Comment la vague de chaleur la plus intense jamais enregistrée sur Terre a-t-elle affecté la vie en Antarctique ?
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Comment la vague de chaleur la plus intense jamais enregistrée sur Terre a-t-elle affecté la vie en Antarctique ?

Comment la vague de chaleur la plus intense jamais enregistrée sur Terre a-t-elle affecté la vie en Antarctique ?



Ils auraient presque pu assister en direct à l’un des bouleversements les plus spectaculaires qu’ait connu la région qu’ils étudiaient patiemment d’année en année. Alors que les vallées sèches de McMurdo, en Antarctique, s’apprêtaient à entrer dans la saison froide, à peine un mois après le départ de l’équipe du professeur Michael Gooseff, une vague de chaleur d’une intensité record s’est abattue sur le continent blanc.

Le professeur de l’Université du Colorado à Boulder avait heureusement laissé derrière lui divers capteurs qui lui ont permis de documenter cet épisode de grande ampleur.

Puis, dès le retour de la belle saison, il part à la rencontre des minuscules habitants de cette région, l’une des plus froides et arides de la planète. Comment ont-ils vécu cette hausse inhabituelle des températures ?

« Faux départ » pour l’été

Publiée dans la revue Earth’s Future (31 juillet 2024), l’étude coordonnée par le scientifique américain montre comment les invertébrés de ce milieu fragile ont réagi – illustrant les profondes répercussions que les événements météorologiques extrêmes intensifiés par le changement climatique peuvent avoir sur les écosystèmes les plus vulnérables.

L’analyse montre que les températures de l’air, qui oscillent généralement autour de -20 degrés Celsius en mars dans les vallées sèches de McMurdo, ont atteint 5 degrés Celsius, au-dessus du point de congélation de l’eau douce. Les images satellite et les mesures du débit des cours d’eau montrent que ce réchauffement soudain a humidifié le sol, à un moment où la terre est généralement sèche.

Puis, une fois la vague de chaleur passée, en seulement deux jours, les températures ont chuté et le sol a de nouveau gelé.

L’équipe a observé une diminution de 50 % de la population de mauvaises herbes dans les zones devenues humides. Scottnema – un nématode (vers rond) adapté aux climats extrêmement froids et secs.

« Ces animaux investissent une quantité importante d’énergie pour se préparer à l’hiver »explique le professeur Gooseff (communiqué de presse). Lorsque le climat se réchauffe l’été suivant, ils utilisent à nouveau de l’énergie, cette fois pour redevenir actifs. Cependant, « La vague de chaleur a rendu l’environnement suffisamment chaud (…)créant ainsi un faux départ pour l’été. »

Le tardigrade, éternel survivant !

« L’une de nos principales préoccupations (…) Ces animaux pourraient commencer à utiliser beaucoup plus d’énergie, pensant que c’est l’été, pour devoir s’arrêter à nouveau deux jours plus tard. Combien de fois peuvent-ils répéter ce cycle avant d’épuiser leurs réserves d’énergie ? ? »se demande le chercheur.

L’autre habitant principal des vallées sèches de McMurdo se porte toutefois très bien. Il s’agit du tardigrade, une créature connue pour sa grande tolérance à divers paramètres environnementaux, dont l’humidité.

« Changer les espèces présentes dans le sol et la taille des populations peut avoir un impact majeur sur le réseau alimentaire (toutes les chaînes alimentaires, ndlr) de l’écosystème et du cycle des nutriments »note cependant le professeur Gooseff. Ainsi, des recherches antérieures ont montré que la Scottnema est responsable d’environ 10 % du transfert de carbone vers le sol de la région.

L’équipe prévoit désormais de continuer à documenter les événements météorologiques extrêmes et leur impact sur l’écosystème, car ce qui se passe en Antarctique ne reste pas en Antarctique, souligne le professeur : « La perte de plateformes de glace a un impact énorme sur le bilan massique de nos océans, et elle nous affecte à des milliers de kilomètres. »

GrP1

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