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Par ARTHUR NAZARET
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—Roland Lescure veut envoyer le CO2 six pieds sous terre.
—Les dernières vagues du débat sur la mer.
—Emmanuel Macron, la transition et le « mur d’investissements ».
Bonjour à toutes et à tous, nous sommes le 26 avril. Vous avez été nombreux à lire notre liste des 31 personnalités qui comptent sur l’énergie et le climat. Et quelques uns à nous adresser des remarques…
Des patrons… aux salariés. Il manque, nous dit un lecteur, un trio de PDG important : Marianne Laigneau chez Enedis, Laurence Poirier-Dietz chez GRDF ou encore Thierry Trouvé, chez GRTgaz. Un autre nous fait remarquer qu’on aurait pu ajouter des représentants des salariés, comme Gwénaël Plagne, qui préside le CSE central d’EDF ou Sébastien Menesplier, secrétaire général de la FNME-CGT. Allez savoir, peut-être seront-ils du classement l’année prochaine !
« Il y a plus bien plus de 30 personnalités qui contribuent aux débats sur les énergies en France. Et nous sommes sans aucun doute 68 millions au pouvoir et participer», conclut de son côté Antoine Armand (Renaissance), premier député de notre classement.
QUI VEUT STOCKER DES MILLIONS ? Le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure, profite d’un déplacement aujourd’hui chez Technip, dans l’Yonne, pour lancer un appel aux entreprises intéressées par l’enfouissement de CO2. «Cette annonce marque le lancement du stockage du carbone en France : on passe des mots à l’action et au soutien», décrypte son cabinet.
L’appel à manifestation d’intérêt d’aujourd’hui sera suivi d’un appel à projet « fin juillet », selon un conseiller du ministre, avec l’objectif de démarrer et de soutenir « quatre à cinq projets tests » début 2025. Une enveloppe de 20 à 30 millions d ‘euros est prévu, rapportent Les Echos.
Le CCUS, pour « capture, utilisation et stockage du carbone », vise à piéger le CO2 en sortie d’usine, le transporteur par pipeline ou bateau, puis l’enfouir ou s’en servir pour fabriquer, par exemple, des carburants de synthèse. Des technologies encore non éprouvées ou controversées, parce qu’elles captent le carbone sans l’éliminer.
Piège de carbone. L’exécutif espère séquestrer 4 à 8,5 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030, soit jusqu’à 10% des émissions industrielles, que ce soit en France ou à l’étranger. Des chiffres qui seront précisés dans la stratégie nationale prévue « d’ici l’été », selon le cabinet du ministre.
Plusieurs capacités de stockage sont déjà identifiées en France, dans d’anciens gisements pétro-gaziers : environ 600 millions de tonnes de CO2 dans le piémont pyrénéen, environ 200 millions dans le bassin aquitain et quelque 65 millions pour le bassin parisien. Teréga planche sur un projet d’enfouissement dans le bassin de Lacq. Le Bureau de recherches géologiques et minières publie « courant juin » une cartographie des sites possibles.
Reconversion. Le projet de loi simplification compte d’ailleurs faciliter la transformation de puits d’hydrocarbures en stockages de CO2, comme vous le signaliez votre infolettre il y a deux semainda.
Aurores boréales VOIT LA LUMIÈRE. La Commission européenne a approuvé mercredi la coentreprise entre TotalEnergies, Shell et Equinor. Les trois entreprises développent le projet Northern Lights et veulent, dès cette année, transporter et stocker 1,5 million de tonnes de CO2 par an dans les profondeurs de la mer du Nord, au large de la Norvège. La France a signé un partenariat avec ce pays en janvier.
A 11 heures 30, déplacement de Roland Lescure chez Technip, dans l’Yonne, pour lancer un appel aux entreprises intéressées par l’enfouissement de CO2.
En fin de journée, fin du débat public sur les façades maritimes
Assemblée et Sénat : Dernier jour de vacances parlementaires, lundi c’est la reprise !
LE VENT L’EMPORTERA. Le débat sur la mer organisé par la Commission nationale du débat public se termine aujourd’hui. Il doit permettre une planification maritime, en mettant à jour notamment la cartographie de l’éolien en mer, alors qu’une cinquanteaine de parcs doivent être déployés d’ici à 2050. Le site internet abrite 139 contributions. Votre infolettre en a chaluté quelques-unes.
Vent dans le dos. Plusieurs acteurs majeurs de l’éolien en mer comme EDF, Vattenfall ou Iberdrola demandent avant tout de la vi-si-bi-lité. Aussi bien spatial que temporelle (à horizon 2035, voire 2050).
L’éolien en mer posé « a prouvé sa compétitivité », fait valoir Vattenfall : les deux derniers appels d’offres ont été attribués avec un prix autour de 44 euros le mégawattheure. « Dans le cadre de l’accord entre l’Etat et EDF sur l’organisation du marché post-Arenh, EDF envisage un prix cible de l’électricité à 70 euros le mégawattheure », rappelle, pour comparaison, l’électricien suédois.
Anguille sous roche. Le CNPMEM, qui représente les professionnels de la pêche, veut repousser les parcs au-delà des 12 miles nautiques, déterminé qu’il n’est « clairement plus possible ni responsable d’admettre la planification de nouvelles zones » avant, là où se trouvez déjà de multiples activités maritimes.
Une analyse partagée par l’Association nationale des élus des littoraux qui plaide pour « mieux étudier » l’éolien flottant, installable plus loin des côtes. A rebours, EDF Renouvelables fait valoir que « la pêche est possible dans le parc (éolien) de Saint-Nazaire ».
Carpe et lapin. Pêcheurs et écolos, même combat ? France Nature Environnement demande d’exclure tout développement de l’éolien en mer des aires marines protégées. L’association Sea Sheperd se demande de son côté quel est « l’intérêt de sacrifier la vie marine au prétexte de lutter contre le changement climatique », ajoutant que l’éolien en mer inquiète les scientifiques.
ASSEMBLÉE BLEUE HORIZON. La députée Renaissance Sophie Panonacle a déposé, le 11 avril dernier, une proposition de loi pour que le Comité interministériel de la mer (Cimer) produise un rapport annuel qui pourrait faire l’objet d’un débat devant le parlement. La députée, qui s’est penchée sur l’application de la loi sur l’économie bleue, et anime un groupe de 46 députés de la majo sur les questions maritimes, assure que sa loi sera votée mais attendra son inscription à l’ordre. du jour.
L’idée est bien sûre d’évoquer la décarbonation du secteur maritime, le développement des éoliennes comme le fait déjà le Cimer mais surtout de « bleuir l’Assemblée », dixit Sophie Panonacle qui constate dans l’hémicycle comme dans l’hexagone un manque de culture sur ce sujet .
MACRON CHERCHE LES BILLETS VERTS. Le président de la République a quand même pris quelques-unes des 109 minutes de son discours sur l’Europe pour parler (un peu) d’énergie. Si Emmanuel Macron s’est gardé cette fois d’appeler à une « pause » dans la poursuite du Pacte vert européen, il a plaidé pour des « flexibilités d’application dans chaque pays et surtout la politique d’investissement qui va avec ».
Défaire le mur. Faisant certainement usage de son passé de financier, le chef de l’Etat s’est surtout attelé à trouver les deniers pour casser le « mur d’investissements » de la transition verte. Petit florilège des idées présidentielles du jour (qui, à l’en croire, sont souvent celles de l’Europe de demain) :
— Étendre la taxe carbone européenne.
— Des objectifs climatiques pour la Banque centrale européenne.
— Introduire une préférence européenne dans les industries stratégiques, dont les nouvelles énergies.
— Moins réglementer et investir plus.
— Créer un nouveau « pacte de prospérité » en alliant décarbonation et réindustrialisation.
— Construire une « Europe de l’atome » avec un rôle élargi pour l’Alliance du nucléaire.
— Afficher l’empreinte carbone des produits agricoles importés.
NON-JOYEUX ANNIV. Il y a 38 ans, un des réacteurs de la centrale ukrainienne de Tchernobyl explosait en pleine nuit. Le réseau Sortir du nucléaire organise plusieurs manifestations dans différentes régions, pour commémorer l’anniversaire d’un des pires accidents nucléaires de l’histoire de l’atome.
«Le nucléaire, c’est toujours dangereux et susceptible de susciter des accidents», rappelle Marion Rivet, porte-parole de l’ONG anti-nucléaire, jointe par mon collègue Nicolas Camut. Elle dénonce une « prolongation du parc nucléaire » français « au détriment de la sûreté », d’autant plus après la fusion entre l’Autorité de sûreté nucléaire et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire décidée récemment, à laquelle l’association était opposée.
Des nues aux huées. Pour les opposants à l’atome, les retombées de Tchernobyl ne se sont pas arrêtées aux frontières françaises, elles ont même conforté les détracteurs du nucléaire. dans les années 1980, au sein de la société civile comme de certaines formations politiques, comme les Verts. Quarante ans plus tard, malgré la relance de l’atome, ils bougent encore.
Plein de manifs. Une action « visuelle » se déroulera cet après-midi devant le siège régional d’EDF, à Lyon, afin d’alerter sur les risques associés à la construction de nouveaux EPR au Bugey voisin, et à la prolongation des réacteurs existants. D’autres rassemblements sont prévus dans plusieurs villes de France aujourd’hui, avant une manifestation plus importante à Bordeaux et un rassemblement devant la centrale de Cattenom en Lorraine demain.
— Un projet d’usine pour minéraux de batteries à 480 millions d’euros débarque en Gironde, un projet déjà très précis et pourtant inattendu, souligne La Tribune.
— Framatome signe des contrats à plusieurs milliards d’euros : « une excellente nouvelle pour le Grand Chalon ! lit-on sur le site de France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
—En Savoie, les dégâts routiers engendrés par le changement climatique coûtent de plus en plus cher, alerte Le Monde
Un grand merci à notre éditeur Alexandre Léchenet.