Des milliers de tentes serrées les unes contre les autres, alignées à perte de vue, jusqu’à l’horizon, et donc en majuscules, un peu comme le titre d’une affiche de film, ces mots « Tous les yeux rivés sur Rafah ». Cette image inonde Instagram, au détriment des vraies photos, capturées sur place, mais rapidement censurées par Instagram. Jeudi, plus de 47 millions d’utilisateurs l’avaient partagé.
Une photo générée par l’IA
Cette image a très probablement été générée par l’intelligence artificielle. C’est devenu une base de protestation contre les bombardements israéliens à Rafah, cette ville frontalière avec l’Égypte, où s’entassent plus d’un million de Palestiniens déplacés par la guerre. «C’est une manière de s’indigner, mais accessible»analyse Anaïs Loubère, spécialiste des réseaux sociaux et responsable de l’agence Digital Pipelettes à Bordeaux. « Les plateformes comme Instagram n’y sont pas étrangères, car lorsque vous avez un grand nombre de personnes qui partagent très rapidement, l’algorithme d’Instagram va pousser le sujet. »
Cette viralité est soutenue par l’option « ajout personnel », qui permet de repartager l’histoire d’un simple mouvement de doigt. « Nous avons tous les ingrédients parfaits pour un post qui devient viral »poursuit le communicateur. « D’abord parce que nous avons des contenus qualitatifs, accrocheurs, générés par une IA, qui s’inscrivent parfaitement dans les tendances actuelles. Deuxièmement, parce qu’en effet, on a cette capacité de re-partager très facilement sur Instagram. »
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Une histoire partagée par des personnalités
Le premier à poster ce visuel est un photographe pro-palestinien vivant en Malaisie, @shahv4012. Sur ses réseaux sociaux, il publie de nombreuses images, générées par l’intelligence artificielle. L’une d’elles montre par exemple le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu déguisé en prisonnier et décrit comme un criminel de guerre.
Des influenceurs, des sportifs, des personnalités suivies par des dizaines de millions d’internautes ont partagé ce visuel : l’acteur chilien-américain Pedro Pascal, les mannequins d’origine palestinienne Bella et Gigi Hadid, et, en France, les acteurs Omar Sy et Marion Cotillard, la le footballeur Ousmane Dembélé et l’influenceuse Léna Situations.
« On a déjà vu ce phénomène, mais il s’amplifie », précise Anaïs Loubère. Le mouvement Black Lives Matter est également né sur les réseaux sociaux. « Nous avons beaucoup parlé ces derniers temps des risques et des abus de l’intelligence artificielle. Nous avons une superbe illustration de ce que l’IA peut faire de positif et de rassembleur. A travers un phénomène comme celui-là, finalement, nous avons un nouveau traitement de l’information qui est peut-être un un peu moins top-down et qui crée un véritable terrain de rencontre entre les médias et les citoyens, avec un lien beaucoup plus en interaction et en visibilité »ajoute le spécialiste.
