat Public-M6.
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