Par
Timothée L’Angevin
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Nicolas Sarkozy vient de s’aliéner les enseignants (encore une fois). LLors d’une conférence à Saint-Raphaël dans le Var, vendredi 8 novembre 2024, l’ancien chef de l’État a fustigé les personnels de l’Éducation nationale, soulignant en substance qu’ils ne travaillaient pas assez.
« On me dit ‘il n’y a pas assez de fonctionnaires dans l’Éducation nationale’, mais c’est une démagogie incroyable. Le statut d’instituteur (…) est de 24 heures par semaine et six mois par an. »
Il existe des centaines de milliers d’enseignants compétents, dévoués et formidables. Et il y en a qui choisissent ce métier pour de mauvaises raisons. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un million d’enseignants.
Si factuellement, certains chiffres de l’ancien leader de l’UMP sont plus ou moins exacts, d’autres sont faux et il y a de (nombreuses) nuances à apporter.
24 heures par semaine ? Vrai sur un point, mais faux dans l’ensemble
En termes de temps de travail hebdomadaire, un enseignant du primaire (maternelle et élémentaire) doit assurer 24 heures d’enseignement hebdomadaires, comme le souligne le ministère de l’Éducation nationale.
C’est pour le temps réel en classe. Là-dessus, Nicolas Sarkozy a raison. Mais il oublie les « 108 heures annuelles de travail en équipe au sein d’un cycle d’enseignement, les activités pédagogiques complémentaires et la participation aux conseils d’école ». Sachant que les enseignants travaillent 37 semaines par an, trois heures par semaine s’ajoutent aux 24 heures (ce qui nous amène au total à 27 heures par semaine).
Mais ce que l’ancien Président oublie, c’est le temps de travail en dehors de l’enseignement collectif devant les élèves. Et celui-ci est conséquent. Selon l’enquête Emploi du temps de l’Insee, relayée par le ministère, datant de 2013, « les enseignants du primaire à temps plein déclarent travailler en moyenne 44 heures par semaine ».
Mais d’un enseignant à l’autre, ce temps de travail varie « du simple au double », et est bien plus élevé chez les jeunes.
Les moins de trente ans travaillent en moyenne plus de 50 heures par semaine. Les enseignants les plus jeunes déclarent un volume horaire moyen de 52 heures par semaine, soit 10 heures de plus que les autres enseignants.
Ces chiffres sont corroborés par une note de la DEPP ((Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) publiée en octobre 2022, issue des résultats d’une enquête de l’Insee réalisée en 2018. La moitié des enseignants (premier et deuxième degrés) déclarent que ils travaillent plus de 43 heures par semaine, et la moitié déclarent travailler moins, ce qui signifie que leur durée hebdomadaire médiane de travail est de 43 heures. On est donc loin des chiffres avancés par Nicolas Sarkozy.
Six mois par an ? C’est faux
Venons-en à l’autre fait évoqué par ce dernier : six mois de travail par an. Les enseignants doivent être présents en classe entre 180 et 184 jours par an, selon le ministère. Ce qui nous amène à six mois en effet, si l’on suppose que les enseignants travaillent sept jours sur sept (ce qui n’est pas le cas).
Mais en jours ouvrables (hors week-end et jours fériés), on atteint en réalité environ huit mois, puisque les concernés ont autant de vacances que leurs étudiants (16 semaines au total).
Sauf que de nombreux enseignants profitent des vacances pour préparer les cours, corriger les devoirs, envoyer des notes aux parents… D’après la note de la DEPP, ils travaillent en moyenne 34 jours par an pendant leur congé. Une durée qui atteint une quarantaine de jours chez les plus jeunes. Ce qui ajoute entre sept et huit semaines de travail par an.
« Un manque de connaissances épouvantable »
Dans tous les cas, cette sortie de Nicolas Sarkozy a clairement blessé les principaux concernés, qui « ont besoin de considération », selon lee maire PS de Montpellier et professeur d’histoire-géographie Michaël Delafosse.
Le député MoDem du Doubs Laurent Croizier a proposé à l’ex-président d’aller travailler « une semaine dans une école maternelle ».
Vos propos sont d’une ignorance épouvantable. Ils s’inscrivent dans la crise de l’attractivité du métier d’enseignant. Pour nos enfants, choisissez l’éducation plutôt que le mépris des enseignants.
Le collectif Les Stylos Rouges, qui veut faire valoir les revendications des agents de l’Education nationale, a préféré une touche plus directe : « Monsieur Nicolas Sarkozy, les professeurs des écoles vous embêtent ainsi que les 800 000 enseignants », soulignant également les nombreux procès. lancée contre l’ancien chef de l’État.
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