Cinq choses à savoir sur la formation des pilotes ukrainiens sur une base du Sud-Ouest de la France
Formation accélérée et presque sur mesure. C’est ainsi que se déroule le stage d’apprentissage du combat aérien pour les quatre premiers pilotes ukrainiens arrivés en France début mars, sur une base du Sud-Ouest, a-t-on appris. 20 minutes d’une source proche du dossier.
Six autres pilotes ukrainiens, actuellement en Grande-Bretagne, rejoindront leurs camarades sur cette base aérienne dans les prochaines semaines, pour effectuer à leur tour leurs heures de vol sur Alphajet, avant de piloter les fameux F-16 américains qui doivent prochainement être livrés par les alliés européens à Ukraine. Voici ce que vous devez savoir sur cette formation.
Pourquoi dix pilotes ukrainiens sont-ils formés en France ?
Après que les pays européens se sont engagés à livrer au minimum 45 chasseurs F-16 à l’Ukraine, d’autres pays occidentaux ont voulu apporter leur contribution en prenant en charge la formation des pilotes ukrainiens. Douze sont allés se former directement aux Etats-Unis, et dix autres sont formés en Europe.
Pour ces derniers, le cursus a débuté en Grande-Bretagne. Les quatre premiers pilotes ont complété cette première phase, qui comprenait près de six mois de formation en langue anglaise et de pilotage de base. La France est responsable de la deuxième partie – dite phase intermédiaire – qui a débuté début mars pour une durée d’environ six mois. Il s’agit d’enseigner à ces pilotes les fondamentaux du combat aérien, à savoir le combat air-air et le combat air-sol (bombardement, appui aérien), sur Alphajet. Une fois ces fondamentaux acquis, ils partiront vers une autre destination, certainement la base de Fetesti en Roumanie, pour la dernière partie du cursus, la formation sur F-16, qui devrait durer encore quatre mois.
Pourquoi la formation est-elle réalisée sur Alphajet ?
Car la formation des pilotes de chasse français s’effectue désormais sur PC21. L’Alphajet étant en fin de vie – il est toujours utilisé par la Patrouille de France et pour des missions de formation –, la mobilisation de cet avion permet de former des pilotes ukrainiens sans impacter celle des Français.
Pourquoi seulement quatre pilotes ont-ils commencé à s’entraîner en France ?
Car le niveau de ces jeunes pilotes ukrainiens, âgés entre 21 et 23 ans, est variable. Quatre d’entre eux avaient déjà effectué une douzaine de vols sur le L-39, un avion d’entraînement tchèque. Les six autres, qualifiés de très bons, sont néanmoins plus novices, et leur formation pour acquérir l’aisance en vol, le sens de l’air, est plus longue.
Comment se déroule la formation sur cette base aérienne du Sud-Ouest ?
Les pilotes sont soutenus par des instructeurs actifs et de réserve de l’armée de l’air et de l’espace, ainsi que par un pilote de F-16 d’un pays étranger. La formation propose une cinquantaine d’heures sur simulateur et environ 80 heures de vol pour chaque stagiaire. Les entraîneurs couvrent un spectre très large, car les F-16 sont des avions de combat multirôles, capables d’assurer la défense aérienne et l’attaque au sol. Les étudiants sont évalués sur un certain nombre de critères : initiative, sécurité du vol, atteinte des objectifs – avec par exemple évolution à basse altitude dans un cadre tactique simple, complexe et très complexe (avec des systèmes sol-air et/ou air-air). des menaces).
Il s’agit d’une formation sur mesure, on parle même de travail d’orfèvrerie, presque deux fois plus rapide que la formation d’un pilote de chasse français. L’objectif est en effet de libérer ces pilotes le plus rapidement possible, pour les déployer sur le théâtre ukrainien d’ici un an, peut-être moins. Pour ce faire, les instructeurs peuvent s’affranchir d’un certain nombre de règles (comme apprendre à voler dans un espace aérien ségrégué, c’est-à-dire avec des avions de ligne). Les jeunes pilotes ukrainiens, décrits comme extrêmement motivés, travaillent dur tous les jours, week-ends et jours fériés.
Les F-16 peuvent-ils changer la donne dans la guerre en Ukraine ?
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame depuis le début du conflit un renforcement des avions de chasse. Jusqu’à présent, elle n’avait obtenu que des Mig-29 de conception soviétique en provenance de Pologne et de Slovaquie. Des accords en juillet 2023 avec les États-Unis ont débouché sur la promesse de livraisons par les alliés européens (Belgique, Norvège et surtout Pays-Bas et Danemark) de 45 F-16 à l’Ukraine. Mais cette livraison, qui devait démarrer fin 2023, se fait attendre, et ne devrait finalement débuter qu’en juillet 2024, lorsque les premiers pilotes ukrainiens formés aux Etats-Unis auront terminé leur cursus.
Même si quelques F-16 ne changeront pas la donne dans le conflit, assure un spécialiste du combat aérien, l’arrivée de ces avions de combat modernes pourrait semer le doute dans le camp russe. Tout avion pénétrant en Ukraine pourrait effectivement être intercepté par l’avion de combat de conception américaine, alors que cette capacité d’interception est aujourd’hui presque exclusivement réservée aux systèmes de défense sol-air.
Si l’aviation a joué un rôle mesuré depuis le début du conflit, la Russie a intensifié ces dernières semaines son soutien aérien pour gagner du terrain dans l’est du pays, notamment lors du siège d’Adviidka. C’est pourquoi les Ukrainiens insistent désormais pour que ces avions de combat soient disponibles le plus rapidement possible. Avec leurs pilotes formés.