Combien paierez-vous de plus l’année prochaine ?
Une compagnie aérienne bientôt plus chère ? Pour lutter « contre la dette budgétaire et la dette climatique », le gouvernement a décidé d’augmenter les taxes sur les billets d’avion. Elle prévoit, dans le cadre du budget 2025, de tripler les recettes annuelles de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA).
Créée en 2006 pour lutter contre le sida en Afrique, la TSBA, dite « taxe Chirac », contribue aujourd’hui à soutenir les pays les plus défavorisés et finance les infrastructures de transport en France. Il rapporte 462 millions d’euros chaque année mais le gouvernement souhaiterait lever un milliard supplémentaire dès l’année prochaine.
De 9,5 à 40 euros en classe économique
L’un de ses amendements au projet de loi de finances prévoit donc d’augmenter le montant de cette taxe, perçue par les compagnies aériennes. Concrètement, le TSBA s’applique à tout passager aérien décollant de France. Son montant (de 2,63 à 63,07 euros) diffère selon la destination et la classe du billet (économique ou business/first).
Et il pourrait bien monter en flèche si le gouvernement obtient gain de cause ou franchit la barre des 49,3 pour adopter le budget. Concrètement, un voyage en France ou en Europe en classe économique sera bientôt soumis à un TSBA de 9,50 euros (contre 2,63 euros auparavant).
Pour les vols long-courriers, la hausse des taxes se fera encore plus sentir : comptez 32,50 euros de taxes en plus pour un Paris-New York classique et 57 euros pour un voyage affaires ou première classe.
Au total, l’augmentation de la taxe sur les vols commerciaux devrait générer un rendement de 850 millions d’euros. Les 150 millions restants proviendront de l’aviation d’affaires, via la création d’un tarif spécial. Le gouvernement envisage une taxe allant de 300 à 3 000 euros pour chaque passager quittant la France en jet privé. Mais sur ce point, il faudra encore attendre les dernières décisions du ministre des Transports, François Durovray, qui a dit vouloir « consolider le modèle ».
Air France répercute déjà la hausse
Le secteur aérien, « en passe de devenir le plus taxé d’Europe » selon la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam), n’a cependant pas attendu pour s’exprimer contre cette mesure. Le GIFas (Groupement des industries aéronautiques et spatiales françaises) craint une baisse de « notre attractivité touristique » et « un arrêt brutal de la réindustrialisation du secteur ». Les organisations syndicales parlent d’un « véritable suicide du secteur », préoccupées par une future « distorsion de concurrence » au détriment des entreprises et des aéroports français.
Cette augmentation sans précédent de la « taxe Chirac » aura également « un impact direct sur le pouvoir d’achat des consommateurs », prévient easyJet. Cela « se répercutera malheureusement sur le prix du billet », confirme Bertrand Godinot, directeur de la compagnie aérienne low cost en France. Le groupe Air France-KLM, qui paie à lui seul 30 % du montant global du TSBA, a également décidé de ne pas absorber ce surcoût.
D’autant plus que les nouveaux tarifs, qui entreront en vigueur le 1euh Janvier, s’appliquera également « aux billets déjà émis », nous dit-on. Depuis le 23 octobre, les tarifs des vols Air France, KLM et Transavia (prévus au départ de France à partir de 2025) prennent donc en compte la hausse… même si elle n’a pas encore été votée par le Parlement.
Pour la planète ou les recettes de l’État ?
De quoi faire grincer des dents les consommateurs. Selon une enquête Odoxa commandée par easyJet
Selon ce que nous avons obtenu, 57 % des Français sont opposés à une augmentation de la taxe sur les billets d’avion et 76 % considèrent qu’elle aura un impact sur leurs vacances. Même 7 personnes sur 10 pensent que le gouvernement a pris cette mesure pour renflouer rapidement les caisses de l’Etat, plutôt que pour la planète. « Ce n’est pas en augmentant le prix des billets d’avion que le report modal va s’opérer mais en baissant celui du train, pouvoir d’achat oblige », estime la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).
La France en fait-elle trop ? C’est l’avis du GIFas, qui rappelle que vingt pays de l’Union européenne n’ont « aucune fiscalité spécifique au niveau national sur le transport aérien ». Mais selon une note récente de T&E, qui rassemble des ONG militant pour des transports propres, « la France est loin derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni » : chez nos voisins, « la taxe sur les billets des vols intra-européens est presque six fois plus élevée », » assure l’organisation.
Enquête réalisée du 18 au 21 octobre auprès d’un échantillon de 1 005 Français âgés de 18 ans et plus représentatif de la population.