Le « Off », qui ouvre ce mercredi, est désormais un incontournable pour les compagnies et les programmateurs. Nombre record de représentations, public fidèle, rayonnement international… Le petit frère du In a largement gagné ses lettres de noblesse.
Publié le 3 juillet 2024 à 06h30
PASNombreuses sont les compagnies qui se ruent chaque année au Off d’Avignon, espérant voir leur spectacle programmé pour la saison suivante. Une question de visibilité ou de simple survie. Au vu des chiffres fous de cette édition 58et édition — 1 666 représentations, un record !, et près de 25 000 spectateurs en lever de rideau, en légère baisse par rapport à l’an dernier — un tel pari paraît audacieux. Comment se démarquer dans une telle forêt de propositions ? « Le Off est aujourd’hui le centre névralgique du spectacle vivant indépendant en France », assure Hugues Leforestier, vice-président d’Avignon Festival & Compagnies (AF&C), l’association en charge de l’organisation du festival. « C’est le seul endroit où les programmateurs peuvent voir autant de spectacles. » Et leurs achats aussi.
Car, contrairement à Paris, souvent inaccessible pour les troupes, Avignon reste un choix financièrement raisonnable pour nombre d’entre elles. Et ce, malgré la forte inflation des prix des loyers ces dernières années. « Le public est fidèle et va en nombre au théâtre », explique Harold David, arrivé en 2022 à la tête du festival aux côtés de Laurent Domingos. Preuve en est, l’an dernier, le festival a généré près de vingt-sept millions d’euros de recettes grâce aux 1 955 000 billets vendus.
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Pourtant, le coprésident de l’AF&C se souvient « d’une époque pas si lointaine où il était presque dégradant pour les artistes de venir jouer au Off. » La crise financière de 2008, les coupes dans les subventions qui ont suivi et l’augmentation de la qualité des programmes ont changé la donne. « Des lieux ont été créés pour répondre à la demande des entreprises subventionnées en quête de distribution, là où elles n’en avaient pas besoin auparavant. Mécaniquement, il y a un effet de translation des programmateurs et des publics vers ces propositions. » Plus récemment, l’augmentation des coûts fixes des théâtres publics a conduit certaines salles à se tourner vers la programmation Off pour construire une partie de leur saison. « La part des budgets alloués à la création ayant considérablement diminué, venir au Off est devenu indispensable pour eux afin de trouver des spectacles moins coûteux à programmer », affirme Hugues Leforestier. « C’est quelque chose que nous avons vu se mettre en place assez rapidement. Dans les années 2010, ce n’était pas encore le cas », observe Laurent Domingos. Le festival est un exemple concret de la nouvelle porosité entre théâtre public et théâtre privé. « La professionnalisation du Off portée par AF&C a fait que des artistes dits « publics » trouvent pertinent de venir présenter leurs spectacles ici. Le Off n’est plus en marge comme à ses débuts. »
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Aujourd’hui incontournable pour la diffusion du spectacle vivant en France, le festival ne compte pas s’arrêter là. S’ouvrir à l’international est l’un des projets menés par la direction. « Cette année, ce sont plus de quatre cents spectacles accessibles à un public non francophone, et donc susceptibles de trouver des débouchés internationaux. Nous souhaitons devenir une place de marché internationale », confie Harold David. Pour cette édition 2024, Avignon accueillera une large programmation dédiée à Taïwan, pays invité d’honneur. Preuve, s’il en était besoin, de l’incroyable vitalité de ce festival devenu au fil des années plus « on » que « off ».
Festival d’Avignon 2024
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