L’organe judiciaire de l’ONU a de nouveau jugé que l’occupation croissante des territoires palestiniens par Israël depuis 1967 était contraire au droit international. Mais cet avis consultatif n’est pas juridiquement contraignant.
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La politique d’Israël entre en collision au droit international. Alors que l’État hébreu poursuit son offensive dans la bande de Gaza, ses « occupation prolongée » Les territoires palestiniens depuis 1967 sont à nouveau mis à l’épreuve « illégal » et doit s’arrêter « aussi vite que possible »selon les conclusions d’un avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) vendredi 19 juillet.
Que dit exactement la CIJ, principale instance judiciaire de l’ONU, sur cette question ? Comment justifie-t-elle sa décision ? Et quelles pourraient en être les conséquences ?
1 Que dit exactement la Cour internationale de justice ?
L’Assemblée générale de l’ONU avait demandé en décembre 2022 à la CIJ de se prononcer sur le statut de 337 territoires en Cisjordanie. Ces terres situées dans les territoires de l’Autorité palestinienne ont été appropriées sans consultation, et souvent avec violence, par environ 478 000 Israéliens, selon le décompte de l’ONG israélienne Peace Now.
Lors de la guerre israélo-arabe de juin 1967, Israël s’empare de la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), alors annexée par la Jordanie, ainsi que d’autres territoires, dont la bande de Gaza.
La Cour, qui siège à La Haye et juge les différends juridiques entre États, a conclu après une analyse détaillée* que « La présence continue de l’État d’Israël dans le territoire palestinien occupé est illégale »Elle exhorte Israël à « arrêter immédiatement » sa présence illicite et son « activité de colonisation », « d’évacuer tous les colons (Israéliens) dès que possible » et de « réparer les dommages causés » à toutes les personnes concernées.
2 Comment la Cour justifie-t-elle sa décision ?
La CIJ rappelle que le droit international autorise l’occupation d’un territoire dans certaines situations, mais seulement s’il s’agit d’un territoire« une situation temporaire répondant à une nécessité militaire »ça doit être « en tout temps, dans le respect des règles relatives à l’interdiction de la menace ou de l’emploi de la force (…) ainsi qu’au droit à l’autodétermination ».
« La Cour considère qu’Israël n’a aucun droit à la souveraineté sur une quelconque partie du territoire palestinien occupé et ne peut y exercer de pouvoirs souverains en raison de son occupation. »la CIJ juge donc. « Les préoccupations sécuritaires d’Israël ne peuvent pas non plus l’emporter sur le principe interdisant l’acquisition de territoire par la force. »ajoute la Cour.
De nombreuses mesures prises par Israël dans les territoires occupés constituent également une forme « discrimination systémique fondée notamment sur la race, la religion ou l’origine ethnique »en violation de plusieurs articles de pactes et conventions internationales contre la discrimination, rapporte l’organisme.
3 Cette décision est-elle nouvelle ?
Non, elle confirme plusieurs jugements déjà rendus depuis des décennies par différentes instances internationales. Depuis 1967, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une dizaine de résolutions pour condamner la construction de ces colonies. En 2016, par exemple, le Conseil de sécurité de l’ONU a dénoncé à l’unanimité (moins l’abstention des États-Unis) une « violation flagrante » du droit international et a exigé qu’Israël « mettre un terme immédiat et complet » à la colonisation.
La CIJ elle-même avait déjà rendu un avis consultatif* sur le même sujet en 2004. Celui-ci avait abouti à la même conclusion, « à savoir que les colonies israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, ainsi que le régime qui leur est associé, ont été établies et sont maintenues en violation du droit international »Cette politique est également contraire à la quatrième convention de Genève, qui définit le droit de l’occupation, a souligné François Dubuisson, professeur de droit international, à France Télévisions.
4 Quelles sont les conséquences possibles de cette décision ?
La déclaration de la CIJ n’est qu’un avis consultatif et n’est donc pas accompagnée de sanctions ou de mesures préventives. En revanche, la CIJ appelle les États et les organisations internationales à ne pas fermer les yeux et à considérer les colonies comme légales, malgré tous les éléments prouvant le contraire.
« Tous les États » Et « les organisations internationales (…) sont tenues de ne pas » soutenir l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens occupés. La Cour ordonne finalement à l’ONU d’examiner d’éventuelles mesures « pour finir le plus tôt possible » à cette présence israélienne.
5 Comment la communauté internationale a-t-elle réagi ?
La présidence de l’Autorité palestinienne a décrit l’avis comme« historique ».« C’est un grand jour pour la Palestine »a accueilli Varsen Aghabekian Chahine, ministre délégué aux Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne. La CIJ « a présenté une analyse très détaillée de ce qui se passe à travers l’occupation et la colonisation prolongées du territoire palestinien par Israël, en violation du droit international »elle a ajouté.
« Les Juifs ne sont pas des occupants sur leur propre terre »a réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans une réaction partagée par le bureau du Premier ministre. « Aucune décision mensongère de La Haye ne peut déformer la vérité historique » Et « La légalité des colonies israéliennes » né « ne peut être contesté »a soutenu le chef du gouvernement, qui a déjà contesté la légitimité des discussions à la CIJ.
L’Union européenne a salué la décision de la CIJ dans un communiqué. « qui correspond largement aux positions de l’UE, elles-mêmes pleinement alignées sur les résolutions de l’ONU ». « Dans un monde de violations constantes et croissantes du droit international, il est de notre devoir moral de réaffirmer notre respect pour toutes les décisions de la CIJ »ajoute le bloc.
* Les liens suivis d’un astérisque renvoient vers un document PDF.