Les nouvelles les plus importantes de la journée

comment être mieux respecté au travail quand on est trop gentil ?

comment être mieux respecté au travail quand on est trop gentil ?

Si faire preuve de bienveillance est perçu comme une qualité, dans un contexte professionnel, en faire trop peut inciter les autres à nous manquer de respect. Comment rester humain, sans oublier de s’affirmer ? Conseils du psychiatre François Lelord.

Elle aide tous ses collègues, dit oui à tout ce qu’on lui demande (et avec le sourire), préfère mettre en valeur le travail de ses pairs plutôt que le sien… Vous l’avez reconnue ? C’est le croquis de la gentille personne au travail. Ou plutôt trop genre, précise François Lelord, psychiatre et auteur du livre Sois gentil mais pas trop (1). «Quand on se montre trop modeste, trop conciliant, trop transparent, on se laisse dominer par notre gentillesse, et par conséquent, par les autres», souligne-t-il d’emblée. N’est-ce pas aux personnes les plus serviables que l’on réserve généralement les tâches les plus ingrates ? Ils le feront toujours, et pas forcément à leur avantage…

Si la convivialité, véritable « lien » des relations professionnelles, contribue au bon fonctionnement et à la créativité d’une équipe… elle n’est pas toujours gage de reconnaissance. En 2015, des chercheurs américains ont analysé les fiches de salaire de 10 000 salariés d’âges et de professions variés. Selon l’étude, les hommes qualifiés de « plus durs » avaient des salaires en moyenne 18 % supérieurs à ceux des plus gentils. Le risque de burn-out reste, pour rappel, plus élevé pour ces derniers.

Soyez moins accommodant

Comment pouvons-nous donc nous « protéger » d’une gentillesse excessive – et largement dommageable ? En observant, d’abord. Aménager son emploi du temps pour prendre en charge les tâches d’un collègue absent, ou accepter un délai réduit pour en accueillir un autre est toujours appréciable… Mais il faut encore s’interroger sur la réciprocité des services rendus. La personne que nous aidons nous rend-elle généralement la pareille ? Si ce n’est pas le cas, nous faisons probablement passer nos besoins et nos désirs avant les nôtres.

« Or, à force de se laisser marcher sur les pieds et de ne jamais réagir, on finit un jour ou l’autre par exploser de colère devant ses collègues interloqués », prévient François Lelord. Pour éviter d’en arriver là, mieux vaut être régulièrement moins accommodant. Prendre un temps de réflexion avant d’accepter une nouvelle tâche, refuser de temps en temps de faire des heures supplémentaires, ou se charger d’un nouveau dossier… Il suffit d’une ou deux fois de dire « non » pour rééduquer ses équipes ou ses supérieurs et obtenir ils se sont habitués à ses nouvelles limites, assure le psychiatre. « On reprend alors l’habitude de s’adresser sereinement aux personnes concernées pour aborder les points de désaccord avec respect et empathie. » Contrairement à ce qu’on pourrait penser, être moins gentil ne veut pas dire devenir méchant, précise la spécialiste. « Il s’agit simplement d’être plus ferme, sans intention de nuire. »

Exiger le respect

La gentillesse doit cesser quand on nous manque de respect, insiste François Lelord. Si vous voulez être pris au sérieux, vous devez apprendre à ne rien laisser échapper. La phrase à interdire ? « On ne va pas en faire toute une histoire ! » Au contraire, le psychiatre nous invite à « être sensible » aux comportements ou commentaires qui traduisent un manque de considération, de politesse ou d’amabilité à notre égard, et à le signaler à la personne concernée. initialement. « Il ne s’agit pas forcément de faire une scène, on peut aussi utiliser l’humour pour mettre en avant un commentaire qui ne nous a pas plu », poursuit François Lelord.

L’exercice peut s’avérer délicat pour ceux dont la gentillesse est profondément enracinée. Exiger le respect nécessite alors un travail sur le tempérament (gestion des émotions) et sur le dialogue intérieur (« est-ce que je mérite de marquer mon territoire ? » – la réponse est oui). Mais c’est avant tout une discipline, au sens d’exercice régulier. Exprimer calmement son point de vue, ça s’apprend. Le calcul est vertueux, rassure le psychiatre : « plus on pratique à s’affirmer dans les petites situations du quotidien, plus on sera prêt à le faire quand les enjeux seront forts ». Lors des négociations salariales ou horaires de travail, par exemple.

Évitez d’être trop modeste

« L’excès de gentillesse réside aussi dans la pudeur, explique François Lelord. Alors que nous félicitons nos collègues tout en gardant le silence sur nos propres réussites, qui fera la promotion de notre travail ? Si cette question reste sans réponse, il est temps de prendre conscience de vos atouts et de les mettre en valeur au bon moment. « Être conscient de ses réussites permet d’être plus convaincant lors de réunions ou de conversations importantes », ajoute-t-il. Ici, tout dépend bien sûr de la culture de chaque entreprise. Il s’agit d’observer puis de s’adapter au niveau de « marketing personnel » des autres.

Gardez vos distances

La gentillesse ruinera aussi ceux qui ne se méfient de personne. « Quelqu’un qui est trop gentil peut se sentir en confiance avec ses collègues et lui confier des informations intimes, sans même s’apercevoir qu’il va les utiliser, comme des rivaux », prévient le psychiatre. Mieux vaut donc rester sur ses gardes avant de céder trop spontanément. « Une relation se construit étape par étape, dans le temps, comme la confiance », rappelle-t-il. Si nous révélons quelque chose sur notre vie privée, attendons de voir si l’autre personne fait de même avant de poursuivre les confidences. Moduler sa bienveillance et savoir s’affirmer reste un apprentissage. Il est donc possible de se faire accompagner par un thérapeute ou un coach.

(1) Soyez gentil mais pas trop, de François Lelord, aux éditions Odile Jacob, 170 pages, 17,90 €.

Quitter la version mobile