comme la Martinique, la Guyane est confrontée à la cherté de la vie
Comme en Martinique, les prix sont également bien plus élevés en Guyane qu’en France métropolitaine. Une situation d’autant plus difficile que le territoire fait face à une pauvreté endémique.
Comme les autres collectivités d’outre-mer, la Guyane est confrontée à des prix plus élevés qu’en France métropolitaine. Mais le département français d’Amérique du Sud est également confronté à une pauvreté endémique, rendant la situation locale particulièrement critique.
Les allées du marché de Cayenne sont bondées de clients. A l’intérieur des halles, boucheries et restaurants. Dehors, sur les étals, on trouve des fruits et légumes frais. Beaucoup sont produits par la communauté Hmong basée à Cacao, à 60 km à l’est de Cayenne. « C’est la marchandise que privilégient les clients, car ils savent qu’elle est produite localement », commente un vendeur au stand presque vide à 13 heures, alors que l’heure de fermeture approche.
Dans un contexte de hausse des prix alimentaires, de nombreux Guyanais préfèrent désormais le marché aux supermarchés. «C’est quand même abordable», affirme Marie-Françoise Dureil qui vient y faire ses courses chaque semaine. Car dans les grandes surfaces, la facture peut monter très vite. La dernière fois qu’elle y est allée, « je suis repartie avec 100 euros d’achats dans le chariot », s’alarme cette fonctionnaire de 63 ans qui n’appartient pourtant pas aux catégories défavorisées.
53% en dessous du seuil de pauvreté
Depuis septembre, la Martinique est touchée par une mobilisation contre la vie chère qui a dégénéré en émeutes urbaines. Un mouvement qui n’a pas fait d’émules dans les autres territoires d’outre-mer, bien que touché par la même thématique. En Guyane, les écarts de prix moyens avec la France métropolitaine sont de 13,7 %, selon l’Insee, une proportion qui s’élève à 39,4 % pour les produits alimentaires.
Mais dans le département français d’Amérique du Sud, la pauvreté est bien plus répandue. Plus de la moitié de la population (53%) vit sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee, qui l’attribue à l’absence d’emploi (seuls 41% des 15-64 ans en ont un) et à une immigration importante en provenance du Brésil, du Suriname et du Suriname. Haïti. « La vie chère ne provoque pas la pauvreté », concède Yvane Goua, porte-parole de l’association Trop Violans, engagée depuis le milieu des années 2010 dans de nombreux combats pour l’environnement, contre la précarité ou la cherté de la vie.
« Mais le système ne s’adapte pas au salaire moyen », déplore-t-elle, constatant que près d’un tiers de la population guyanaise vit avec moins de 550 euros par mois. Son association s’est entretenue avec le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), qui mène la contestation martiniquaise, mais privilégie le « dialogue », assure-t-elle. Son argument : « Il faut travailler en marge » de la grande distribution, accusée de s’organiser en monopole pour gonfler artificiellement les prix.
En Guyane, seuls quelques acteurs se partagent le marché. L’homme d’affaires Jan Du, PDG du groupe U en Guyane, et le groupe martiniquais Bernard Hayot, via les magasins Carrefour, dominent. Côté discount, l’enseigne Leader Price complète l’offre. Interrogés, ces acteurs n’ont pas répondu aux questions de l’AFP.
« Ne poursuivons pas un impôt »
Dans le viseur des associations, il y a aussi les impôts. Avec Mayotte, le département français d’Amérique du Sud est le seul en France exonéré de TVA, mais la redevance maritime, taxe sur les marchandises importées, suscite la colère de nombreux habitants. « Ne poursuivons pas un impôt », déclare Jean-Luc Le West, vice-président de la Collectivité territoriale de Guyane (CTG). Car l’octroi de mer, impôt spécifique aux collectivités d’outre-mer, est aussi une source de revenus essentielle pour les collectivités locales.
« Moins d’impôts, c’est moins d’investissements publics », souligne Jean-Luc Le West. Et pas question à ses yeux d’imiter la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), qui souhaite supprimer l’octroi de mer sur les produits essentiels. L’élu constate également « le poids des monopoles » et dit souhaiter un « observatoire des prix » géré par la CTG et non par l’Etat, comme à La Réunion.
Mais surtout, lui et Yvane Goua sont d’accord sur un point : l’autonomie de la Guyane comme solution à la vie chère. L’élu et militant associatif estime que cela permettrait d’avoir des règles locales mieux adaptées et de mieux intégrer la Guyane dans son environnement régional. Un processus dans lequel la CTG est engagée, qui a abouti en avril à un projet d’autonomie qui doit désormais être négocié avec Paris.