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Comment expliquer les mauvais résultats des équipes françaises dans les sports collectifs ?

Après leur défaite face aux Britanniques samedi, les Bleus ont été privés des demi-finales de rugby fauteuil. En goalball et en volley-ball assis, les équipes françaises ont également accumulé les défaites.

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En forme dans les sports individuels. En difficulté dans les disciplines par équipes. Voilà qui résume l’état de forme de la délégation française, actuellement à égalité dans le top 5 du tableau des médailles des Jeux paralympiques. Contrairement à ce qu’elles ont proposé lors des Jeux olympiques, les équipes de France masculines et féminines de sports collectifs ne semblent pas en mesure de monter sur le podium aux Paralympiques. Quand elles ne sont pas déjà hors course pour les médailles.

La dernière déception en date est celle des Bleus du rugby fauteuil, battus d’un point malheureux face aux Britanniques (49-50), samedi 31 août, et privés de demi-finale, malgré des espoirs de médailles en début de tournoi.

Autres regrets, en basket-fauteuil, où les Français ont essuyé deux défaites face aux Allemands (72-64) et au Canada (83-68). Ils tenteront de créer l’exploit mardi soir puisqu’ils affronteront l’ogre américain, double champion paralympique en titre, en quarts de finale. En goalball et en volley-ball assis, les Tricolores n’ont pas non plus remporté le moindre match. Seuls les Bleus du cécifoot, qui ont débuté leur tournoi dimanche par une victoire contre la Chine (1-0), peuvent espérer redorer le blason français.

Comment expliquer ces défaites françaises à répétition ? « Il est réducteur de ne prendre que les résultats »» précise Julien Vasseur, consultant goalball pour France Télévisions. « Les garçons ont un groupe très difficile, avec les Brésiliens »champions paralympiques en titre et médaillés à Rio et à Londres, « Et la nation la plus titrée de l’histoire est les États-Unis. Tous leurs joueurs sont des professionnels, alors que les nôtres sont des amateurs. »poursuit l’entraîneur de goalball du club lillois.

Même chose chez les femmes, où les Bleus, athlètes amateurs, ont affronté les Coréens et les Israéliens, équipes composées de joueurs professionnels. Par ailleurs, l’équipe de France de goalball participe à ses premiers Jeux paralympiques, invitée en tant que représentante du pays hôte. Et les effectifs sont très jeunes. La fédération handisport a dû attendre le décret du 31 décembre 2016 pour recevoir l’accord du ministère des Sports afin d’organiser la pratique de ce sport.

Quant à l’équipe de France de volley-ball assis, elle a été créée en 2018, comme le souligne le site de Paris 2024, soit six ans seulement avant les Jeux de Paris. L’heure n’est donc pas à la quête des podiums, mais à la visibilité. « En 2017, la discipline n’était pas organisée. On est reparti de zéro (…) On a plusieurs décennies de retard sur les meilleures nations, ce qu’on ne peut pas rattraper en six ans »a expliqué la directrice technique nationale (DTN) des équipes de France, Axelle Guiguet, à franceinfo après la défaite contre le Kazakhstan samedi. « « Il y a un manque d’expérience au plus haut niveau », ajoute Mickaël Gagliardi, consultant en volleyball assis.

Donc, la France aujourd’hui a « entre 45 et 50 sections de volley-ball assis »mais seulement « neuf clubs jouant selon les règles paralympiques » avec six joueurs (quand les autres jouent à quatre contre quatre), explique à Ouest de la France le sélectionneur des Bleus, Dominique Duvivier. « A titre de comparaison, le Rwanda compte 23 clubs » qui accueillent uniquement les joueurs d’éléments « sélectionnable ». « Quand on aura réglé ça, il ne nous restera plus qu’une trentaine de joueurs qui peuvent prétendre à une place en équipe de France »l’entraîneur continue.

Le volley-ball assis n’est pas un cas isolé. En goalball, le championnat français ne compte que deux divisions de cinq équipes pour les hommes et une seule division de six équipes pour les femmes. En rugby-fauteuil, il existe deux divisions masculines de six équipes (et aucune équipe féminine). Seul le basket-ball-fauteuil se démarque, avec trois divisions de cinq à onze équipes engagées.

Ce manque d’expérience internationale et nationale ne suffit pas à expliquer les déboires de l’équipe de France aux Jeux. « C’est aussi une question d’équipementexplique Marc Vérove, délégué régional de l’association handicap APF France. En France, il faut toujours être très débrouillard quand on est para-athlète, ce qui demande beaucoup d’énergie. »

En effet, les para-athlètes doivent parcourir en moyenne 50 km pour trouver une structure adaptée, selon l’Inclusive Club, l’organisme qui forme les dirigeants de clubs et les autorités locales à accueillir ces sportifs. C’est pourquoi le ministère des Sports et le Comité paralympique se sont fixés un objectif : atteindre le nombre de 3 000 clubs capables d’intégrer des personnes en situation de handicap d’ici la fin de la saison 2024-2025.

Mais comment expliquer l’écart de résultats entre les sports individuels, dont le cyclisme sur piste qui a déjà rapporté trois titres paralympiques et plusieurs médailles, et les sports collectifs ? Au-delà du simple argument du nombre de médailles distribuées, « Il est plus facile de financer une seule personne qu’une équipe »déclare Marc Vérove. « PPour une équipe, on parle de centaines de milliers d’euros », par olympiade, » ajoute Pablo Neuman, qui dirige le rugby handisport du Stade Toulousain.

Bien qu’il soit à la tête de la « le club le plus développé »avec un budget capable d’évoluer « une quarantaine de licenciés »il déplore un manque de financement pour développer le sport de haut niveau. « JEIl vous en faut au moins 10 000 euros pour (acheter) une chaise de compétition, sans compter les frais supplémentaires de déplacement et d’hébergement »poursuit l’athlète de haut niveau. Et ce, multiplié par au moins quatre joueurs, en rugby fauteuil, sans compter les dépenses liées au staff et aux remplaçants.

Néanmoins, Julien Vasseur voit de l’espoir pour l’avenir du goalball français. « Les Jeux nous donnent une grande visibilité, souligne l’entraîneur. « C’est fou, le public est là, les tribunes sont pleines. Même si les Bleus perdent, tout cela est très positif pour la pratique. » Avec une médaille à Los Angeles en 2028 ?

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.

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