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comment le forfait de train illimité pour 49 euros a survécu à un bras de fer avec les régions

comment le forfait de train illimité pour 49 euros a survécu à un bras de fer avec les régions

Quasiment enterré mercredi 3 avril au matin, le « rail pass » a repris des couleurs en fin de journée. Cette promesse d’Emmanuel Macron pourrait enfin voir le jour cet été, a annoncé Patrice Vergriete, mais dans une formule largement revue et à titre expérimental. Il s’agit d’une petite victoire pour le ministre, qui avait précédemment alerté franceinfo sur une possible annulation de cette mesure à visée écologique et sociale, accusant trois régions de bloquer les négociations. Ce pass devrait permettre à 700 000 jeunes de moins de 27 ans de voyager en illimité à bord des trains régionaux pour un forfait de 49 euros par mois, entre juin et septembre. Franceinfo vous explique les tenants et aboutissants du bras de fer politique entre l’exécutif et les régions, qui a marqué les modalités de la mesure.

Un engagement présidentiel prévu en mars

Interrogé le 4 septembre 2023 par le YouTubeur Hugo Travers sur l’offre de train illimité à 49 euros par mois créée en Allemagne le 1er mai 2023, Emmanuel Macron promet la création de« un service similaire dans les mois à venir ». « Toutes les régions qui sont prêtes à le faire avec l’Etat, la banque »» dit-il dans une séquence consacrée à ses engagements pour l’écologie.

Le lancement du « pass ferroviaire » est alors confirmé par le ministère des Transports et prévu pour l’été 2024. Clément Beaune, prédécesseur de Patrice Vergriete, promet alors un service qui permettrait à tout voyageur, quel que soit son âge, d’utiliser le réseau ferroviaire régional en illimité. en France (TER et Intercités, mais pas TGV) au prix de 49 euros, comme en Allemagne.

Cette promesse a subi un sérieux coup dur début mars, face à des régions très inquiètes des surcoûts financiers et de la gestion des flux de passagers. Après discussions, Patrice Vergriete, qui a remplacé Clément Beaune en janvier, a finalement enterré l’idée d’un forfait pour tous valable toute l’année : le « rail pass » pour tous devient un dispositif estival réservé aux jeunes.

Un mois plus tard, le gouvernement révèle que même cette nouvelle formule passe est menacée. « Sauf changement d’orientation de la part des présidents de région, aujourd’hui encore, nous ne pouvons pas être opérationnels »affirme le ministre délégué chargé des Transports, mercredi matin, sur franceinfo. « Il manque trois présidents de région (…) HErvé Morin (centriste, Normandie)Xavier Bertrand (LR, Hauts-de-France) et Laurent Wauquiez (LR, Auvergne-Rhône-Alpes)« souligne Patrice Vergriete, concluant sur une note pessimiste : «Il n’y aura pas de ‘rail pass’ cet été.»

Trois régions convaincues après un ultimatum

Si elles ont d’abord confirmé à franceinfo mercredi leur opposition au projet du gouvernement, les trois régions concernées ont finalement accepté l’idée d’une expérimentation cet été, sans obtenir gain de cause sur toutes leurs revendications. « On a quand même accepté, parce qu’on ne veut pas pénaliser les jeunes des Hauts-de-France », explique la présidence de cette région à franceinfo. Même changement de pied du côté de l’Auvergne-Rhône-Alpes, où la Région « accepte d’expérimenter ce ‘rail pass’ cette année ».

« Mais son renouvellement, dans un an, sera conditionné à la présence de toutes les régions, sans exception. »

Frédéric Aguilera, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes

sur franceinfo

Les régions refusent toujours de donner un chèque en blanc au gouvernement, très mécontentes de la méthode pour concrétiser ce « pass ferroviaire », et des moyens alloués. Les trois présidents de région mis en cause par le ministre des Transports n’ont pas apprécié qu’il les cite publiquement. « Le gouvernement essaie de nous mettre la pression, c’est clair »on chuchote à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, abordant au passage « des déclarations assez étonnantes de la part d’un ministre avec qui la Région n’a jamais eu le moindre contact ».

Certains y ont même vu une manière pour le gouvernement de frapper l’opposition, notamment Les Républicains, et de pointer du doigt Laurent Wauquiez et Xavier Bertrand, deux personnalités aux ambitions présidentielles. « C’est clownesque de virer des présidents de région qui n’en veulent pas et, c’est curieux, ils sont tous LR, sauf Hervé Morin, mais il n’est pas dans la majorité », a dénoncé Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-de-France, sur franceinfo. De son côté, le gouvernement ne cache pas sa volonté «mettre ces trois présidents de région face à leurs responsabilités»critiquer un « opposition politique »selon le cabinet de Patrice Vergriete.

L’exclusion de l’Ile-de-France contestée

Même si elles ont fini par donner leur accord, les régions maintiennent leurs critiques à l’égard du système gouvernemental. La Normandie, les Hauts-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes pointaient le même manque : l’impossibilité d’utiliser le pass pour voyager en Ile-de-France. « Nous avions demandé que la région Ile-de-France ne soit pas exclue du dispositif, car en tant que région voisine, cela pénaliserait nos usagers »explique l’entourage de Xavier Bertrand à franceinfo, précisant qu’ils n’ont pas obtenu gain de cause.

Dans le viseur des trois présidents, les tarifs des transports en commun franciliens, augmentés à l’été 2024 dans le cadre des Jeux olympiques, et incontournables pour se déplacer d’une gare à l’autre de la capitale. «Je veux que le ‘rail pass’ s’applique dans toute la France»assure Hervé Morin à franceinfo. « Mais à ce stade, un jeune Lyonnais qui passe par Paris pour se rendre à Lille devra payer 4 euros son ticket de métro »tonne le président centriste de la région Normandie.

« Le ‘pass ferroviaire’ imaginé par le gouvernement est totalement injuste, car il concerne tous les provinciaux contraints de passer par Paris. »

Hervé Morin, président de la région Normandie

sur franceinfo

Pour l’entourage de Xavier Bertrand, certains jeunes n’auront pas les moyens de visiter la capitale : « Ceux qui veulent pPour passer la journée à visiter les musées parisiens, le château de Versailles ou aller à Fontainebleau, il faudra prendre un pass journalier illimité, le Pass Paris 2024, à 16 euros.

Les régions craignent le projet de loi

Le financement du pass a également contribué à faire traîner les négociations. Dès le mois de mars, le gouvernement avait annoncé que l’État prendrait en charge 80 % de son coût, estimé à 15 millions d’euros. Le reste devra être payé par les régions, qui financent les trains régionaux et fixent les tarifs. Un geste clairement insuffisant pour les régions. « Le président fait de grandes annonces, mais derrière, il y a toujours les mêmes effets : les régions vont devoir payer, tandis que l’Ile-de-France est exclue du système, ce qui n’a aucun sens »on s’agace de la présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

En Normandie, Hervé Morin met en avant la spécificité de sa région, qui finance seule l’ensemble de son réseau. « La Région prend en charge tous les trains, avec un flux de 64 000 voyageurs par jour, mais l’Etat propose de récupérer 85% des recettes liées à la vente du ‘pass ferroviaire’ et n’offre rien sur d’éventuelles pertes pour le réseau normand », explique-t-il à franceinfo. Le centriste juge en outre le coût total « largement sous-estimé » : « Le gouvernement nous donne des chiffres fantaisistes, cela montre son improvisation sur ce sujet »il tacle.

De nombreux détails concrets restent donc à régler lors des futures discussions entre le gouvernement et les régions. En 2020, des discussions avaient déjà permis de mettre en place, pendant deux étés consécutifs, un abonnement jeunesse TER à 29 euros par mois, valable partout en France, sauf en Ile-de-France.

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