Non seulement Citroën n’a pas assuré de véhicules de remplacement pour les clients concernés par les rappels mais surtout, le problème est connu depuis « dix ans » par la marque sans qu’elle ne fasse rien, dénonce Me Christophe Lèguevaques.
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« Citroën a escroqué ses clients et Citroën a mis la vie d’autrui en danger », estime l’avocat Christophe Lèguevaques qui va lancer jeudi une action pénale collective contre le constructeur, après le rappel de 250 000 véhicules C3 et DS3 en France dont les airbags Takata sont défectueux. Il était l’invité de France Bleu Drôme Ardèche mardi 4 juin.
« Les consommateurs sont très mécontents du manque de préparation de Citroën », décrit l’avocat. Selon lui, la marque aux chevrons « a décidé de leur interdire de conduire et de ne pas organiser, comme il se doit, d’accompagnement à la réparation ou au remplacement des véhicules ». Cela les met « dans des situations catastrophiques sur le plan du travail, de la vie familiale, de la vie en général », poursuit Me Christophe Lèguevaques.
Mais pour l’avocat, le plus grave c’est que « cette affaire n’est que la partie visible de l’iceberg, puisque derrière tout ça, on apprend avec horreur que Citroën a ce problème avec les airbags Takata depuis dix ans et pourtant elle n’a rien fait ». Me Christophe Lèguevaques va donc intenter une action pénale pour « escroquerie ». « Citroën a fraudé, Citroën a fraudé ses clients et Citroën a mis en danger la vie d’autrui. »
« Citroën sait depuis 2013 que ces airbags Takata sont dangereux et pourtant elle n’en a pas informé les clients qui ont acheté ces véhicules. »
Me Christophe Lèguevaquessur franceinfo
« Si ce n’est pas une fraude, qu’est-ce que c’est ? Nous avons volontairement occulté un élément important, déterminant dans le choix du véhicule », plaide l’avocat.
Il dit qu’il est « submergé d’appels de toute la France ». « Parfois on nous prend pour le service après-vente Citroën, ce qui n’est pas le cas », précise l’avocat. Il pense que « Citroën est complètement à l’ouest. Ils ne répondent pas au téléphone et leur système informatique est saturé. (…) En nous mobilisant, en nous rassemblant, il y a de la force dans l’unité et nous pourrons nous faire entendre et peut-être gagner le respect de Citroën ».
Cette action collective vise à obtenir « une réparation pour leur trouble de jouissance puisque là, les clients partaient faire immobiliser le véhicule pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, explique l’avocat. Pour les professionnels, cela leur permettra certainement aussi d’obtenir des pertes d’exploitation. Quand on est infirmier et qu’on utilise son véhicule, c’est compliqué, surtout en campagne. Et puis il y aura aussi un préjudice moral, car cela fait maintenant dix ans que nous conduisons une voiture dangereuse.»
Maître Christophe Lèguevaques croit « dur comme le fer » à cette action collective. « Tout simplement parce qu’aux Etats-Unis, ça a marché. Il y a eu des précédents et je pense que la rentabilité intrinsèque du groupe Stellantis lui permet de faire face. L’année dernière, le groupe Stellantis a réalisé 187 milliards de chiffre d’affaires, 20 milliards de bénéfices et distribué 9 milliards. en dividendes »se souvient l’avocat.
Me Christophe Lèguevaques met toutefois en garde les automobilistes qui souhaiteraient quand même utiliser leur véhicule en désactivant les airbags. « Je mets en garde contre le danger que représente cette action, notamment vis-à-vis des compagnies d’assurance. Certains assureurs ont déclaré qu’ils n’assureraient pas les véhicules concernés et qui circulent. Alors, malheureusement, je suis obligé de dire: attentif, soyez prudent car sinon Citroën et/ou les assureurs pourraient vous reprocher votre comportement »conclut l’avocat.