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Comment la figure de Jean-Luc Mélenchon est devenue plus répugnante que celle de Marine Le Pen

Selon les sondages, le fondateur de La France Insoumise est plus rejeté que l’ancien président du Rassemblement national.

Alors qu’un parti se fait moins diaboliser, l’autre devient de plus en plus inquiétant. Depuis que le Rassemblement national (RN) et ses alliés sont arrivés en tête au premier tour des élections législatives, le 30 juin, les représentants de l’extrême droite ont fait du Nouveau Front populaire (NFP) leur principale cible. Le président du parti, Jordan Bardella, a décrit « l’extrême gauche » de « menace existentielle ». Son camp a multiplié les attaques, souvent mensongères, contre le NFP, accusé par exemple de vouloir désarmer la police. Dans ce flot d’offensives, uUn nom qui revient sans cesse : celui de Jean-Luc Mélenchon, associé à « chaos » par le porte-parole du RN Julien Odoul sur franceinfo.

LLa stratégie du RN est claire : agiter le drapeau rouge Mélenchon pour discréditer l’alliance des partis de gauche. Il faut dire que le fondateur de La France Insoumise est perçu comme un épouvantail pour une majorité d’électeurs, y compris à gauche. Son hypothétique nomination à Matignon serait « une mauvaise chose » pour 78% des répondants, selon un sondage Ipsos publié le 27 juin. Dans ce sondage, aucune autre personnalité politique n’a enregistré un tel taux de rejet, pas même la députée RN Marine Le Pen, avec 55% d’opinions défavorables. Baromètre Ipsos pour La Tribune du dimanche, Publié le 22 juin, seul Eric Zemmour suscite plus de mécontentement que Jean-Luc Mélenchon à l’approche de l’élection présidentielle de 2027.

Comment le troisième homme de l’élection présidentielle de 2022 est-ce que l’on en est arrivé là ? « C’est une longue histoire« explique à franceinfo Etienne Ollion, directeur de recherche en sociologie au CNRS. « OOn pourrait chroniquer ses excès, comme l’épisode de « La République, c’est moi » (lors d’une perquisition à son domicile en 2019) ou sa colère contre journalistes« il énumère. « De la Les positions de Jean-Luc Mélenchon, notamment sur les affaires internationales, ainsi que sa manière antagoniste de faire de la politique expliquent en grande partie ce rejet.ajoute Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos.

Depuis plusieurs mois, ce rejet de Jean-Luc Mélenchon déteint sur sa formation politique. L’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a marqué « un changement » Pour LFI, souligne Etienne Ollion. Des responsables du parti ont été critiqués pour avoir refusé un temps de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. D’autres ont été accusés d’une forme d’antisémitisme. « Cette accusation, réelle ou supposée, est un poison Parfait »qui a empoisonné les campagnes européennes et législatives de la gauche, estime le sociologue.

La disgrâce du leader des « insoumis » coïncide avec un autre phénomène, amorcé il y a longtemps : la dédiabolisation de Marine Le Pen et du RN. « Nous sommes à la croisée des courbes de peur produites par le RN et LFI »note Mathieu Gallard.

« On assiste à un déplacement de la figure du diable, qui était occupée par Jean-Marie Le Pen il y a 20 ans. »

Etienne Ollion, directeur de recherche en sociologie au CNRS

à franceinfo

« Depuis sa prise de fonction en 2012, Marine Le Pen a mis en place une campagne de dédiabolisation du parti en lissant le programme du RN, même si ses éléments centraux demeurent, et en reléguant au second plan les figures les plus problématiques »décrit Etienne Ollion. Alors que le RN a longtemps été perçu comme un parti antisémite, la présence de Marine Le Pen à la marche contre l’antisémitisme d’octobre 2023 a symbolisé l’aboutissement de sa stratégie. Les élus LFI n’y ont pas participé, s’attirant de nombreuses critiques.

Après l’élection de 89 députés RN en 2022, Marine Le Pen a instauré une discipline de groupe. Tenue correcte, courtoisie et retenue exigées, une « stratégie de la cravate » destinée à afficher la respectabilité de ses élus. Tout le contraire de LFI, qui a choisi « une stratégie de scandalisation »selon Etienne Ollion. Les élus « insoumis » se sont illustrés à travers des coups médiatiques à l’Assemblée nationale, en brandissant des pancartes contre le recours à l’article 49.3 pour la réforme des retraites en mars 2023 ou en apparaissant habillés aux couleurs du drapeau palestinien en juin dernier. « Cette stratégie « avait fonctionné en 2017 et les députés LFI s’étaient fait entendre alors qu’ils étaient moins de 20, mais cela a créé des tensions en 2022, notamment avec les élus macronistes »observe le chercheur.

Cette attitude a valu aux députés mélenchonistes des accusations de « gâcher » l’hémicycle par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. « JE ne peut plus siéger dans cette chambre », murmurait également la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, en juin 2023. Ces dernières semaines, en pleine campagne pour les législatives anticipées, le camp présidentiel a multiplié les critiques.

« Dans la majorité, on a entendu parler de la lutte contre ‘les extrêmes’, avec un signe égal placé entre LFI et le RN. »

Etienne Ollion, directeur de recherche en sociologie au CNRS

à franceinfo

Le « ni-ni » du ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a provoqué lundi, sur France Inter, la colère de l’écologiste Marine Tondelier. Au fil des années, « La majorité a été très active pour provoquer une transformation du langage et des pratiques »se souvient Etienne Ollion. « Après l’élection d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen en 2022, leLe front républicain n’a pas duré longtemps. Les macronistes ont alors commencé à parler d’un « arc républicain », ce qui exclut de fait LFI.il note.

Ces évolutions ont eu des répercussions dans la presse et sur les plateaux de tournage. « Une série d’espaces médiatiques reprennent le vocabulaire des « extrêmes » et lui donnent du crédit »observe Etienne Ollion. Par ailleurs, les dirigeants de gauche s’irritent des questions récurrentes des journalistes sur Jean-Luc Mélenchon. « Cette campagne très courte ne portait pas sur des programmes, mais sur des personnes et des stratégies »note le sociologue, « ce qui a renforcé la tendance du journalisme politique à se concentrer sur ces sujets plutôt que sur les idées et leurs conséquences ».

A quatre jours du second tour des législatives, les conséquences de la diabolisation d’une partie de la gauche sont encore incertaines. Influera-t-elle sur le vote des électeurs de Renaissance en cas de duel entre le NFP et le RN ? Le risque du « ni-ni » est « pour accroître la confusion parmi les électeurs qui doivent faire un choix au second tour »estime Etienne Ollion. L’appel de Gabriel Attal « ne pas donner la parole au RN » pourrait ne pas être entendu. Selon un baromètre Odoxa pour Public Sénat publié le 25 juin, 47% des électeurs interrogés se disent prêts à faire barrage au NFP, soit davantage que les 41% qui souhaitent faire barrage au RN.

« Le problème, c’est que la gauche avait besoin de LFI et de Jean-Luc Mélenchon pour le premier tour, mais leur présence devient un véritable handicap pour le second. »

Mathieu Gallard, directeur de recherche à l’institut Ipsos

à franceinfo

Au-delà des législatives, l’effet dissuasif pourrait-il à nouveau s’inverser ? Pour Mathieu Gallard, tout dépendra de la situation »une fois que Jean-Luc Mélenchon aura quitté la politique » : « Le parti sera-t-il encore fort ou va-t-il s’effondrer sans son fondateur ? » Dans l’immédiat, la stratégie adoptée par les « insoumis » et l’ensemble de la gauche à la prochaine Assemblée nationale pourrait s’avérer décisive.

Cammile Bussière

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