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Comment la Chine cherche à accroître la dépendance financière de l’Afrique à son égard

Comment la Chine cherche à accroître la dépendance financière de l’Afrique à son égard


Depuis des années, le géant asiatique accorde des milliards d’euros de prêts pour la construction de trains, de routes et de ponts. Utiles au développement, ils ont aussi contribué à accroître la dette de pays qui peinent parfois à rembourser.

L’une des solutions adoptées par Pékin : des crédits plus petits pour financer des projets plus modestes, selon les experts.

Face à une économie en difficulté, la Chine revoit sa stratégie africaine

« La Chine a ajusté sa stratégie de prêt en Afrique pour tenir compte de ses propres difficultés économiques et des problèmes d’endettement de l’Afrique »affirme Lucas Engel, analyste de données à l’Université de Boston qui étudie le financement chinois du développement sur le continent africain.

« Cette nouvelle prudence et cette aversion au risque parmi les prêteurs chinois visent à garantir que la Chine puisse poursuivre sa coopération avec l’Afrique d’une manière plus solide et plus durable. »a-t-il déclaré à l’AFP. « Les prêts importants pour les infrastructures (…) sont devenus plus rares. »

La Chine vue du ciel par la communauté GEO

Lors du sommet Chine-Afrique qui s’est tenu cette semaine à Pékin, le président chinois Xi Jinping a promis d’allouer 46 milliards d’euros sur trois ans aux pays africains. Mais alors que Pékin vante ses largesses envers l’Afrique, les chiffres montrent que les financements chinois ont chuté ces dernières années.

Selon l’Université de Boston, les prêteurs chinois ont fourni un total de 4,6 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) à huit pays africains et à deux institutions financières régionales l’année dernière.

Ferme solaire

Le principal changement concerne les bénéficiaires : plus de la moitié du montant total est allée à des banques multilatérales ou nationales – contre seulement 5 % entre 2000 et 2022.

Alors que le montant des prêts accordés à l’Afrique a été l’an dernier le plus élevé depuis 2019, il a été divisé par six par rapport au pic atteint en 2016 (29 milliards de dollars, soit 26 milliards d’euros).

« Le déplacement des prêts vers les emprunteurs multilatéraux africains permet aux prêteurs chinois d’être liés à des entités qui ont de bonnes notations de crédit. » avec les agences de notation et non avec les emprunteurs publics « en difficulté »note M. Engel.

De nombreux médias ont critiqué les grands projets chinois en Afrique, estimant que leur financement était opaque et que les bénéfices pour les populations locales étaient limités. Mais la Chine a changé de stratégie ces dernières années, notent les analystes.

Selon l’Université de Boston, Pékin consacre désormais davantage d’argent à des projets de plus petite taille, allant d’une petite ferme solaire au Burkina Faso à un projet hydroélectrique à Madagascar.

Cela ne signifie pas que Pékin « réduit de manière permanente ses investissements et ses financements de développement » en Afrique, déclare Zainab Usman, directrice du programme Afrique au Carnegie Endowment for International Peace, basé aux États-Unis.

« Les flux financiers pour le développement, notamment les prêts, commencent à augmenter à nouveau »Les dirigeants africains présents à Pékin cette semaine ont ainsi conclu des accords avec la Chine dans plusieurs domaines tels que les infrastructures, l’agriculture et l’énergie.

La dette, piège et pression diplomatique

Des voix critiques, notamment occidentales, accusent régulièrement le géant asiatique d’engloutir les pays en développement dans une dette insoutenable, dans le seul but de pouvoir exercer sur eux une pression diplomatique – voire de saisir leurs actifs.

Mais de nombreux dirigeants africains et des recherches menées par des groupes de réflexion internationaux tels que le groupe de réflexion britannique Chatham House réfutent cette théorie. « piège de la dette ».

« Je ne crois pas nécessairement à l’idée selon laquelle lorsque la Chine investit, c’est dans l’intention de faire en sorte que ces pays se retrouvent dans un piège de la dette. »Le président sud-africain Cyril Ramaphosa l’a déclaré jeudi à Pékin.

Pour de nombreux Africains, la Chine est « devenir synonyme » des routes, des ponts et des ports qui changent la vie et l’argument du piège de la dette ignore « l’impact positif » Pékin met l’accent sur le développement des infrastructures, note Ovigwe Eguegu, analyste chez Development Reimagined, une société spécialisée dans la coopération Chine-Afrique. « La réalité est que si certains pays (africains) ont eu des difficultés à rembourser leur dette, c’est dû à une multitude de facteurs »il note.

Pour Lucas Engel de l’Université de Boston, cette théorie de « piège de la dette » suppose à tort que « La Chine n’a que des objectifs à court terme en Afrique ». Que « sous-estime grandement (sa) vision à long terme » qui est de « façonner un système de gouvernance mondiale qui sera favorable à son développement ».

GrP1

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