Comment la pépite grenobloise Unity SC a séduit le conglomérat allemand Merck
Une PME prometteuse de la « Silicon Valley » grenobloise passe sous contrôle allemand. Le conglomérat Merck (63 000 salariés, 21 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) va racheter le fabricant d’équipements de contrôle pour le secteur des semi-conducteurs Unity SC, basé à Montbonnot-Saint-Martin, non loin de Grenoble (Isère). La transaction est estimée à 155 millions d’euros, sans compter un éventuel complément de prix lié à l’atteinte d’objectifs commerciaux.
Créée en 2016 au sein du laboratoire de recherche privé nîmois Fogale Nanotech, Unity Semiconductor a développé une expertise en inspection et métrologie des puces. Autrement dit, elle permet non seulement de détecter les défauts des procédés de fabrication des semiconducteurs mais également de les caractériser afin de les corriger et, in fine, d’augmenter les rendements des fabricants de puces.
Ses clients sont principalement de grandes fonderies asiatiques comme TSMC à Taïwan, SMIC en Chine, SK Hynix en Corée du Sud, mais aussi son voisin grenoblois Soitec. La force de la PME iséroise de 160 salariés, dont 70 en R&D ?Plutôt que d’aller sur des marchés déjà occupés par des géants américains (comme Applied Materials ou KLA Corporation, NDLR), Elle a investi ses efforts de recherche et développement dans des niches émergentes qui deviennent aujourd’hui très importantes, au point de disposer d’un réel avantage technologique.« , explique Pierre Garnier, l’un des membres de son conseil d’administration et associé gérant du fonds Jolt Capital.
D’un côté, le packaging avancé, c’est-à-dire l’intégration de différentes puces hétérogènes entre elles dans un même boîtier. La technologie à l’origine des processeurs avancés et de l’accès rapide à la mémoire, utilisée notamment en intelligence artificielle. De l’autre côté, les semi-conducteurs composés, dont le principal cas d’usage est l’électrification. On retrouve ce type de puce par exemple dans la gestion de l’énergie entre la batterie et le moteur d’une voiture électrique.
Créer un champion européen
Après le rachat d’Altatech auprès de Soitec en 2016 puis de l’allemand HSEB en 2018, Unity SC a levé 48 millions d’euros en 2022. Un tour de table auquel ont participé les fonds Jolt Capital et Supernova ainsi que French Tech Souveraineté, géré par Bpifrance. Fogale Nanotech reste l’actionnaire majoritaire. Autant d’acteurs qui ont fait une belle sortie : le groupe Merck, connu pour son activité pharmaceutique mais qui possède une branche électronique, rachète l’intégralité du capital.La taille critique est essentielle dans ce secteur. Avec la forte croissance des marchés de niche sur lesquels Unity SC est positionné, il était nécessaire d’intégrer une organisation large et complémentaire, pour rivaliser avec les concurrents mondiaux.« , assure Pierre Garnier, ravi de pouvoir contribuer à la construction d’un champion européen.
L’intention du groupe allemand serait non seulement de garder l’équipe en France, mais aussi de la développer dans le futur.
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