Nouvelles

Comment l’argent de l’UE permet aux pays du Maghreb d’expulser les migrants dans le désert

A Rabat, au Maroc, Lamine (toutes les personnes citées par leur prénom ont demandé l’anonymat), un jeune Guinéen, a été arrêté six fois par la police, en 2023, avant d’être renvoyé sans ménagement à l’autre bout du pays. En Mauritanie, Bella et Idiatou, également guinéennes, ont été abandonnées en plein désert après avoir été arrêtées puis emprisonnées. Leur crime ? Ayant pris la mer pour tenter de rejoindre l’Espagne. En Tunisie, François, un Camerounais, s’est orienté comme il a pu après sa libération par les forces de sécurité, au milieu des montagnes, près de la frontière avec l’Algérie. C’était la troisième fois qu’il était expulsé en l’espace de quelques mois.

Ces trois histoires de migrants sont similaires. Cependant, ils se déroulent dans trois États différents d’Afrique du Nord. Trois pays distincts qui ont en commun d’être les dernières étapes des principales routes migratoires vers l’Europe : celle de la Méditerranée centrale, qui relie les côtes tunisiennes à l’île italienne de Lampedusa ; celle de la Méditerranée occidentale, qui quitte le Maghreb vers l’Espagne ou la route dite « atlantique », qui quitte les rivages du Sénégal et du Sahara occidental pour rejoindre les îles Canaries.

Des moyens importants mobilisés par l’UE

C’est pour cette raison que le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie ont également en commun de faire l’objet d’une grande attention de la part de l’Union européenne (UE) dans la mise en œuvre de sa politique de lutte contre l’immigration irrégulière. Alors que la question migratoire tend l’opinion publique et divise les États membres sur fond de montée de l’extrême droite dans de nombreux pays, l’Europe mobilise d’importants moyens pour empêcher les candidats subsahariens à l’exil d’atteindre la frontière. en mer. Au risque que l’aide apportée aux gouvernements maghrébins contribue à des violations répétées des droits de l’homme.

Depuis 2015, les trois États ont reçu plus de 400 millions d’euros pour la gestion de leurs frontières, rien que par le biais du Fonds fiduciaire d’urgence (FEP), lancé par l’UE. lors du sommet sur la migration à La Valette, capitale de Malte. Une somme à laquelle s’ajoutent des aides accordées directement par certains États membres ou au titre d’autres programmes.

En juillet 2023, l’UE a de nouveau signé un accord avec la Tunisie, qui comprend une aide de 105 millions d’euros pour lutter contre l’immigration irrégulière. Peu avant, le 19 juin, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement à Tunis, s’était engagé à verser plus de 25 millions d’euros à Tunis pour renforcer le contrôle migratoire. Plus récemment, le 8 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé depuis Nouakchott la signature d’un soutien financier de 210 millions d’euros en faveur de la Mauritanie, dont une partie serait allouée au « gestion des migrations ».

Il vous reste 87,86% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
Bouton retour en haut de la page