Bourse Entreprise

comme Idriss, les joueurs de casino en ligne tombent sans le savoir dans les pièges des systèmes mafieux

Ils sont illégaux et pourtant des millions de Français les utilisent sans forcément le savoir, les sites de jeux d’argent et notamment les casinos en ligne. Une campagne a été lancée mardi par l’Autorité nationale des jeux pour rappeler aux gens leur dangerosité.

Publié


Temps de lecture : 5 minutes

Pertes d'argent importantes, vols de données personnelles, addiction, les sites illégaux n'offrent aucune protection contre l'addiction ou les arnaques. Photo illustrative. (SOLSTOCK / E+)

Avec 4 millions de joueurs contre 3,6 millions pour le marché réglementé, c’est la première fois que le marché illégal dépasse le nombre d’acteurs légaux depuis l’ouverture du marché en 2010. Rappelons que depuis cette date, en France, le seuls les jeux de hasard en ligne autorisés sont les courses hippiques, les paris sportifs et pour le casino, c’est le poker. Tout le reste est interdit.

Mardi 8 octobre, l’Autorité Nationale des Jeux lance une campagne « 100% gagnant » pour rappeler ce danger : pertes d’argent importantes, vols de données personnelles, addiction… C’est un véritable système mafieux qui se cache derrière ces sites illégaux. .

Les joueurs en ligne privilégient particulièrement les sites de casino. Et pour les attirer, les créateurs utilisent les derniers outils numériques à leur disposition. Par exemple, un « deep fake », une vidéo truquée d’Alain Delon, a été publié quelques jours après la mort de l’acteur en août dernier : « Je te donnerai 100 000 euros si vous ne pouvez pas gagner dans mon casino en lignedit la voix de l’acteur, tout le monde peut gagner 4 000 euros dès le premier jour. »

Si vous y prêtez attention, ce « deep fake » est un peu grossier. Mais il a été vu plusieurs millions de fois et a potentiellement attiré des joueurs vers ce faux site de casino en ligne. Il existe en effet des milliers de sites similaires sur Internet et ce marché illégal fait de nombreuses victimes. Une expansion fulgurante a été constatée, à portée de clic, et il est très facile d’en devenir rapidement accro.

C’est ce qui s’est passé pour Idris, qui a commencé à jouer il y a cinq ans : « J’ai commencé en jouant 20 euros, 30 euros, j’ai commencé à augmenter les montantsdit-il. Il y avait plein de jeux, comme des jeux de roulette, et j’ai commencé à gagner au début… Et puis c’était un cercle, je me suis dit ‘Voilà, j’ai perdu, je vais réessayer’. J’ai perdu plus que gagné, 1 500 euros facilement, et après, à chaque fois que je gagnais, je me disais « non, ce n’est pas assez »… »

Aujourd’hui, s’il n’a pas joué depuis quatre mois, il lui est encore difficile de résister :

« Je suis toujours tenté. Par exemple, hier, quelqu’un m’a parlé de ça et j’ai voulu mettre un petit 30 euros pour aller jouer. »

Idris, joueur en ligne

sur franceinfo

« Et ça va viteil soupire. J’ai été aspiré ». Le plus grand danger est que rien ne protège les joueurs de situations dramatiques liées au surendettement ou à l’addiction. Si, aujourd’hui, vous pouvez être banni des casinos physiques, cette interdiction n’existe pas dans le monde virtuel.

Ces sites doivent contourner la loi française pour exister. Pour cela, ils peuvent acheter très facilement leurs permis à l’étranger, à Curaçao, une île des Caraïbes. Certains sites de casino illégaux utilisent même le logo de l’ANJ, l’Autorité Nationale des Jeux, pour faire croire au joueur qu’il se trouve dans un endroit sûr.

La France est un marché très lucratif, les cybercriminels se battent pour leur part. On assiste même à une sorte de « cannibalisme virtuel », certains se nourrissant de sites créés par d’autres, explique Isabelle Djian, déléguée générale de l’AFJEL, l’Association française du jeu en ligne.

« Il s’agit d’une cybercriminalité qui a compris qu’il existe une très forte demande pour les jeux de casino en ligne. »

Isabelle Djian déléguée générale de l’AFJEL

sur franceinfo

« Cette demande ne peut pas trouver d’équivalent sur le marché réglementé, puisqu’elle n’est pas autorisée en Franceexplique-t-elle. Les cybercriminels utilisent donc des sites illégaux pour faire encore pire que ce que font les sites illégaux. » Et de préciser : « Là, pour une fois, ce ne sont pas des enfants de chœurelle alerte, et il se passe des choses extrêmement illégales derrière cela. Isabelle Djian décrit ensuiteu vol de données, phishing ou installation de programmes informatiques malveillants. L’AFJEL estime que la perte de revenus de ces sites illégaux de jeux en ligne s’élève à plus d’un milliard par an pour l’Etat.


Pour tenter de bloquer ces sites illégaux,L’Autorité nationale des jeux a bloqué plus de 2 360 sites depuis mars 2022, soit deux fois plus qu’il y a 10 ans. Mais cela ne suffit pas car une fois bloquées, ces URL sont recréées très rapidement. Une liste noire est accessible sur le site de l’ANJ, ce qui a également sensibilisé les intermédiaires comme Google. Twitch a depuis interdit aux influenceurs de promouvoir les casinos en ligne sur son réseau social.

Une des solutions pour assécher ces réseaux serait d’ouvrir le champ de l’offre légale en révisant la loi de 2010, estime l’AFJEL. Mais pour Gaëlle Palermo-Chevillard, du service de lutte contre l’approvisionnement illégal au sein de l’ANJ, ce n’est pas la solution : « Chez nos amis portugais, vous avez encore 40% de joueurs qui fréquentent des sites illégaux, donc même les casinos en ligne sont autorisés »note-t-elle.

« La Belgique est un marché particulièrement ouvert, mais parmi les 10 opérateurs les plus populaires, quatre sont illégaux et représentent près de 60% du trafic, donc (la légalisation) n’est pas avérée. »

Gaëlle Palermo-Chevillard, du service de lutte contre l’approvisionnement illégal au sein de l’ANJ

sur franceinfo

Par ailleurs, l’ANJ doit relever un nouveau défi majeur : les Jonums illicites (jeux numériques avec objets monétisables). Il s’agit de jeux vidéo dans lesquels les joueurs peuvent acquérir des objets virtuels, comme des accessoires, des armes ou des vêtements, en échange d’argent réel. Ces jeux dits « Web3 » se situent à la frontière de plusieurs univers : le gaming, la finance et le gaming. Et c’est là un nouveau visage de l’approvisionnement illégal, contre lequel nous devrons également lutter.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page