Cognac : pourquoi les salariés d’Hennessy sont en grève ce mardi
Les syndicats protestent contre un projet expérimental qui leur est présenté par la direction le 14 novembre. Face à la crise économique et aux risques encourus par les surtaxes chinoises, « elle nous a fait part de sa volonté de procéder à une expérimentation de transport et d’embouteillage en vrac en Chine », par un sous-traitant local», indique la CGT, dans un communiqué.
« Les conséquences à long terme seraient désastreuses pour la région. »
« Du jamais vu »
Selon Matthieu Devers, secrétaire CSE de la CGT chez Hennessy, le projet prévoit d’envoyer du cognac en gros volumes, « des contenants supérieurs à 200 litres », avec une première expédition prévue le 15 décembre. « Le cognac sera ensuite mis en bouteille, étiqueté et mis en bouteille. dans une affaire là-bas», dit le syndicaliste.
Cette annonce a provoqué un tollé immédiat. « Il y avait beaucoup d’enthousiasme parmi les salariés, confirme Matthieu Devers. En vingt ans chez Hennessy, je n’ai jamais vu ça. »
Pour la CGT, « rien ne peut justifier cet essai, tant les conséquences à long terme seraient désastreuses pour la région. Des milliers d’emplois seront menacés demain si un tel projet voit le jour, non seulement pour les salariés de notre Maison, mais aussi pour tous ceux des industries de la région : verrerie, cartonnage, bouchage, étiquettes, capsules. Le syndicat CGT des verreries de Cognac a immédiatement réagi en appelant également à la mobilisation ce mardi.
Avec le risque de provoquer une tache d’huile. « Si Hennessy, leader de la région, ouvre la porte à cette possibilité, combien d’autres maisons suivront ? », demande le syndicat. « Cela a déjà été vu mais jamais dans ces proportions. Nous leur donnerions notre outil. Nous ne serions plus un produit made in France », craint Matthieu Devers, pour qui « l’image de Hennessy serait définitivement endommagée ».
Le BNIC tempère
Les syndicats craignent également la réaction chinoise face à cette tentative de contourner les surtaxes. « Ne prend-on pas le risque d’une taxation plus élevée sur tous les types de conteneurs ? » De même, « aurons-nous demain la même stratégie de relocalisation de la production aux Etats-Unis, premier marché en volume de la région », en cas de nouvelles taxes adoptées par l’administration Trump ?
Président du BNIC (et directeur des affaires institutionnelles chez Hennessy), Florent Morillon est moins alarmiste. S’il rappelle que « la priorité est de poursuivre les discussions avec le gouvernement » pour trouver une solution diplomatique à ce conflit commercial avec la Chine, il trouve « normal qu’en même temps, les entreprises réfléchissent à un plan B temporaire, même si cela n’est pas la solution idéale. Vaut-il mieux ne plus vendre du tout et essayer une autre méthode, même si elle ne nous convient pas », demande-t-il, rappelant que « c’est une expérience, pas une décision ».