Comment la dépression transforme votre perception : épisode 1/6 du podcast Les effets de la dépression
Là dépression est un terme largement utilisé pour décrire un état de tristesse. Cependant, cette représentation réductrice cultive des stéréotypes angoissants ou humiliants pour les individus. En effet, la dépression se cache derrière des apparences souvent trompeuses et qui oscillent entre les limites du normal et du pathologique.
Aucune prise de sang, imagerie cérébrale ou ponction lombaire ne permet de l’identifier. Alors comment le diagnostiquer ?
Sciences chronologiques
30 minutes
Des critères simultanés pour objectiver la maladie
Le diagnostic de dépression est formalisé à l’aide de critères précis qui sont regroupés dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Pour poser le diagnostic, il doit exister, chez le sujet souffrant, depuis une durée supérieure à deux semaines, une tristesse ou une perte de plaisir associée à au moins quatre des symptômes suivants :
- ralentissement des mouvements et de la réflexion,
- une diminution des capacités de concentration et de mémoire,
- problèmes de sommeil et d’appétit,
- fatigue,
- des croyances négatives telles que la culpabilité et le pessimisme qui perturbent la réflexion,
- pensées suicidaires.
Il existe également des formes dites atypiques, caractérisées par des symptômes rappelant la dépression classique : une augmentation dormirappétit, agitation, douleur et lourdeur physique.
Sciences, QED
58 minutes
Briser le mythe de la tristesse
Certains pensent que sans tristesse, il n’y a pas de dépression. Cependant, la dépression n’est en aucun cas un état de tristesse et la tristesse dépressive ne ressemble pas à la tristesse quotidienne que l’on peut vivre : la tristesse quotidienne est douce. Cependant, la dépression n’est pas une question de tristesse, mais plutôt de douleur psychologique.
Il ne s’agit pas seulement d’une différence dans l’intensité de la tristesse, mais aussi dans sa nature.
Anhédonie et asthénie
Certaines dépressions sont plus que tristes. Toute émotion ou désir est détruit. Cette perte de la capacité à ressentir du plaisir, appelée anhédonie, peut parfois même évoluer vers une véritable anesthésie émotionnelle. Petit à petit, un désintérêt pour le monde s’installe. Des sourires apparaissent, fades, sans intérêt. Plaisir et déplaisir deviennent indiscernables, entraînant une anesthésie progressive des émotions. Il est même parfois possible de ne plus pouvoir estimer ce qu’il y a de positif ou de négatif dans le monde.
À cette anhédonie, on peut aussi ajouter une fatigue extrême : l’asthénie. Le mouvement ralentit, votre parole devient rare. L’écueil de cette fatigue est que contrairement à la fatigue classique, elle s’aggrave avec le repos. C’est un peu comme si le repos venait creuser le sillon de la fatigue.
Une manipulation de l’esprit
Au-delà de ces symptômes, la souffrance de la dépression est liée au fait qu’elle transforme votre esprit. Votre attention se tourne vers des stimuli négatifs qui vous amènent, par exemple, à considérer le monde comme incontrôlable ou à ruminer constamment vos échecs et vos blessures. Lorsque l’on souffre de dépression, nos pensées sont constamment parasitées par des souvenirs, des regrets, des doutes, des questions. Des études menées par l’équipe de Susan Nolen-Hoeksema (ancienne professeure de psychologie à l’université de Yale, récompensée à plusieurs reprises pour ses recherches sur la dépression, les humeurs et les questions de genre) ont notamment montré que la dépression va pousser à se concentrer sur ces émotions négatives plutôt que sur en essayant de vous en détacher.
Bibliographie de référence