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cinq questions sur le changement de sexe à l’état civil proposé par la gauche et moqué par Emmanuel Macron

Lors d’un déplacement mardi, le président de la République a jugé « laid » une proposition de la gauche concernant la déclaration d’un changement de genre à l’état civil des personnes transgenres.

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Le président de la République, Emmanuel Macron, lors d'une visite sur l'île de Sein (Finistère), le 18 juin 2024. (CHRISTOPHE ENA / AFP)

Une petite phrase qui fait mal. En déplacement sur l’île de Sein (Finistère), mardi 18 juin, Emmanuel Macron a fustigé plusieurs propositions de la gauche pour les élections législatives du 30 juin et du 7 juillet. Parmi eux, le président s’en est notamment pris à une proposition qu’il jugeait « ubuesque » du Nouveau Front Populaire, qui permettrait« va changer de sexe à la mairie ». Cette phrase a été immédiatement critiquée par une partie de la classe politique, y compris dans le camp macroniste, mais aussi par les associations LGBT+. Franceinfo revient sur les questions qui se posent après les propos du président.

1 Pourquoi les propos du président sont-ils critiqués ?

De nombreux représentants d’associations LGBT+, ainsi que des hommes politiques, reprochent au président de polémiquer sur les personnes transgenres pour gagner des voix. « Nous avons été stupéfaits par les propos du présidentexplique Anaïs Perrin-Prevelle, directrice de l’association OUTrans à franceinfo. Il a utilisé une sorte de peur des personnes trans pour attaquer ses adversaires, il joue sur les peurs.» Un point de vue partagé par d’autres associations. « Emmanuel Macron convoque le transphobie pour attaquer les programmes de ses opposants politiques », juge la présidente de SOS homophobie, Julia Torlet, sur X et sur franceinfo.

Les propos du chef de l’Etat interviennent à un moment où les droits des personnes trans sont régulièrement remis en cause par une partie de la classe politique. « Ceux-ci sont des propos clairement transphobes, qui font suite à l’offensive coordonnée par l’extrême droite sur ce sujet »réagit sur franceinfo la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, estimant que le chef de l’Etat « revient sur ses engagements ».

Certains pointent une méconnaissance du sujet de la part du chef de l’Etat. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur un « moquerie » du Chef de l’Etat, rappelant que la possibilité de changer le genre officiel « existe déjà dans la loi ». « Je ne sais pas si le président est cynique ou si c’est le vernis qui craque, mais c’est terrifiant« s’inquiète Mélanie Vogel.

2 Que dit la loi sur le changement de sexe à l’état civil ?

Depuis une loi adoptée en 2016, le changement de sexe à l’état civil doit passer par les tribunaux. Pour « modifier l’indication du sexe sur les documents de l’état civil »il faut donc « démontrer que le sexe indiqué sur votre état civil ne correspond pas à celui de votre vie sociale (identité de genre) », détaille le site service-public.frexpliquant les démarches à entreprendre et notamment une demande « proche tribunal ». Aucune transition ou traitement médical n’est requis, mais le demandeur doit « apportez la preuve, par tous les moyens », de sa transition. La procédure est dénoncée comme lourde et intrusive par les associations de défense des droits des personnes transgenres.

3 Quelles sont les propositions du Nouveau Front populaire à ce sujet ?

Dans son programme (PDF), le Nouveau Front Populaire propose« autoriser librement et gratuitement le changement d’état civil devant un officier de l’état civil ». La proposition correspond aux revendications d’autodétermination formulées par les associations LGBT+. « Nous souhaitons un changement d’état civil libre, libre et déclaratif en mairie »expliquer Anaïs Perrin-Prévelle. Une demande partagée par le Défenseur des droits dans une décision-cadre (PDF) datant de 2020.

Un projet de loi en ce sens a été déposé au Sénat en avril par Mélanie Vogel. Ce Le texte prévoit ainsi la possibilité de rectifier la mention du sexe de son état civil grâce à « une déclaration remise à un officier de l’état civil », sans qu’aucune pièce justificative, telle qu’un avis médical, ne soit nécessaire. Cette déclaration constituerait alors automatiquement une modification de l’acte de naissance.

« La procédure actuelle nécessite de passer devant un juge, les procédures sont longues et lourdes pour les personnes trans »justifie le sénateur, qui estime que « la justice est entravée pour rien », alors que « 99 % des demandes aboutissent ». « Pendant ce temps, les gens continuent d’être victimes de discrimination parce que leur sexe ne correspond pas à celui indiqué sur leurs documents d’identité »souligne Mélanie Vogel.

4 Quelle est la position du camp présidentiel sur ce sujet ?

En 2022, le président se déclare pourtant favorable au changement pour les personnes trans. « Les personnes qui s’engagent dans un processus de transition doivent être respectées dans leur choix et leur vie ne doit pas être compliquée par des démarches administratives si elles sont inutiles », a-t-il déclaré à Têtu avant le second tour de l’élection présidentielle. La mesure faisait déjà partie du « Plan d’action national pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ » présenté en 2020 par Elisabeth Moreno, alors ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Emmanuel Macron a-t-il changé d’avis ? « Il n’est pas du tout hostile mais ce n’est pas un de ses sujets de prédilection. »confie à franceinfo un exécutif de la majorité qui pointe du doigt un simple « maladresse » Du président. La sortie du chef de l’Etat a toutefois choqué certains de ces partisans. L’ancien ministre des Transports Clément Beaune interpellé sur le réseau social « rejeter toute stigmatisation dans le discours politique et faire progresser les droits ». L’association Progressiste LGBT+, rattachée au parti Renaissance, a dénoncé les propos du chef de l’Etat dans un message posté sur X.

5 Le changement déclaratif de sexe est-il appliqué dans d’autres pays ?

De nombreux pays autorisent le changement de sexe à l’état civil sur la base d’une simple déclaration. C’est le cas de l’Argentine, du Danemark, de l’Espagne, de la Belgique et du Portugal. L’Allemagne a rejoint la liste de ces pays en avril après l’adoption d’une loi. « Hormis l’Italie, tous les pays limitrophes de la France ont adopté cette disposition »indiquer Anaïs Perrin-Prévelle.

Le militant, qui dénonce « une offensive contre les droits des personnes trans »note cependant que d’autres pays « ont adopté des lois anti-trans ces dernières années ». La Russie a par exemple interdit les transitions de genre en 2023, rappelle Le monde. Le gouvernement du Royaume-Uni a pour sa part bloqué en 2023 une loi écossaise permettant aux personnes trans de changer de sexe à l’état civil sans justification. En France, le Sénat a adopté en mai un projet de loi de droite visant à restreindre l’accès aux soins des mineurs trans. Le Rassemblement national a soumis un projet de loi similaire à l’Assemblée nationale en avril.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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