Clarissa Ward, fournisseur d’accès – Libération
Le portrait
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Le reporter anglo-américain de CNN est le seul journaliste occidental à avoir réussi à défier le blocus de l’information imposé par Israël dans la bande de Gaza.
C’était le mardi 12 décembre 2023, soit trois petites heures, un aller-retour entre le poste frontière de Rafah et un hôpital de campagne installé par les Émirats arabes unis quelques kilomètres derrière, dans la bande de Gaza enclavée. Depuis la voiture, plans animés d’un territoire dévasté par les frappes de l’armée israélienne. Puis les témoignages au chevet des enfants blessés, défigurés par les bombardements. « Une fenêtre sur l’enfer », commente Clarissa Ward, en voix off de ce reportage exténuant de sept minutes.
Dix mois plus tard et 3 500 kilomètres plus loin, un décor radicalement différent : les salons cossus d’un hôtel chic de Bayeux accueillent le reporter tout terrain de 44 ans, chignon bas et blazer prince de Galles, en ce vendredi matin d’octobre. Là « correspondant international en chef » de CNN reçoit comme président du jury du prix des correspondants de guerre de renom. Le conflit au Moyen-Orient est loin d’être arrêté, et elle reste toujours la seule journaliste occidentale à être entrée à Gaza sans escorte de Tsahal. Que la liberté de la presse y ressemble aujourd’hui à un acquis, « c’est choquant, inacceptable » » dit-elle en alternant le français et l’anglais, deux des six langues qu’elle parle couramment. « L’armée israélienne ne veut pas de journalistes occidentaux à Gaza. Ils prétendent que c’est pour notre sécurité, mais je pense qu’ils ont surtout peur de l’impact de ce que nous pourrions montrer.
Elle a insisté pour arriver à Baye